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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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placerait à sa tête pour chasser le nouveau Concini. Les fables répandues par les amis de Paul de Gondi transformaient bel et bien le duc en personnage mythique, à mi-chemin entre David et saint Georges.
    Le 6 juin, comme Gaston se trouvait chez le chancelier Séguier, il apprit que sept trésoriers de France venaient d'être enfermés à la Bastille pour avoir incité d'autres trésoriers à se joindre aux cours souveraines et à l'arrêt d'union.
    — La révolte s'étend à tous les officiers royaux, lui expliqua Séguier, particulièrement sombre. À la Cour, les partisans de la manière forte proposent maintenant l'arrestation du président de Mesmes, histoire de faire un exemple.
    M. de Mesmes ! Le frère du comte d'Avaux, l'un des présidents les plus respectés du Parlement ! La nouvelle l'abasourdit.
    Le prince de Condé, lui, était toujours immobilisé en Flandre. Il venait certes de remporter une bataille, mais en perdant trois mille hommes. Aussi était-il hors de question qu'il revienne rapidement à Paris. Pourtant, malgré l'état de faiblesse de la Cour, le mercredi 10 juin, un arrêt du Conseil royal cassa l'arrêt d'union et interdit une nouvelle fois au Parlement de s'assembler.
    La chaleur augmentait dans Paris, où toutes sortes de rumeurs alarmantes circulaient. Un soir très tard, La Goutte vint prévenir Gaston qu'un commissaire avait arrêté un louche individu en train de noter sur des tablettes les noms de ceux qui entraient et sortaient de l'hôtel du président de Mesmes. Qui était cet homme ? Pour qui agissait-il ? Dès l'aube, le lendemain, Tilly se rendit chez le président Séguier, lequel l'envoya aussitôt au Châtelet en savoir plus. Mais déjà l'espion avait été libéré par des gardes de la reine, sur ordre de M. Dreux d'Aubray, lui-même ayant reçu des instructions de la Cour. Cet espion, nommé François Lenormand, appartenait aux services secrets de Mazarin. Les officiers du Parlement demandèrent qu'on le leur livre. La Cour refusa et le ton monta à nouveau au palais. Deux jours plus tard, le président de Mesmes quitta Paris pour éviter d'être arrêté.
    *
    Rentré dans sa seigneurie de Mercy, Louis s'était immédiatement préoccupé de la mise en garde de Gaston. Le soir même de son retour, Julie et lui avaient réuni dans la bibliothèque le fermier, Michel Hardoin et son épouse Margot, Bauer, et enfin Nicolas qui tiendrait les minutes de leurs décisions.
    Bien que Bauer et Julie soient déjà informés, Louis leur expliqua les risques de pillage, au cas où la soldatesque allemande serait cantonnée dans les villages environnants. D'ailleurs, même si la Cour ne faisait pas entrer de troupes étrangères en France, il restait possible que la reine appelle le prince de Condé, et que celui-ci ramène quelques régiments de Picardie. Le danger serait moins élevé certes, car le Prince ne prendrait pas le risque de laisser des gens de guerre ravager la campagne près de son domaine de Chantilly, mais il serait toujours là.
    En présentant ainsi la situation, Louis vit Gaspard Maurecourt blêmir. Pour cet homme qui avait eu ses possessions ravagées par des pillards, l'histoire recommençait.
    Louis le rassura :
    — Si je vous ai réunis ainsi, c'est pour que nous soyons prêts à faire face. Nous allons recevoir des mousquets, de la poudre et des balles. À partir d'aujourd'hui, Bauer sera gouverneur du château et colonel de la milice que je mets en place. Chacun lui obéira pour les opérations militaires. Je vous rappelle que les risques sont faibles, il est seulement nécessaire de ne pas se laisser surprendre, surtout à l'approche des moissons.
    Louis laissa ensuite la parole à Bauer, qui lui avait déjà présenté son projet.
    — Il y a quarante-deux hommes ou enfants capables de tenir une arme dans le château, à Mercy et à la ferme, fit-il de son accent guttural. Avec M. le marquis, nous les avons répartis en quatre dizaines. Une à Mercy, dont Michel Hardoin sera capitaine, une à la ferme commandée par Gaspard, et deux au château avec moi-même et M. Fronsac comme commandants.
    — Chaque compagnie sera formée de piquiers et de tireurs, poursuivit Louis. On forgera les piques ici et Michel préparera les manches de bois. Les tireurs seront ceux ayant l'habitude de chasser, ou ceux qui sont adroits et y voient bien. Nous devrions disposer d'une vingtaine de mousquets et de fusils. En cas d'alerte, nous sonnerons la

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