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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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son service ?
    — Je ne suis pas à son service, je suis au roi, Marie-Françoise. Je lui dois aide et assistance, car je suis son féal comme les Tilly l'ont toujours été depuis six cents ans. Aussi, je vous remercie en son nom. Je parlerai de vous à la reine.
    Elle eut une petite moue satisfaite, mais ne prononça aucune parole. On entendit à nouveau des cris et des vociférations dans la rue.
    — C'est moi qui vous remercie ; pour ce que vous m'avez laissé, rougit-elle enfin.
    — Quoi donc ? s'étonna-t-il.
    Elle sourit de façon ambiguë.
    — Disons… des souvenirs.
    *
    Retentirent brusquement une cavalcade et de grands fracas, puis une salve de mousqueterie. Ils se précipitèrent hors de la chambre, vers la fenêtre la plus proche donnant sur la rue.
    La foule avait grossi d'une infinité de personnes en train d'accourir de tous côtés. Il y avait non seulement la bande de truands – l'homme borgne était toujours là – mais aussi nombre de basochiens et de petites gens qui arrivaient de la Cité, de l'Université et du quartier Saint-Germain, tous attirés par le pillage. Deux ou trois compagnies de gardes-françaises et suisses – soit plus de quatre cents hommes – prenaient position en écartant à grand-peine cette populace. Gaston reconnut le maréchal de La Meilleraye à leur tête. Il vit aussi plusieurs carrosses escortés par des archers. De l'un d'eux descendit le lieutenant civil d'Aubray avec quelques officiers de justice. Bref, presque tout le quai était envahi de monde et la foule avait été repoussée au-delà de l'entrée de l'hôtel.
    Gaston songea qu'il était temps de vider les lieux, quand Garnier arriva, seul.
    — Madame Durier, nous devons partir, haleta-t-il. Il va y avoir des affrontements avec les troupes du roi.
    — Où est votre ami ? s'enquit insolemment Gaston, supportant mal que cet homme partage le lit de son ancienne maîtresse.
    — Il n'est pas mon ami, monsieur, fit l'amant de Mme Durier en ignorant la pique, et il a rejoint les siens. Je vous conseille de partir. Si la foule entre ici, la maison sera mise à sac. J'ai conseillé aux domestiques de venir avec nous pour ne pas subir de mauvais sort.
    Tilly hocha la tête mais ne bougea pas. Mme Durier lui lança un triste sourire avant de suivre le colonel.
    *
    Quand ils se furent éloignés, Gaston ouvrit la fenêtre. Le vacarme était inouï. Toutes sortes de menaces et d'injures fusaient.
    — Tuons-les ! Séguier est ici ! Vengeons-nous !
    — Il faut le démembrer en quartiers, cria une voix, aussitôt approuvée par des centaines de vociférations.
    Certains brandissaient des piques, des couteaux, des lardoires.
    La Meilleraye, entouré de quelques officiers et de Dreux d'Aubray, entra dans la cour, protégé par les gardes du corps, piques basses, qui avaient repoussé la foule. Sur les fourquines, les mousquets des Suisses étaient prêts à tirer. S'ils le faisaient, il y aurait carnage puisque le peuple de plus en plus échauffé ne se laisserait pas faire.
    Gaston revint rapidement dans la chambre et ouvrit le privé. À genoux, les deux frères priaient.
    — On vient nous chercher. Partons vite !
    — Merci, Seigneur ! fit l'évêque en se signant.
    Ils sortirent, tenant à peine debout tant ils avaient peur.
    — Qui était cette femme ? demanda Séguier.
    — Une amie, elle est aubergiste et se nomme Mme Durier. Nous lui devons la vie, mais nous en reparlerons. Dépêchons-nous !
    Ils descendirent l'escalier où ils rencontrèrent La Meilleraye et d'Aubray, ainsi que M. Drouet, capitaine des gardes de la reine, avec un lieutenant du prévôt de l'Hôtel que Gaston salua amicalement.
    — Vous ici, monsieur de Tilly ? s'exclama Aubray, ébahi.
    — Monsieur Séguier, vous n'avez rien ? demanda le maréchal.
    — Grâce à M. de Tilly. Que se passe-t-il dehors ?
    — Ne vous inquiétez pas, je tiens la canaille en respect, assura La Meilleraye de son habituel ton de matamore. Mais il faut s'enfuir au plus vite… poursuivit-il en laissant filtrer un brin d'inquiétude.
    En voyant sortir Séguier, la foule cria encore plus fort. Le peloton de la garde bourgeoise commandé par M. Garnier était parti. Les gardes du corps dressaient une quadruple haie pour protéger le chancelier qui gagna son carrosse où l'attendait sa fille Charlotte.
    Tous les témoins le rapportent, la retraite du maréchal de La Meilleraye fut précipitée. Le peuple gronda et tenta

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