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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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laissé de nombreux cadavres.
    L'abbé Basile fut introduit à cet instant. Des espions venaient de lui faire leurs rapports : à partir du Pont-Neuf, toute la ville s'était embrasée comme par un violent incendie. Plus de douze cents barricades construites avec les chaînes des rues et des barriques pleines de terre, de pierres ou de fumier, parsemaient la ville. Partout les bourgeois portaient les armes. C'était l'insurrection de la Ligue !
    Un colonel des Suisses entra à sa suite, précisant qu'un peloton de bourgeois avait chargé une compagnie de Suisses et tué une trentaine de soldats, prenant même leur drapeau.
    — La canaille est partout, madame, ajouta-t-il. Des gueux de la cour des Miracles s'attaquent aux maisons vides. Il faut faire entrer des régiments en renfort, sinon nous ne pourrons tenir le Palais-Royal, le Louvre et les Tuileries… Je suggère que vous quittiez Paris au plus vite…
    D'autres officiers vinrent apporter des informations tout aussi alarmantes. Tous proposaient la fuite.
    M. Ondedei apparut alors via une porte dérobée et passa un billet à Mazarin qui le lut avant de déclarer d'une voix blanche :
    — Le Parlement s'est assemblé ce matin mais la populace s'est introduite dans le Palais de justice. Sous la pression de ceux qui exigeaient la libération de Broussel – qu'ils appellent le père du peuple (le cardinal eut une grimace voulue ironique) –, les parlementaires ont décrété des poursuites contre ceux qu'ils nomment les perturbateurs du repos public (le cardinal eut une nouvelle grimace). Ils ont décidé de venir en corps et en habit jusqu'ici demander la libération des prisonniers. Ils sont en route, conduits par M. Molé, conclut-il.
    La reine serra les dents pour contenir sa rage avant de lâcher :
    — Mon fils saura bien les punir quelque prochain jour…
    — Mais en attendant, madame, il faut sauver son trône, dit suavement Mazarin. Donc biaiser, adoucir et accommoder, sans rien abandonner. Envoyez quelqu'un à M. le coadjuteur, qui dispose du crédit nécessaire pour faire cesser la sédition. Promettez-lui votre reconnaissance et tout ce qu'il souhaite… Le gouvernorat de Paris… le chapeau de cardinal, peu importe ! Ne soyez pas avare des faveurs qui ne coûtent rien et que nous n'aurons pas à tenir.
    Après un instant d'hésitation, Anne d'Autriche hocha du chef avant de se retirer dans sa chambre.
    137 Voir L'Homme aux rubans noirs , éditions J.-C. Lattès.

38
    U n intendant du Palais-Royal conduisit le chancelier et de Tilly à un appartement mis à leur disposition sous les toits. Séguier ne pouvait rentrer chez lui, la reine lui ayant demandé de négocier avec les parlementaires qui arrivaient. Leur logis provisoire était constitué d'une chambre pour le chancelier et d'un petit cabinet avec deux lits de sangles, dont un pour Gaston. On lui avait apporté une chemise, des bas et des chausses, ainsi qu'une rassurante lettre d'Armande.
    Malgré la chaleur étouffante, ils dînèrent rapidement – et de bon appétit – en compagnie de la duchesse de Sully, remise de sa blessure, et de l'évêque de Meaux. Ce ne fut qu'à la fin du repas que Séguier apprit, par un lieutenant de la garde, la mise à sac de l'hôtel de Luynes. Après le départ des troupes royales et de la milice bourgeoise, les insurgés mêlés aux gueux de la cour des Miracles avaient rompu les portes et envahi l'hôtel. Tous les meubles avaient été emportés, ainsi que la vaisselle d'argent, les tissus, rideaux et vêtements. Certains francs-mitoux avaient même tenté, sans succès, de mettre le feu à ce qu'ils n'avaient pu dérober.
    *
    En vérité, si l'Échafaud n'avait pas donné l'ordre de piller plus tôt l'hôtel de Luynes, c'est qu'il voulait que Séguier s'échappe. Pris, le chancelier aurait été trop encombrant. Tué, il aurait provoqué des représailles. Alors qu'après sa fuite, lui avait deviné que l'hôtel serait abandonné. Son plan s'était déroulé au mieux.
    Ployant sous le butin, une partie des gueux avait regagné les courtilles, en haut des rues Saint-Denis et Montorgueil, cet endroit qu'on appelait la cour des Miracles, tandis que le reste se dirigeait vers le Palais-Royal dans le but de le mettre à sac.
    Mais entre les barricades des bourgeois et les barrières des troupes suisses, les pendards ne purent passer. L' Échafaud ordonna d'attendre. Quand l'émeute éclaterait, quand les bourgeois se battraient avec les troupes

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