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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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le nommer gouverneur de Paris à la place du duc de Montbazon, en attendant un prochain chapeau de cardinal.
    Broussel revint effectivement le lendemain à Paris, ou plutôt y fut porté avec des acclamations incroyables. L'on dégagea alors définitivement les barricades, l'on ouvrit les boutiques, et en moins de deux heures Paris parut plus tranquille qu'on ne l'avait jamais vu.
    La reine envoya quérir M. de Gondi. Elle le traita avec toutes les marques possibles de bonté et lui avoua que, si elle l'avait cru, elle ne serait pas tombée dans l'inconvénient où elle était.
    — Mais, mon Dieu ! ajouta-t-elle tout sourire, ne ferez-vous point donner de coups de bâton à ceux qui vous ont tant manqué au respect ?
    Paul de Gondi reçut ces compliments avec moins de sincérité que de respect. Sur la demande de la reine, et en compagnie de M. Broussel, il rencontra aussi le cardinal. Mazarin l'embrassa avec une tendresse qu'on ne peut exprimer. Il lui déclara qu'il ne voulait plus rien faire que par ses avis et lui dévida tant de fadaises que, en sortant, Broussel éclata de rire et glissa ces paroles à l'oreille du coadjuteur :
    — Ce n'est là qu'un Pantalon 141 .
    Gondi, pas dupe, revint donc chez lui en songeant plus que jamais à sa sûreté. Comme il l'expliqua à ses amis, l'armée victorieuse à Lens allait venir prendre ses quartiers d'hiver aux environs de Paris et pourrait couper les vivres à la ville en un matin. Ceci d'autant que quatre mille Allemands avaient déjà passé la Somme.
    Comme ses amis le pressaient de se rapprocher de l'Espagne et du capitaine général de leur armée aux Pays-Bas, il leur expliqua qu'il préférait attendre le retour du prince de Condé, à qui il espérait faire comprendre la situation et le convaincre de les rejoindre.
    Le samedi 29 août, retentirent encore quelques coups de mousquets, mais le dimanche 30, la ville entière fut apaisée. Gaston put rentrer chez lui et raconter à son épouse tout ce qu'il avait vécu.
    *
    Au début de la semaine suivante, comme il reprenait son enquête sur l'enlèvement de Mme de Miramion, Armande se rendit en chaise à l'hostellerie du Loup et du Porcelet, rue Saint-Paul.
    Elle observa un instant la belle enseigne de bois, représentant un loup tenant dans ses dents dégoulinantes de sang un pauvre porcelet tout rose, puis ayant rassemblé son courage elle entra et demanda Mme Durier.
    Une servante la conduisit au premier étage, dans l'appartement de l'aubergiste. Laquelle la reçut sans attendre.
    Seules dans une chambre, les deux femmes restèrent un moment face à face, silencieuses, dans un mélange d'hostilité et de curiosité. Mme Durier se demandait ce que lui voulait celle qui avait pris l'amant qu'elle chérissait. Quant à Armande, elle considérait avec attention cette femme rousse, la quarantaine dépassée mais attirante avec son sourire ravissant quoique légèrement inquiet. Elle la jugea très belle avec son tablier blanc sur un corps de cotte lacé ne cachant rien de ses avantages.
    — Gaston m'a raconté comment vous l'avez sauvé, lâcha brusquement Armande. Je suis venu vous dire merci, madame.
    Mme Durier resta un instant interloquée, avant de répondre dans une révérence :
    — Je ne pouvais faire autrement, madame.
    Armande fit un pas, puis un autre et enfin lui tendit les bras. Les deux rivales s'enlacèrent, et se mirent à pleurer.
    Elles étaient ainsi serrées quand on entendit un vagissement de nouveau-né.
    — C'est mon fils, s'excusa Mme Durier.
    — Je vais vous laisser, dit Armande. Je voulais juste vous exprimer à quel point vous m'êtes chère désormais.
    Elles se saluèrent et Armande sortit, tandis qu'une nourrice entrait avec un enfançon dans les bras. Tout roux.
    — Moi aussi, il m'est cher, murmura Mme Durier.
    *
    Au début du mois de septembre, une gravure fut affichée dans les rues et distribuée sur le Pont-Neuf. Elle représentait un de ces écoliers qui frondaient dans les fossés de Paris avec, à ses pieds, la tête d'un géant.
    Le jeune homme, David, c'était le Parlement ; quant à Goliath, il avait les traits de Mazarin.
    Il y avait, au dessous, quelques vers de mirliton :

    Frondeurs, de qui le bruit s'étend par tout le monde
    Cet exemple sacré vous a donné des lois
    Vous pouvez justement faire claquer la fronde
    Pour la cause du ciel et pour celle des rois.
    138 La reine faisait allusion à l'arrestation du prince de Condé que Marie de

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