Le Secret de l'enclos du Temple
Médicis avait fait enfermer sans que le Parlement ait protesté.
139 Voici ce qu'écrivit Molé sur cet incident : « Une troupe de peuple armé (…) ayant tenté par épées et pistolets, tout autour de moi, [de] m'enlever, Dieu ne l'a pas permis, quelques-uns des Messieurs s'étant mis au-devant et quelques amis véritables. »
140 Voir L'Enfançon de Saint-Landry , dans L'Homme aux rubans noirs , éditions J.-C. Lattès.
141 Pantalon, personnage de la Comédie-Italienne.
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A vant de reprendre ses recherches sur celui ayant fait croire au comte de Bussy que Mme de Miramion souhaitait être enlevée, Gaston désirait conclure son enquête sur Ghislain de Maffécourt. Le commissaire du quartier du Temple lui avait fait savoir que l'ancien chevau-léger disposait d'un domestique dont il n'avait rien appris durant l'interrogatoire. Comme ce commissaire n'avait pas été particulièrement perspicace dans l'affaire de Mme Dufresne, Gaston préféra questionner lui-même le valet, pour autant qu'il habitât toujours le logement de son maître.
Il s'y rendit le lundi 31 août, en fin d'après-midi. Le serviteur raconta tout ce qu'il savait de la vie de son maître : un homme secret et violent, généralement absent dans la journée. Le domestique se souvenait que Maffécourt avait été gravement blessé en duel en mars – ce que Gaston savait – et qu'il avait été soigné par un moine chirurgien. Intrigué, Tilly avait demandé son nom. C'était évidemment le père Clément !
Rien que cette nouvelle aurait justifié son déplacement, jubila-t-il. Ainsi Clément connaissait Maffécourt ! En posant d'autres questions, Tilly apprit qu'un homme d'une trentaine d'années, intendant d'une maison de qualité, était venu plusieurs fois rencontrer Maffécourt. En demandant une description de ce visiteur, Gaston obtint un portrait assez ressemblant à celui de l'individu s'étant présenté à M. Leboccage comme un ami de Mme de Miramion. Ce pouvait-il que ce fût le même ? C'était trop invraisemblable, aussi écarta-t-il cette idée. Il aurait pourtant dû se souvenir de ce que lui avait déclaré un jour Paul de Gondi : Tout ce qui est incroyable n'est pas faux !
Il n'en demeurait pas moins que le père Clément apparaissait désormais dans les intrigues impliquant Dufresne et Campi, Maffécourt, et dans l'enlèvement de Mme de Miramion.
*
En rentrant chez lui, Gaston s'arrêta au couvent de la Merci interroger à nouveau le prieur et quelques-uns des moines du couvent. Lorsqu'il demanda à l'un d'eux si le père Clément connaissait un homme d'une trentaine d'années aux cheveux bruns, bouclés, à la fine moustache et au visage avenant, la réponse fut affirmative. Cet homme, assura le moine, s'appelait Basile Fouquet. Il en était certain, car il le connaissait.
L'abbé Basile Fouquet ! Que venait-il faire dans cette embrouille ?
Gaston le connaissait, bien sûr. D'abord par l'affaire de la lettre volée, que Louis lui avait racontée ; ensuite parce qu'il le voyait souvent au Palais-Royal 142 ; et surtout parce qu'il n'ignorait pas que ce triste sire servait d'espion à Mazarin. Le cardinal jouerait-il un rôle dans l'affaire de Bussy ?
Pour en savoir plus, il se résolut à interroger Mme de Miramion. Elle refusa d'abord de le recevoir, mais Gaston n'était pas du genre à se laisser éconduire. Il insista tellement que l'entrevue eut lieu, mais en présence du frère et de la belle-mère. Tilly vint avec son greffier afin d'officialiser la déposition de la victime.
Il posa des questions sur le déroulement de l'enlèvement, qui ne lui apprirent rien, puis sur le père Clément. La jeune veuve confirma qu'elle avait effectivement confié au moine – un saint homme – qu'elle se rendrait le 7 août au Mont-Valérien. Elle avait appris sa mort et sa belle-mère précisa que Bussy l'avait certainement tué.
Tilly demanda alors incidemment à Mme de Miramion si elle connaissait l'abbé Basile. Elle lui répondit par l'affirmative et lui apprit l'avoir rencontré pour la première fois en janvier. Elle ajouta que c'était lui qui lui avait conseillé de prendre le père Clément pour confesseur.
Tout cela désignait Basile comme l'instigateur de l'intrigue. Gaston en eut une preuve supplémentaire en interrogeant le seigneur d'Artagnan. Lequel révéla qu'il s'était déclaré auprès de Mme de Miramion, qu'il souhaitait épouser. Aussi, quand le père Clément l'avait
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