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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Ils se jetèrent alors dans la foule pour s'échapper, certains retirant même leur robe afin de disparaître facilement.
    À l'arrière du cortège, Gaston avait remarqué que quelques jeunes parlementaires encourageaient le peuple contre le premier président. Jouant des coudes, il parvint au premier rang au moment où un garçon boucher attrapait la longue barbe de Mathieu Molé. D'autres faquins, armés d'épées et de pistolets, tentèrent de se saisir du premier président pour l'entraîner et le garder en otage.
    Sortant son épée, Gaston écarta les factieux, puis donna un coup avec la poignée de sa rapière sur le crâne de l'insolent qui tenait la barbe de Molé, et leur lança :
    — Quelqu'un veut-il en goûter ? Qui manquera encore de respect à M. le premier président le paiera de sa vie !
    En même temps, avec de violents coups de bottes, il repoussait d'autres agresseurs. Voyant sa détermination, plusieurs conseillers vinrent à son aide ainsi que quelques chevau-légers. Cette intervention inattendue fit hésiter les plus décidés. Et Molé profita du bref retour au calme pour lancer d'une voix calme et ferme :
    — Mes amis, puisque vous me le demandez, je retourne au Palais-Royal transmettre votre volonté à la reine 139 .
    Avec un étonnant courage, au milieu des quolibets, des injures, des menaces et des crachats, le premier président rallia les gens de sa compagnie, puis revint lentement sur ses pas, Gaston à son côté l'épée hors du fourreau.
    *
    Devant les grilles du Palais-Royal, Molé murmura à son protecteur :
    — Merci, monsieur de Tilly. Je crois bien vous devoir la vie. C'est la troisième fois que je suis en dette avec vous 140 .
    Avec un certain désordre, les magistrats furent conduits dans la galerie des peintures, où on leur servit à boire, pendant que Molé, accompagné d'une délégation, se voyait à nouveau reçu par la régente.
    Il y avait maintenant foule dans le grand cabinet. Les familles habitant les hôtels environnants s'étaient réfugiées au palais, ayant en mémoire ce qui s'était passé en Angleterre. Toutes sortes de rumeurs circulaient. On disait que le peuple allait se saisir du roi et incendier le quartier. Les capitaines et les colonels avaient prévenu qu'ils ne disposaient pas d'assez de soldats pour défendre les lieux. Chacun s'apprêtait à fuir honteusement.
    M. Molé raconta ce qui s'était produit. Il parla avec force du péril dans lequel pataugeraient la cité et l'État et supplia qu'on libère Broussel. Il toucha le cœur de tous, à la réserve de la reine, toujours inflexible.
    Monsieur fit alors mine de se jeter à genoux devant Anne d'Autriche, quatre ou cinq princesses, qui tremblaient de peur l'imitant. Le cardinal, à qui un jeune conseiller des enquêtes déclarait qu'il serait assez à propos qu'il allât lui-même dans les rues voir l'état des choses, se joignit au gros de la Cour.
    Le cardinal proposa à nouveau qu'on libère les prisonniers si le Parlement donnait l'assurance de ne plus continuer ses assemblées. L'on tira enfin, à toute peine, ces paroles de la bouche de la reine :
    — Eh bien ! Messieurs du Parlement, voyez donc ce qu'il est à propos de faire…
    C'était enfin l'accord de libération de Broussel ! Molé rassembla aussitôt les parlementaires dans la grande galerie. On y installa des sièges et des bancs où l'on plaça les princes et les ducs de la même façon que dans la Grand-Chambre. Ils délibérèrent rapidement et donnèrent arrêt par lequel il fut ordonné que la reine serait remerciée de la liberté accordée aux prisonniers. Cette vague formulation fut la seule que la Cour acceptât. En échange, la compagnie promit de ne plus se réunir que pour traiter de l'édit du Tarif et du paiement des rentes ; ensuite elle se mettrait en vacances.
    Aussitôt l'arrêt rendu, le premier président sortit pour montrer au peuple les lettres de cachet. Il fut reçu avec des acclamations et des applaudissements assourdissants.
    *
    Mais cela n'aurait certainement pas suffi à faire revenir le calme. Le coadjuteur Paul de Gondi avait en fait, de son côté, reçu l'argentier d'Anne d'Autriche. Qui l'avait conjuré d'employer son crédit pour apaiser la sédition. Après avoir répondu froidement que la façon dont on l'avait traité l'avait rendu odieux au peuple, il s'était pourtant attelé au retour de la paix civile sitôt connue la décision de libérer Broussel… et la promesse de

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