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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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voir…
    Il commença par le procès de Mme Dufresne, mais dut s'interrompre en entrant dans l'auberge. En traversant la grande salle, à la recherche de places, le long des grandes tables où se serraient souvent une douzaine de personnes, une servante les aperçut et les reconnut. Elle les conduisit aussitôt vers la petite pièce du fond où Louis aimait s'installer, mais qui était généralement pleine à cette heure de grande affluence, car il n'y avait que de petites tables très recherchées.
    Par chance, l'une d'elles était vide. La meilleure qui plus est, car suffisamment proche d'une des deux cheminées pour qu'on y ressente une agréable chaleur sans être incommodé par la fumée. La paille sur le sol de la salle venait d'être changée et les odeurs de rôtissoire délicieuses.
    Louis salua leurs voisins, qu'il connaissait ; deux marchands drapiers, en discussion commerciale avec un Hollandais. Les deux autres tables accueillaient des gentilshommes qui les ignorèrent.
    Bauer déposa son espadon sur la table, faisant un grand fracas qui inquiéta leurs voisins, puis se rendit à la cheminée la plus proche afin d'examiner les crémaillères sur lesquelles paradaient toutes sortes de volatiles et de gibiers.
    — Je vous conseille le potage au lard et aux pois, fit la servante, fille de l'aubergiste. C'est mon père qui le prépare.
    — Va pour le potage, dit Louis. Je prendrais ensuite des andouilles et du boudin. Et toi Gaston ?
    — Le pâté au hachis, et l'un de ces beaux saucissons qui pendent au plafond.
    — Et bour moi quelques-uns de zes levrauts sur les broches, bais ajoutez de la sauce et du bain blanc de Gonesse, demanda Bauer avec son accent inimitable.
    — J'ai vu le bouquet de houx frais sur la porte, remarqua Gaston. Quel vin avez-vous mis en perce 35  ?
    — Une barrique de muscadet, monseigneur, arrivée ce matin par la Seine.
    — Nous en prendrons un grand pot.
    — Pierre, ordonna la servante à un jeune garçon situé à quelques pas, va tirer trois pintes de muscadet pour ces seigneurs !
    — Servez-nous aussi un seau d'eau pour nous rafraîchir, ajouta Louis. Il fait ici une chaleur d'enfer !
    La servante repartit chercher des serviettes et une nappe, car l'hôtellerie n'aurait jamais proposé des repas sans ce linge. Louis en profita pour demander des nouvelles d'Armande et de sa cousine Angélique. Gaston lui expliqua qu'ils étaient à l'étroit et qu'il songeait à rechercher un appartement plus grand. Le garçon apporta le vin et les gobelets et la servante revint mettre la nappe. Quand ils se furent éloignés, Tilly poursuivit le récit de la visite du lieutenant criminel, puis raconta le déroulement du procès et les accusations portées contre Madeleine Dufresne pour avoir cru que le Démon pouvait sauver son âme… et l'enrichir. Il avait presque terminé lorsqu'une autre servante leur servit le potage. Bauer avait déjà éclusé plusieurs gobelets de muscadet.
    — … J'ai pu éviter qu'Aubray ne fasse pendre cette sottarde, mais elle a tout de même été condamnée pour blasphème et impiété à être flagellée sous la custode 36 . Je me suis d'ailleurs rendu ce matin chez maître Guillaume pour qu'il n'ait pas la main trop lourde avec elle…
    Il trempa son pain dans son potage en poursuivant :
    — … En sortant de la salle d'audience, Aubray m'a abordé. Un chevalier hospitalier avait défié en duel quelques jeunes gens et leur avait coupé la gorge sur la butte aux moulins en leur proposant de renier Dieu s'ils voulaient être graciés. Après leur apostasie, il les avait pourtant tués et M. le lieutenant civil voulait que je retrouve ce furieux.
    — Mais pourquoi ferais-tu cette enquête ? Tu n'es plus concerné par les crimes de ce genre… intervint Louis.
    — Tu oublies que l'on me confie aussi les affaires concernant la prévôté de l'Hôtel, c'est-à-dire celles où les gens de la Cour sont impliqués. Or la dernière victime, M. Armand de Vignerod, est un cousin de la duchesse d'Aiguillon… Mazarin attend rapidement un résultat.
    — Je comprends.
    — Il se trouve qu'un fou du même genre a déjà sévi ainsi et que je le savais. C'était le chevalier d'Andrieux qui, à trente ans, avait occis durant des duels plus de soixante et dix adversaires. À ma demande, Tardieu m'a fait porter son dossier ce matin, et je l'ai relu avant de me rendre au Temple. Comme l'autre, cet homme faisait renier Dieu à ses victimes en

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