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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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attaché sur la porte d'un débitant de boisson signalait aux contrôleurs des aides la mise en perce d'un tonneau. Dans les bouchons, seul un fût pouvait être mis en perce et tant que le vin n'était pas entièrement tiré de la futaille, il fallait le boire. Dans les tavernes, on devait placer un bouquet à chaque tonneau.
    36 Le fouet sous la custode était administré dans la prison, et non publiquement. En général par un geôlier.
    37 Cette anecdote a été relatée par Tallemant des Réaux, mais nous avons occulté les détails de sa fin pour ne pas choquer nos lecteurs. Les curieux se plongeront dans les Historiettes de Tallemant.
    38 Voir Les Ferrets de la reine , éditions J.-C. Lattès.

9
    P endant qu'ils dînaient, Marie Gaultier n'en finissait pas de se confesser. Comme la semaine précédente, elle était entrée dans le confessionnal devant lequel était posée une image de saint Pierre. Une fois de plus, elle sanglotait en entendant les reproches du prêtre.
    — Saint homme, balbutia-t-elle, je suis pleine de ferveur et de dévotion, j'essayerai de me corriger.
    Dans l'obscurité du confessionnal et à travers la grille de séparation, la servante de Louis Fronsac ne pouvait distinguer les traits du religieux. Mais si elle avait pu les voir, elle aurait été épouvantée. Le visage du moine n'exprimait aucune compassion. Bien au contraire, ses yeux dégageaient quelque chose d'inquiétant, son sourire était à glacer le sang et son expression révélait toute la fourberie du monde.
    — C'est votre salut qui est en jeu ! insista-t-il d'une voix faussement implorante.
    — Quand l'intérieur de ma conscience vous sera connu, mon père, vous verrez que je suis digne de me prosterner aux pieds de la Vierge. Je vous promets de ne plus pécher.
    — Éloignez de vous ce Bauer ! Et priez chaque soir pour que Dieu vous pardonne ! fit-il en s'efforçant de dissimuler sa satisfaction.
    — Oui, mon père, promit-elle, vaincue par l'émotion, la honte et la douleur.
    *
    Le soir, Louis et Julie allèrent souper à l'étude Fronsac. Comme souvent avant le dîner, Louis retrouva son jeune frère Denis, son père et M. Bailleul – le premier clerc –, dans le cabinet du notaire. Celui-ci ne décolérait pas contre les impôts qu'il payait.
    — Tu le sais, Louis, j'ai toujours suivi Mgr Mazarin. Après tout, c'est lui qui t'a anobli, et il est parvenu à écarter ceux qui voulaient dépecer le royaume, y semer le désordre, et nous vendre à l'Espagne. Mais, au fil des ans, sa politique ne vise plus qu'à nous pressurer, exactement comme le faisait autrefois ce maudit Richelieu. J'ai le sentiment que de tous côtés, il nous rapine notre argent comme ces voleurs du Pont-Neuf qui fouillent au plus profond de vos poches en vous endormant par de belles paroles.
    Louis opina du chef. Il n'appartient qu'aux grands hommes d'avoir de grands défauts , lui avait dit une fois M. de La Rochefoucauld à propos de Mazarin. Et puisque son père s'exprimait ainsi, il songeait à une chanson entendue dans les rues :

    J'ai vu le temps de la bonne régence,
    Temps où régnait une heureuse abondance !

    Ce temps-là était passé, et seuls les traitants vivaient dans l' heureuse abondance !
    — Mazarin n'est pas l'unique coupable, père. Tu sais bien qu'à la mort de Louis le Juste, l'État avait déjà dépensé ses revenus pour les quatre années à venir. Mazarin fait ce qu'il peut, mais c'est la guerre qui nous coûte tant !
    — La guerre ? Elle a bon dos ! Sais-tu que ton Mazarin vient de faire venir des musiciens italiens pour une comédie qu'il offre à la reine et qui coûtera cinq cent mille écus, alors que les machines d'Orphée et Eurydice de M. Corneille n'ont coûté que quatorze mille livres ? J'ai appris ça hier soir, d'un échevin !
    « La campagne est ruinée, poursuivit le notaire en écartant les bras en signe d'évidence, les paysans vendent leurs habits et leurs meubles pour payer la taille et la gabelle qui augmentent chaque année. Ici, les esprits sont ulcérés. Si le peuple est engourdi par la misère, la faim le réveillera ! L'esprit le plus corrompu de ce siècle – j'ai nommé M. d'Émery – réclame une année de revenus à nos voisins dont la maison est sur le cens royal ! Une année de revenus, te rends-tu compte ?
    « Et cette fripouille se glorifie de n'être jamais engagé par sa parole, que la confiance n'est bonne que pour les marchands ! En ville,

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