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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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Tilly ! rugit le géant en le voyant entrer.
    Il se leva avec tant de précipitation qu'il renversa l'escabelle sur laquelle il était assis. S'étant précipité sur le procureur, il l'accola à l'étouffer tant il l'affectionnait.
    — Louis… est là ? demanda Gaston dans un rire.
    — En haut, monsieur, avec Mme la marquise et la femme de chambre. Comme vous le voyez, on m'a chargé de surveiller la cuisson des chapons. J'attends Marie qui doit me remplacer, mais elle est allée se confesser. Je me demande bien quels péchés elle peut avoir à se faire pardonner ! s'exclama-t-il en cherchant une approbation dans le regard de Tilly.
    Celui-ci retint un sourire. Bauer était l'amant de Marie, mais chacun dans la maison faisait semblant de l'ignorer. La pauvre fille avait donc certainement beaucoup à raconter pour cette liaison hors des liens sacrés du mariage.
    — Je me proposais de vous emmener dîner tous deux à la Grande Nonnain , fit-il.
    À cet instant, Louis entra. Pourpoint gris en camelot de Hollande, chemise blanche avec galans noirs aux poignets, bas et chausses sombres, le marquis de Vivonne portait aussi les bottes à revers qu'il avait achetées quatre ans plus tôt, chez un savetier de la rue Traversière.
    — Gaston ! J'ai entendu Bauer rugir ton nom depuis le deuxième étage et reconnu ta voix. Quelle joie ! Nous parlions justement de toi avec Julie, et j'avais décidé d'aller te voir cet après-midi.
    — Louis, je suis affamé, et de fort mauvaise humeur ! répliqua Gaston en l'accolant. Il faut que je dîne, mais j'ai surtout besoin de me nourrir de ton amitié pour me consoler de l'affront que je viens de subir. Je t'invite donc avec Bauer à la Grande Nonnain.
    Louis et Gaston s'étaient connus à l'âge de douze ans, dans la chambre du collège de Clermont qu'ils partageaient avec six autres pensionnaires. Dès leur première rencontre, ils s'étaient sentis proches l'un de l'autre, et depuis vingt-cinq ans, leur amitié ne s'était jamais démentie. C'est grâce au père de Louis que Gaston était devenu officier de police, puis commissaire. Et c'est le parrain de Louis, M. Boutier, qui avait proposé à Gaston de devenir procureur et lui avait permis de travailler à la chancellerie, auprès du chancelier Séguier. Les deux amis s'étaient mutuellement plusieurs fois sauvé la vie au cours de leurs aventures.
    — J'accepte avec plaisir ! répondit Louis sans hésiter. Je vais prévenir Julie qu'elle demande à Nicolas de remplacer Bauer, en attendant le retour de Marie.
    Il remonta au deuxième étage, suivi de Gaston qui voulait saluer Mme de Vivonne. Julie surveillait Françoise, sa femme de chambre, laquelle rangeait leurs vêtements dans des coffres. En même temps, elle donnait des instructions à Nicolas, leur cocher secrétaire, qui logeait dans les combles.
    Gaston expliqua à la marquise de Vivonne qu'il avait besoin de parler de ses ennuis avec son mari autour d'un dîner à la Grande Nonnain . Elle ne protesta pas, sachant que lorsqu'ils venaient à Paris, son mari ne restait guère avec elle. D'ailleurs elle-même avait beaucoup à faire durant ces journées trop courtes.
    — Nous dînerons donc sans toi dès que Marie arrivera, dit-elle à son époux. Dans l'après-midi, Nicolas me conduira chez Mme Cornuel. Elle m'a écrit qu'elle a beaucoup à me raconter, et je suis certaine qu'elle sera désolée de ne pas te voir, ajouta-t-elle avec un demi-sourire.
    Il s'agissait d'une plaisanterie entre eux. Anne Cornuel, surnommée Cléobulie chez Mme de Rambouillet, était une grande commère de la bourgeoisie parisienne et chacun craignait ses railleries. Femme d'un trésorier des Guerres, elle cachait peu ses sentiments et ses amours, et ne dissimulait à personne qu'elle aurait souhaité compter le marquis de Vivonne parmi ses nombreux soupirants, voire le mettre dans son lit pour avoir un enfant de lui !
    Louis, content d'éviter Mme Cornuel, embrassa Julie. Réjouis et chahuteurs comme s'ils étaient encore au collège, les deux amis descendirent en se bousculant. Nicolas les suivit pour remplacer Bauer à la surveillance de la cuisson.
    *
    Dans la rue, les trois hommes se dirigèrent vers la Grande Nonnain , l'auberge toute proche.
    — Parle-moi de cet affront, s'enquit Louis alors qu'ils marchaient sur le haut du pavé en essayant d'éviter les étals des échoppes.
    — C'est une longue histoire, tout a commencé quand M. Tardieu est venu me

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