Le Secret de l'enclos du Temple
Jérôme Le Féron, seigneur d'Orville, conseiller au Parlement, puis président de la chambre des enquêtes et enfin prévôt des marchands de Paris – équivalent de maire – à compter de février 1646.
62 Impôt indirect sur les marchandises et le vin.
63 5 %.
64 Les élus étaient des officiers chargés de l'assiette, de la perception et du contentieux de tous les impôts, directs ou indirects. À l'origine élus, ils avaient ensuite été nommés par la chancellerie, ou par la Surintendance, et agissaient dans une circonscription provinciale appelée l'élection. En revanche, dans les pays d'État qui possédaient des assemblées, la collecte de l'impôt était organisée par les États.
65 Son secrétaire.
66 Le cilice était généralement un sous-vêtement en soie de sanglier, que l'on portait à même la peau pour mortifier les chairs.
67 La congrégation de l'Oratoire représentait le parti dévot en France, proche du pape.
68 L'idée était de Charles Paulet, secrétaire de la chambre du roi.
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D e Provence 69 , Louis avait rapporté vingt mille livres, l'équivalent de deux années de revenu de son domaine en cas de bonnes récoltes. Mais, en 1647, il avait seulement résolu l'affaire de la confrérie de l'Index, qui ne lui avait rien apportée. Or, le domaine de Mercy avait supporté deux hivers rigoureux et, en décembre et janvier, la neige et le froid avaient tué beaucoup de bêtes dans la ferme. Toutes ses réserves étaient maintenant épuisées et il devait puiser dans un ultime bas de laine pour secourir les plus malheureux autour de lui.
C'est dire si Louis s'alarmait pour le printemps. Qu'il pleuve trop, que les semailles se déroulent mal, que la maladie frappe hommes ou animaux, et il serait contraint d'emprunter. C'est dans cet état d'inquiétude qu'il reçut, le dernier jour de février, un courrier de la marquise de Rambouillet porté par un valet du relais de poste de Luzarches.
À Paris, le 24 de février,
Mon neveu, et ma chère Julie,
Je prends la plume encore toute tremblante pour vous raconter l'effroyable événement qui vient de se dérouler dans le jardin même de notre hôtel.
Tout est arrivé par ma faute, je n'ai pas été assez vigilante. Depuis que ma fille Angélique-Clarisse est sortie du couvent, je n'ai guère prêté attention à ceux qui lui faisaient la cour, même si Julie m'avait mise en garde plusieurs fois.
M. Chavaroche était l'un d'eux. Un autre était notre ami Vincent. Vous savez tous deux qu'ils ne se sont jamais aimés. Pour un motif futile, pour un regard ou un mot de Clarisse, ils se sont provoqués et ont décidé de régler leur querelle à l'épée.
Un duel stupide de deux sots ignorant tout du maniement des armes !
Le combat a eu lieu de nuit, il y a trois jours, éclairé seulement par des flambeaux. Il a été bref tant ils étaient en furie. M. Voiture a eu la cuisse percée et, alors qu'il tombait, son valet s'est jeté sur notre pauvre Chavaroche et l'a poignardé !
Heureusement ses jours ne sont pas en danger, mais le scandale est énorme ici. Des vaudevillistes se sont moqués dès le lendemain. Clarisse a pris le parti de M. Voiture qui est soigné chez lui.
À la vérité, je souffre le martyre, car la bienséance m'empêche d'aller voir M. Voiture, mais j'ai songé que vous pourriez le faire et me donner de ses nouvelles. Je voulais aussi que vous sachiez tout cela avant que des médisants ne vous racontent des mensonges.
Je crois que Dieu a décidé de m'envoyer cette nouvelle épreuve, trouvant sans doute que j'ai eu une trop longue et trop douce vie.
Avec ma tendresse, votre très humble et affectionnée Catherine de Vivonne Savelli, marquise de Rambouillet.
*
Sous un temps gris et une pluie glaciale, Louis et Julie partirent pour Paris le lundi. Comme ils ne savaient pas combien de temps ils séjourneraient dans la capitale, Julie décida que Françoise, sa femme de chambre, les accompagnerait ; les deux enfants restant à Mercy avec la nourrice. Compte tenu de l'état du grand chemin, boueux et plein d'ornières, Nicolas proposa que le carrosse soit attelé de quatre chevaux, et comme la manœuvre d'un tel attelage était difficile dans les petites rues de Paris, Louis demanda à Esprit Ferrant de les accompagner. Il partagerait le siège du cocher avec Nicolas, et en ville, aiderait à la manœuvre en montant le cheval de tête. Il servirait aussi d'escorte à Julie, car le jour de leur arrivée,
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