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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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haïssaient autant que Louis d'Astarac, marquis de Fontrailles.
    La première fois où Louis Fronsac avait croisé sa route, c'était quand Fontrailles complotait avec le favori royal, M. de Cinq-Mars, pour déposer le roi et le remplacer par son frère. Louis avait découvert des lettres de la maîtresse du favori et, en les remettant au cardinal Mazarin, il avait fait échouer la conspiration 75 . Un an plus tard, allié à la duchesse de Chevreuse, Fontrailles avait préparé un autre complot visant à écarter Mazarin après la mort de Louis XIII afin d'installer à sa place le duc de Beaufort. Une fois encore, Fronsac l'avait déjoué alors même que le marquis avait lancé tous les truands de Paris à ses trousses 76 .
    Peu après, à la tête d'un réseau d'espionnage qui avait mis en émoi le service du Chiffre, Fontrailles avait encore tenté d'éliminer Louis Fronsac, chargé par Loménie de Brienne de démasquer ceux qui livraient à l'Espagne les dépêches secrètes concernant le congrès de Munster 77 . Enfin, enquêtant en Provence sur de fausses lettres de provision pour des charges de conseillers au Parlement, Louis avait découvert que le maléfique marquis était une fois de plus l'organisateur de cette cabale visant à compromettre le cardinal Mazarin auprès de la reine.
    — Tu crains quelque chose de sa part ? Qu'il veuille se venger de moi ?
    — Non, Fontrailles est dangereux, c'est certain, mais la passion ou la haine ne l'a jamais gouverné. Il ne perdra pas de temps avec toi, ou avec moi, sauf si nous nous mettons en travers de son chemin. Seulement la situation lui est favorable. Il a rejoint notre ami Paul de Gondi pour le conseiller. Tu sais combien le coadjuteur est aimé du peuple. Il pourrait devenir un chef redoutable de tous les malcontents.
    — Gondi ? Il n'a pas de troupes ! Et n'est que coadjuteur ! Serait-il assez fou pour s'embarquer dans une sédition ?
    Gaston se tut un instant avant de préciser sa pensée :
    — Tu te souviens de la dispute dans laquelle tu t'étais distingué, lorsque nous étions en sixième ? La divine Providence protège les princes naturels des méchants 78 .
    — Bien sûr !
    — Tu avais choisi d'illustrer cette maxime par le récit de la conjuration de Fiesque.
    Gaston se tourna vers Armande et Angélique afin de leur expliquer :
    — Il s'agit d'une conspiration qui s'est déroulée en 1547 dans la république de Gênes, alors dirigée par Andrea Doria. Giovanni Luigi Fiesco était un noble descendant des plus grandes familles de la Ligurie. Il avait proposé au peuple qui grondait contre la domination des Doria de le libérer. Pour ce faire, il avait fait entrer des armes dans Gênes, puis, avec une poignée de conjurés, avait pris possession du port et des portes de la ville. Il était près de réussir quand, en passant sur une planche qui enjambait un quai, il est tombé à l'eau et s'est noyé, ce qui a provoqué la ruine de la conspiration.
    « Paul de Gondi a toujours jugé que Fiesque avait eu raison d'agir ainsi et avait seulement manqué de chance. À dix-huit ans, il a même écrit un livre sur cette histoire 79 . J'ai dans l'idée qu'il voudrait agir à Paris comme Fiesque a agi à Gênes.
    — Si notre ami s'engageait dans cette mauvaise affaire, je ne pourrais que le plaindre… murmura Louis, incrédule.
    — Seul, il en serait incapable, mais en agitant le peuple avec ses amis, il pousse Mazarin à la faute. Je te l'ai dit, tout peut arriver si la Cour est maladroite. N'oublie pas l'habileté de Fontrailles. Tout ceci pour t'avouer que je préférerais te savoir chez toi à Mercy… Tes parents devraient aussi te rejoindre, ajouta-t-il après un instant.
    Louis ne répondit rien. Il n'était pas un soldat, mais avait eu l'occasion de se battre. Et Bauer se trouvait à son côté. Comme Gaston, il ne croyait pas que Fontrailles puisse s'en prendre à lui et il croyait toujours Paul de Gondi son ami, même après l'épisode de la lettre volée 80 . À ses yeux, il n'y avait donc aucune raison de ne pas séjourner à Paris.
    Seulement, il y avait Julie… et il pouvait aussi se tromper sur les motivations de Louis d'Astarac. Il se souvint de ce jour de 1643 où M. de La Rochefoucauld était venu le prévenir 81 que Fontrailles et Montrésor avaient réuni une cinquantaine de truands pour l'assassiner, sur ordre de Marie de Chevreuse. Ils avaient prévu de barrer la rue, de prendre d'assaut sa maison et, en cas

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