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Le Secret de l'enclos du Temple

Le Secret de l'enclos du Temple

Titel: Le Secret de l'enclos du Temple Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean (d) Aillon
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émoluments de procureur.
    Depuis deux ans, comme la plupart des officiers royaux, Gaston recevait en effet un trimestre en moins sur ses gages annuels et la chancellerie annonçait la suppression prochaine d'un semestre complet pour l'année en cours. L'État était dans une telle disette financière qu'il ne pouvait même plus payer ses fonctionnaires !
    — Bien sûr, poursuivit l'abbé en voyant que Gaston ne réagissait pas, monseigneur pourrait vous avancer cette somme à des conditions avantageuses. Il souhaite réellement avoir un homme de votre talent à son service.
    Et il ajouta d'un ton compassé :
    — Dans le passé, monseigneur n'a pas toujours été un bon maître, il me l'a avoué, et le regrette, mais vous pouvez être certain que, désormais, il assurera la fortune de ceux qu'il aime. J'ajoute qu'en tant que gentilhomme, vous pourrez vendre quelques charges de valets de chambre, de secrétaires et d'autres menus offices qui vous rapporteront aisément de cinquante à cent mille livres par an.
    Gaston sentit le vertige lui tourner la tête. La fortune frappait à sa porte. Il se retint pourtant d'accepter aussitôt.
    — Il me faudrait un peu de temps, argua-t-il finalement. J'ai d'autres affaires en cours pour lesquelles je craindrais d'être désobligeant en vous donnant ma réponse sur-le-champ.
    — Bien sûr ! s'exclama l'abbé. Mais n'attendez tout de même pas trop…
    Il salua Gaston, qui fit de même, avant de s'éloigner, sans doute pour faire un compte rendu à son maître.
    *
    Gaston revint lentement sur ses pas. Boutier était à une fenêtre. Campi agonisait toujours sur sa roue en hurlant comme une bête enragée, un prêtre près de lui. Sans doute le religieux lui parlait-il de ce qui l'attendait de l'autre côté. Le public, qui avait chanté le Salve Regina durant les coups de barre, commentait maintenant les souffrances à voix basse, mais avec satisfaction. Certains priaient ou faisaient semblant.
    — Je crois que nous en avons assez vu et entendu, monsieur Boutier. Je vais rentrer chez moi, mais auparavant j'aimerais m'entretenir avec vous au sujet de ce que vient de me proposer l'abbé, dit Gaston à mi-voix.
    Il commença à s'expliquer quand ils furent dans la cour.
    — Allez-vous accepter ? s'enquit Boutier, quand Tilly eut terminé.
    — C'est une proposition tentante. Il est honorable pour un homme de mon état d'entrer au service d'un prince de sang et les appointements paraissent substantiels.
    — Certainement ! assura plus sèchement Boutier. Vous êtes de vieille race et pourtant vous n'êtes que procureur du roi. Le prince vous propose enfin un état conforme à votre rang. Je conçois que vous ne veuillez le refuser, et je comprendrais que vous ne puissiez écouter la proposition que j'avais, de mon côté, à vous transmettre de la part de M. Séguier.
    — Vous aussi ? s'étonna Gaston.
    — Moi aussi ! J'ai reçu avant-hier ma lettre de commission pour l'office de conseiller au Parlement que je désirais. Son propriétaire était mort sans succession, mais sa veuve en voulait un prix extrêmement élevé. M. Séguier a fait pression sur elle, arguant qu'il refuserait un autre candidat que moi. C'était d'autant plus facile que la paulette est suspendue. Elle a donc cédé et j'ai obtenu l'office à un prix assez bas. Il me reste pourtant à le financer.
    « J'en ai donc parlé avec M. Séguier. Il est très satisfait de vous et souhaite vous garder à son service. Un de ses cousins serait intéressé par votre office. Cet homme a de l'argent et vous pourrez tirer de lui cent mille livres en le lui vendant. De mon côté, je peux vous céder le mien pour deux cent mille livres. C'est la somme qui me manque pour payer cette charge de conseiller.
    « M. Séguier vous propose de reprendre mes attributions au Grand Conseil et de vous obtenir rapidement un brevet de maître des requêtes, par commission évidemment. Seulement, poursuivit-il après un bref silence, en acceptant vous resteriez dans un milieu de robins, et M. Séguier n'est pas prince de sang… En outre, il vous faudra trouver cent mille livres, mais les gages, même payés à moitié, ainsi que les gains et les émoluments payés par les parties sur les affaires, vous rembourseront aisément. C'est une charge qui me rapporte vingt à trente mille livres par an, même si ce n'est pas la fortune que vous promet le prince.
    — La proposition me semble fort honorable et

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