Le secret d'Eleusis
était inutile de jouer les héros.
Angelos baissa sa vitre.
— Rendez-vous ! cria-t-il.
— Allez vous faire foutre ! hurla Mikhaïl. Je ne retournerai pas en prison. Jamais !
— Vous aurez droit à un avocat, à un procès.
— Un procès ? ricana Mikhaïl. Je suis Mikhaïl Nergadze, vous entendez ? Mikhaïl Nergadze ! Et vous, qui êtes-vous ?
Il appuya à fond sur l’accélérateur, traversa le parking et décrivit une longue courbe pour aller se jeter de plein fouet contre une remorque porte-conteneurs garée en périphérie. Le capot de la Citroën s’enfila sous la remorque, puis le pare-brise et le toit la heurtèrent dans un crissement de métal et de verre. La capote s’écrasa sur elle-même, avant de rebondir dans les airs pour atterrir un peu plus loin ; le châssis glissa sous la remorque dans une pluie d’étincelles de friction, passa au travers de la clôture et alla percuter un arbre.
Pendant quelques secondes, personne ne réagit. Les policiers étaient pétrifiés, mais des flammes commencèrent à lécher la base de la remorque, tandis que la Citroën crissait et grinçait. Ils se déployèrent sans descendre de voiture et approchèrent avec prudence. Aucun d’eux, bien qu’aguerri, ne voulait arriver le premier. Arrêtés par la clôture, ils continuèrent à pied. Des billets de banque volaient autour de la remorque, comme si une bombe avait fait exploser la mallette en acier. Plusieurs policiers en attrapèrent par poignées et se remplirent les poches, sans se préoccuper de leur valeur en tant que pièces à conviction.
Knox et Angelos les écartèrent de leur chemin. Le châssis de la Citroën, qui était passée au travers du grillage, était prisonnier d’un enchevêtrement de ronces. La mallette en acier était grande ouverte à l’arrière. Une quantité indécente d’argent était éparpillée tout autour. Les deux airbags s’étaient déclenchés, mais n’avaient été d’aucun secours à Nergadze. Retenu sur le siège par sa ceinture, il avait le bras gauche le long du corps. Sa montre en or était encore à son poignet. Mais son bras droit et, à partir de la poitrine, tout le haut de son corps avaient été arrachés avec le pare-brise et le toit de la voiture par l’immense guillotine.
Chapitre 38
I
Peu après le dîner, Gaëlle prétexta fatigue et migraine pour aller se coucher et demanda à Iain comment ils allaient dormir cette nuit. Iain insista pour qu’elle prenne le lit de Petitier en déclarant qu’il dormirait sur les tapis du séjour dans son sac de couchage. Elle accepta sans discuter : la galanterie avait du bon. Elle posa sur le matelas les couvertures les plus propres quelle put trouver et se faufila entre elles. Le clair de lune auréolait les rideaux et donnait au mur une teinte bleu pâle. Elle fixa le plafond en se demandant ce qu’elle ferait le lendemain. Devait-elle retourner à la cave pour essayer d’en savoir plus ou s’en aller au plus vite ?
Tout à coup, elle entendit des pas. Quelqu’un frappa doucement à la porte et l’ouvrit. C’était Iain, son sac de couchage sur l’épaule.
— Vous dormez ? demanda-t-il.
Gaëlle ne répondit pas.
— Gaëlle, appela-t-il d’une voix plus sonore en faisant un pas en avant. Vous dormez ?
— Pourquoi ? l’interrogea-t-elle. Qu’est-ce qui se passe ?
Il entra dans la chambre et referma la porte derrière lui.
— Changement de programme ! annonça-t-il.
Elle se redressa sur un coude.
— Qu’est-ce que vous faites ?
— Le sol est dur comme du roc. Je ne peux pas dormir, c’est impossible. J’ai marché toute la journée et j’ai horriblement mal aux jambes. Gaëlle, s’il vous plaît...
— Je ne sais pas.
— Ne soyez pas aussi prude. Vous savez que vous pouvez me faire confiance. Nous avons tout de même partagé un sac de couchage la nuit dernière !
Gaëlle se poussa, ne sachant quoi faire d’autre. Par chance, le lit était assez grand pour deux. Iain étendit son sac de couchage à côté d’elle et se glissa à l’intérieur, avec un sourire qu’elle discerna à peine dans l’obscurité. Puis il se tourna sur le côté et passa un bras autour d’elle.
— Ne faites pas ça, martela Gaëlle.
— Je vous fais marcher, dit-il en retirant son bras. Alors, comment ça va avec ce cher Danny ? Il vous a emmenée en Grèce pour un congrès sur les mystères d’Éleusis ? Ça, c’est romantique !
— Nous avions
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