Le secret d'Eleusis
un briquet, une boîte d’allumettes étanches, une lampe torche, un couteau suisse, de vieilles cartes de la Crète et un GPS portable. Elle passa en revue les autres poches, qui contenaient le même type de matériel de randonnée. À l’intérieur du sac, se trouvaient des vêtements. Elle tomba sur un treillis, dont elle palpa les multiples poches. Elle y dénicha le portefeuille de Iain et examina rapidement son contenu. En le remettant à sa place, elle sentit autre chose. C’était un ticket de métro d’Athènes. Elle l’observa dans la lumière, plissa les yeux et resta bouche bée. Il avait été validé l’après-midi même de la mort de Petitier.
— Qu’est-ce que vous fabriquez ? s’exclama Iain.
Gaëlle sentit son cœur se serrer. Elle se retourna et vit Iain, vêtu d’un simple boxer, dans l’embrasure de la porte de chambre.
— Vous êtes réveillé, constata-t-elle en remettant le ticket dans la poche et le treillis dans le sac.
— Oui, je suis réveillé. Qu’est-ce vous êtes en train de faire ?
Gaëlle ne savait pas quoi répondre. Elle resta accroupie, en quête d’inspiration.
— Je voulais juste..., commença-t-elle.
Iain s’approcha d’elle, les poings serrés le long du corps.
— Vous vouliez quoi ?
— Je cherchais votre trousse de secours.
— Ah ! pourquoi ?
— Pour ma cheville. Je voulais refaire mon bandage. Celui-ci s’est sali et desserré. Ça ne vous dérange pas, j’espère ?
— Bien sûr que non, déclara Iain.
Il semblait cependant méfiant, comme s’il n’avait pas vraiment cru à son histoire. Il s’accroupit, ouvrit le compartiment inférieur du sac à dos et sortit la trousse.
— Je ne voulais pas vous réveiller, assura Gaëlle. Vous avez eu une dure journée hier. J’avais l’intention de faire l’aller et retour avant votre réveil.
— L’aller et retour ?
— Il faut que je sache si Daniel et Augustin vont bien. Il le faut. Cette attente me rend folle. J’ai pensé que je pourrais monter suffisamment haut pour me connecter au réseau.
— Seule ? Avec votre cheville amochée ? Vous êtes dingue ou quoi ?
— Je ne prendrai pas de risques.
— On en prend dès l’instant où on met un pied sur le sentier.
— Eh bien, je les assumerai.
— Vraiment ? Et qui devra vous porter secours si vous avez un problème ?
Gaëlle pencha la tête en avant.
— Je suis désolée, murmura-t-elle, je n’ai pas réfléchi à tout ça. J’ai simplement besoin de savoir.
Iain soupira et lui posa la main sur l’épaule.
— Vous ne devriez même pas songer à vous appuyer sur votre cheville, pas avant un jour ou deux. Ecoutez, je vais remonter là-haut et appeler Knox. Je lui dirai où nous en sommes et je lui demanderai des nouvelles. Ensuite, on s’organisera pour que vous puissiez partir d’ici sans aggraver votre blessure. Qu’est-ce que vous en dites ?
— Génial ! s’exclama-t-elle en s’efforçant de sourire. Merci beaucoup.
— Tout le plaisir est pour moi, dit-il avec un regard contradictoire, qui alla se poser sur le Mauser, adossé au mur. Je vais prendre le fusil et en profiter pour essayer de nous ramener du gibier pour le repas.
II
Tous les vols pour Héraklion étaient complets, mais il restait de la place sur le premier vol pour La Canée, ville du nord-ouest de la Crète. Knox arriva un peu avant six heures trente. N’ayant aucun bagage à récupérer, il sortit aussitôt. Seule une agence de location de voitures était ouverte. Il s’adressa au guichetier, un type d’âge moyen, mal rasé, qui portait des lunettes de soleil et ne cessait de remonter les manches de son costume en lin froissé au-dessus de ses coudes. L’homme essaya de faire peur à Knox pour l’inciter à prendre une assurance complémentaire permettant d’éviter la franchise.
— Les routes sont mauvaises, ici, prévint-il. Et les gens conduisent comme des fous.
— Ne vous inquiétez pas pour moi, dit Knox en prenant la clé d’une Hyundai. J’habite en Égypte.
Il était encore tôt. Les routes étaient vides et bordées de superbes arbustes en fleurs. Des insectes heurtaient le pare-brise en laissant de petites taches. Knox arriva très rapidement à Vrises et prit la direction des montagnes Blanches. Des filets noirs, suspendus le long des versants abrupts, donnaient à la roche un air de veuve voilée. Le ciel aussi était voilé, comme si quelqu’un avait allumé un feu. Lorsqu’il
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