Le secret d'Eleusis
avant de mettre la clé sur le contact. C’est ça, être père !
— C’est vrai, reconnut Mikhaïl en s’approchant de lui. Vous avez raison.
II
À l’aéroport, c’était désormais le chaos. Les avions continuaient à décoller et à atterrir ; il était inconcevable d’interrompre le trafic un week-end de Pâques. La police et les unités antiterroristes, arrivées en force, contrôlaient les entrées et les sorties au rez-de-chaussée du terminal. Les parkings et toutes les zones publiques étaient passés au peigne fin avant d’être fermés, afin de réduire l’espace du fugitif. Un barrage routier avait également été mis en place à la sortie de l’aéroport pour contrôler tous les véhicules sortants, mais la file de voitures remontait jusqu’au terminal et risquait de créer encore davantage d’embouteillages. La police se contenta donc de demander une pièce d’identité et de jeter un rapide coup d’œil dans le coffre. La file diminua un peu.
Knox regarda l’ambulance qui emmenait enfin Nadia faire soigner sa main à Athènes. La sirène était éteinte ; seul le gyrophare fonctionnait. Nadia avait insisté pour faire sa déposition avant toute chose, afin d’innocenter Knox. Il lui avait dit qu’il était inutile de rester car, si Boris avait été muet comme une tombe, Davit avait craqué et tout raconté. De plus, les policiers avaient appris par radio qu’une maison et deux voitures de valeur avaient été incendiées au nord d’Athènes, ce qui avait corroboré sa version des faits. Ainsi, après avoir été pris pour un terroriste, il était devenu un simple objet de curiosité, confié à une gentille femme policière. Au moins, celle-ci prit-elle la peine d’aller chercher des clés pour ouvrir ses menottes. Lorsqu’elle le libéra enfin, il sentit le sang affluer dans ses doigts endoloris et enflés. C’était fini.
— C’est bon ? demanda-t-il. Je peux y aller ?
— Le patron veut vous faire examiner par le médecin de la maison, répondit-elle. C’est normal, si vous avez été torturé...
— Vous voulez dire qu’il veut s’assurer que mes blessures correspondent bien à ce que j’ai déclaré, l’interrompit Knox, qui n’était pas dupe. Alors, où est-il, ce médecin ?
— Il arrive. Cela ne vous ennuie pas d’attendre, j’espère.
— Je n’ai pas le choix de toute façon.
Knox patienta à l’entrée du parking. Au bout d’un moment, une voiture de police passa devant lui. Contre toute attente, ce n’était pas le médecin, mais Angelos et Theofanis.
— Qu’est-ce que vous faites là ? s’enquit Knox.
— C’est vous qui avez demandé notre appui, rappela Angelos.
— J’ai simplement dit que vous me connaissiez. Je ne vous ai pas demandé de venir jusqu’ici.
— Quoi qu’il en soit, nous avons des questions à vous poser. Montez.
— J’attends un médecin.
— Je vous demande juste de monter.
Knox ouvrit la portière arrière et s’exécuta.
— Nous essayons de rassembler toutes les pièces du puzzle, expliqua Theofanis en se retournant sur son siège : Petitier ; votre ami Augustin ; Antonius, l’homme que nous avons retrouvé pendu ; Mikhaïl Nergadze. Je ne sais pas ce qui s’est passé ici, mais...
Il n’eut pas le temps de terminer sa phrase. Des pneus crissèrent sur la bretelle de sortie de l’aéroport. Les hommes tournèrent la tête et virent une voiture slalomer à contresens, en klaxonnant pour que les autres s’écartent de son passage, comme si elle avait fait demi-tour à hauteur du barrage routier. Knox aperçut le conducteur pendant une fraction de seconde, mais il ne lui en fallut pas plus pour le reconnaître.
— C’est lui ! constata-t-il avec stupéfaction. C’est Nergadze !
Angelos n’hésita pas un instant. Il démarra, passa la première et fit demi-tour. Plusieurs voitures de police poursuivaient déjà le fugitif et il se lança dans la course à son tour. Il remonta jusqu’à l’autopont, passa devant la tour de contrôle et franchit les grilles ouvertes d’un vaste parking autour duquel des bureaux étaient en construction. Même dans l’obscurité, il devint rapidement évident que Mikhaïl ne pourrait ressortir du parking que par là où il y était entré.
— On le tient, murmura Theofanis.
Mikhaïl l’avait certainement compris, lui aussi, car il ralentit et s’arrêta. Les policiers ralentirent également. Ils tenaient leur homme ; il
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