Le secret d'Eleusis

l’excitation du combat passée, il sentit le feu des brûlures qu’il avait sur le dos.
    Soudain, un avion de chasse arborant un insigne grec passa si près du yacht que Knox sursauta. Il laissa une traînée de condensation tortueuse dans le ciel. Knox regarda en direction de la côte : deux hélicoptères avançaient vers la mer. Il éprouva une profonde colère en les voyant arriver, maintenant qu’il était trop tard.

Épilogue
    L’homme de l’ambassade de Grande-Bretagne portait un costume et une cravate noirs, comme s’il était venu à des funérailles. Et d’une certaine façon, c’était le cas. Il s’assit avec distinction à côté du lit d’hôpital de Knox. Ses efforts pour paraître à l’aise trahissaient l’angoisse que lui inspirait ce genre d’endroit.
    — Qui êtes-vous ? demanda Knox.
    — Votre histoire a fait beaucoup de bruit, vous savez, dit l’homme en lissant sa jambe de pantalon. Toutes les huiles sont venues vous voir.
    — Ah bon ?
    — Vous êtes la coqueluche du ministère des Affaires étrangères. La façon dont les Grecs vous ont traités, vos amis et vous, va nous donner un avantage certain. Pendant des années.
    — Ravi d’avoir été utile.
    L’homme sembla se rendre compte que la légèreté dont il faisait preuve était inappropriée et adopta une attitude plus sobre.
    — Ce n’est pas pour cette raison que je suis ici, bien évidemment, précisa-t-il.
    — Ah ?
    Knox tourna la tête en direction de la fenêtre. Il voyait le ciel sans nuages, parfois même des mouettes.
    — Savez-vous ce qui s’est passé ensuite ? Ce qui arrivé aux Nergadze ?
    — Non.
    Nico était passé, mais il avait surtout parlé des fouilles en cours dans la grotte de Crète et du déchiffrement des journaux de Petitier, dont une des pages commençait par : «J’ai trouvé le labyrinthe perdu. J’ai trouvé la Toison d’or. J’ai trouvé l’Atlantide. » Le livre de Iain, dont la publication avait été avancée pour profiter de l’actualité brûlante, allait assurer de beaux jours à sa veuve et à son fils, en dépit ou peut-être en raison de son exploitation de plus en plus évidente des découvertes de Petitier. Mais tout cela laissait Knox totalement indifférent.
    — Ilya va être libéré, annonça l’homme. Il est parvenu à un accord avec le président. Les hommes comme lui parviennent toujours à un accord... Il a plaidé coupable pour quelques délits mineurs et va faire un peu de prison. Ce n’est pas cher payé, tout bien considéré, mais il y a de quoi mettre un terme à ses aspirations politiques, et à celles de toute sa famille. Or, les hommes puissants n’aiment pas qu’on les humilie ni qu’on contrarie leurs projets. De ce fait, ils ont tendance à chercher des boucs émissaires.
    Cette dernière phrase attira l’attention de Knox.
    — Moi, par exemple, suggéra-t-il.
    — En effet. Ilya vous en veut d’avoir tué son petit-fils. C’est ce qu’il essaie de nous faire croire en tout cas, ce qui n’est pas tout à fait pareil. On ne peut pas dire qu’il ait versé beaucoup de larmes pour Mikhaïl, mais celui-ci faisait partie de la famille. Il ne peut donc pas laisser passer ça. Il tient à ce que tout le monde sache que les conséquences seront terribles.
    — Quoi ? Il a mis ma tête à prix ?
    — Cinq millions d’euros ! déclara l’homme avec une satisfaction évidente. Sauf votre respect, c’est totalement exagéré. De nos jours, on peut commanditer un meurtre pour quelques milliers d’euros. Les chasseurs de primes subissent les effets de la crise, comme tout le monde. Mais tout cela n’a rien à voir avec vous, bien sûr. Nergadze se sert de vous pour transmettre un message à ses adversaires : bien qu’il soit affaibli, on ne doit pas le prendre à la légère. Enfin, cela n’est sans doute pas une consolation pour vous. Ce n’est pas rien d’être la cible des chasseurs de primes.
    — Cela vous est déjà arrivé ?
    — Non, mais c’est arrivé à des personnes avec lesquelles j’ai travaillé. Je suis chargé d’assurer la protection des ressortissants britanniques. C’est pour cette raison qu’on m’a envoyé ici. Malheureusement, votre protection ne va pas être facile à assurer, y compris au Royaume-Uni.
    — Ce n’est pas un problème. Je vis en Égypte.
    — Plus maintenant. Nos amis égyptiens ne vous autoriseront pas à retourner sur leur territoire. De toute façon, avec