Le secret d'Eleusis
aussitôt. Mais passés les premiers mètres, la végétation devint de plus en plus dense et difficile à franchir. Les avant-bras devant la poitrine pour se protéger des épines, il ouvrit lui-même un passage au milieu des branchages. Gaëlle le suivait sans le lâcher. Les jambes fatiguées, il se mit à chanceler. Mais soudain, il entendit le bruit d’un moteur, qui s’approchait, puis s’éloignait, et aperçut un hélicoptère Wasp au-dessus de l’escarpement. Il reprit courage : Angelos avait tenu promesse. Il se retourna et vit Mikhaïl émerger de la grotte. Celui-ci portait encore sur les épaules la magnifique Toison d’or, qui étincela dans la lumière du soleil. Profitant du sillage que Knox et Gaëlle avaient tracé, il réduisit rapidement la distance qui les séparait de lui.
Les bras en l’air, Knox fit signe au pilote. Il craignait que celui-ci ne soit trop loin pour le voir, mais l’hélicoptère changea brusquement de cap pour aller dans sa direction. Traverser les ajoncs était aussi pénible que de courir dans la boue. Il ne tiendrait pas ce rythme très longtemps. Gaëlle, qui dut s’en rendre compte, passa devant lui pour ouvrir elle-même le passage. De temps à autre, elle se retournait pour s’assurer qu’il suivait.
L’hélicoptère amorça sa descente au bord du champ d’ajoncs dans une trépidation assourdissante. La porte s’ouvrit avant même qu’il n’ait atterri et deux hommes sautèrent à terre en se protégeant du souffle du rotor. Knox regarda Mikhaïl avec jubilation, s’attendant à le voir détaler comme un lapin. Or, non seulement Mikhaïl ne s’enfuyait pas, mais il faisait des signes aux hommes pour leur donner des instructions. À cet instant, Knox remarqua que ceux-ci ne portaient pas d’uniforme et reconnut l’hélicoptère qu’il avait vu sur Internet, sur le yacht d’Ilya Nergadze.
Il hurla à Gaëlle de s’arrêter, mais ses cris furent étouffés par le vacarme du rotor. Lorsqu’elle eut traversé les derniers mètres du champ d’ajoncs, elle courut vers les hommes en leur faisant signe de la main. L’un d’eux braqua son arme sur elle. Elle s’arrêta, stupéfaite, et se retourna vers Knox, encore prisonnier des ajoncs. La peur qu’il lut dans ses yeux lui fendit le cœur, mais il ne pouvait rien faire. Le deuxième homme dégaina son arme, visa Knox et tira deux balles. Knox se coucha et rampa sous les ajoncs pour aller se mettre à l’abri, loin du sentier que Gaëlle avait tracé. À bout de souffle, il repensa aux horreurs que Mikhaïl avait infligées à Nadia et se demanda avec angoisse ce qui allait arriver à la femme qu’il aimait.
II
L’expression de Rafiel confirma à Mikhaïl que la Toison d’or était son billet pour le palais présidentiel.
— Est-ce...risqua-t-il en tendant la main pour toucher.
— Bas les pattes ! l’interrompit Mikhaïl.
Le rotor ralentissait, mais il devait tout de même crier pour se faire entendre. Il se tourna vers le deuxième homme, qui tenait Gaëlle d’un bras en pointant son arme contre elle.
— Qui êtes-vous ? demanda-t-il.
— Nukri, à vos ordres ! répondit l’homme en faisant de son mieux pour claquer des talons.
— Vous êtes un professionnel ?
— Oui, monsieur.
— Bien.
Mikhaïl s’adressa de nouveau à Rafiel.
— Où est le bateau ? l’interrogea-t-il.
— Il était à environ vingt-cinq milles marins au sud-est quand on a décollé, indiqua Rafiel. Il doit être plus près maintenant, mais il faut qu’on y aille. On a vu la police sur les routes de montagne qu’on a survolées en arrivant.
— Occupons-nous d’abord de Knox.
— Mais s’ils font intervenir les forces aériennes...
— Ne remettez jamais mes ordres en question ! aboya Mikhaïl. Compris ?
— Oui, monsieur. Désolé, monsieur.
Mikhaïl hocha la tête avec fermeté, mais Rafiel avait raison. Ils n’avaient pas de temps à perdre. Il attrapa Gaëlle par les cheveux et posa la lame de son couteau contre sa gorge, avant de la traîner jusqu’aux ajoncs.
— Rendez-vous ! cria-t-il à Knox. Rendez-vous ou elle est morte ! Vous avez cinq secondes. Quatre ! Trois !
Il continua le compte à rebours en scrutant le champ d’ajoncs, mais ne vit pas le moindre mouvement. « Quel lâche ! » songea-t-il. Il serra le manche de son couteau pour trancher la gorge de Gaëlle, puis interrompit son geste. Il avait une meilleure idée.
III
Le rotor, qui avait
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