Le secret d'Eleusis
s’étrangla-t-il.
— C’est la vérité, monsieur, murmura Davit. Je les ai vus.
— Alors où sont-ils, nom de Dieu !
— Je ne sais pas, monsieur.
— Vous ne savez pas ?
— Non, monsieur.
— Ils se sont peut-être enfuis à pied, suggéra Édouard .
— C’est ça, ricana Mikhaïl, en emportant leur Volvo avec eux, je suppose.
Il secoua la tête avec mépris et s’adressa de nouveau à ses hommes.
— Qui étaient-ce ? demanda-t-il. D’où venaient-ils ?
Les hommes gardèrent le silence. Personne n’osait parler.
— C’étaient peut-être simplement de bons Samaritains, risqua Zaal au bout d’un moment.
— De bons Samaritains ! s’étouffa Mikhaïl. Alors pourquoi nous auraient-ils suivis ?
— Ils ne nous suivaient pas, dit Boris. Ils étaient derrière nous sur la route. C’est juste une coïncidence.
— Ils nous suivaient, martela Mikhaïl. Regardez sous les voitures.
Zaal trouva l’émetteur, l’arracha du châssis de la seconde Mercedes et le tendit comme un trophée à Mikhaïl. Celui-ci le soupesa un instant et se tourna vers Édouard .
— C’est votre voiture, n’est-ce pas ? lui fit-il remarquer.
— C’est une voiture de location, répondit Édouard. Je l’ai prise à l’aéroport.
— Vous les avez conduits jusqu’à moi. Vous les avez conduits jusqu’à ma maison !
— Non, bredouilla Édouard en reculant. J’ai...
Mikhaïl fit un pas vers lui.
— Comment avez-vous pu être aussi stupide ? vociféra-t-il. Vous avez compromis toute cette opération. Et vous m’avez compromis, moi !
— Non, répéta Édouard .
Son mollet heurta un des bacs à fleurs. Il le contourna et continua à reculer vers la route. Mikhaïl le suivait à chaque pas, envahissait son espace. Édouard esquissa un sourire soumis et posa la main sur son bras dans l’espoir d’établir un contact. Mikhaïl baissa les yeux avec un air incrédule.
— Vous m’avez touché ? l’interrogea-t-il.
— Je voulais juste...
Mikhaïl fit un pas de plus en avant, le visage menaçant. Par réflexe, Édouard recula sur la route. Un camion klaxonna en l’évitant de justesse. Mais il accrocha la roue arrière d’une moto qui le doublait. Après un long dérapage, le motard parvint à se redresser. Édouard sauta sur le trottoir, le cœur battant à tout rompre.
— Qu’est-ce qu’on fait maintenant ? demanda Boris.
— On retrouve cette Volvo, exigea Mikhaïl, qui ne s’intéressait déjà plus à Édouard.
— Comment ?
— Aucun d’entre vous n’a eu l’intelligence de noter le numéro d’immatriculation ?
Tous les hommes baissèrent la tête. Mikhaïl soupira et regarda l’émetteur.
— Cette saloperie doit bien appartenir à quelqu’un, dit-il. Trouvez-en le propriétaire. Et apportez-moi sa tête sur un plateau.
— Mais comment allons-nous...
— Sur un plateau ! cria Mikhaïl. Ou ce sera la vôtre.
Il consulta sa montre.
— Vous avez trois heures, ajouta-t-il. À votre place, je les utiliserais à bon escient.
II
Tandis qu’elle poursuivait son ascension derrière Iain, Gaëlle entendit un bruit qui lui évoqua celui d’une rivière en crue. Elle avança péniblement pendant encore quelques minutes, les jambes endolories et tremblantes de fatigue. En réalité, c’était le passage du vent à travers un col étroit, entre deux immenses sommets. Des nuages gris s’étaient accumulés à l’entrée du col, comme des fantômes aux portes du purgatoire, impatients d’entrer.
Il se mit à faire froid. Gaëlle sentait le vent lui fouetter le visage, s’engouffrer dans sa chemise, rabattre son pantalon autour de ses chevilles. Ses frissons se transformèrent en tremblements. Elle aurait donné n’importe quoi pour un pull et une veste chaude. La visibilité se détériorait également. Par endroits, les nuages étaient épais comme une nappe de brouillard. Iain et Gaëlle arrivèrent à une clôture en barbelés, dont les piquets en bois étaient ridiculement surmontés de crânes de chèvres, des fétiches vaudous destinés à éloigner les indésirables.
— Vous êtes sûr qu’on peut entrer ? demanda Gaëlle.
— Ne vous inquiétez pas, répondit Iain.
Il abaissa le fil barbelé supérieur de la clôture et fit pencher vers lui les deux pieux qui l’encadraient.
— Croyez-moi, dit-il en aidant Gaëlle à franchir l’obstacle, je connais bien ces montagnes. Ceux qui vivent ici apprécient la compagnie,
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