Le secret d'Eleusis

l’opportunité d’explorer ces montagnes va se présenter.
    Il mit les provisions qu’il avait achetées à l’épicerie dans son sac à dos et enfila des chaussures de marche.
    — Et moi ? s’enquit Gaëlle en lui montrant ses tennis peu résistantes. Je ne suis pas chaussée pour marcher.
    — On verra. Nous serons sans doute de retour dans quelques heures, avant la nuit.
    — Et sinon ?
    — J’ai une tente, des sacs de couchage, des provisions, tout qu’il nous faut, affirma Iain en tapotant sur son sac plein à craquer.
    Il sortit du coffre un sac de voyage vide.
    — Prenez tout de même quelques vêtements de rechange, au cas où, suggéra-t-il.
    Gaëlle regarda la montagne s’élever à pic jusqu’à une lointaine crête rocheuse. Elle était là pour Augustin, et ce n’était pas le moment de flancher. Elle mit quelques vêtements et sa trousse de toilette dans le sac de voyage, quelle passa autour de sa tête pour le porter en bandoulière.
    — Prête ? demanda Iain en hissant son sac à dos sur ses épaules.
    — Je ne peux pas faire mieux.
    II
    Comme il marchait vers la Mercedes, Knox sentit le fusil s’enfoncer au creux de ses reins comme un aiguillon à bétail. Il vit le géant ouvrir la portière arrière et lui faire signe de monter. Il regarda les voitures, les camions et les motos passer à toute vitesse en lui crachant leurs gaz toxiques au visage. Il envisagea de s’enfuir, de s’élancer au milieu du trafic ou d’appeler à l’aide. Mais le géant le prit par le bras et, le courage lui manquant, il baissa la tête pour monter en voiture.
    Tout à coup, il entendit le rugissement d’un vieux moteur, des coups de Klaxon assourdissants. Il se retourna et vit une vieille Volvo rouillée s’arrêter à côté de lui dans un crissement de freins. Le conducteur, penché sur le volant, se cacha le visage derrière son avant-bras. Côté passager, une femme agenouillée sur son siège se pencha pour ouvrir la portière arrière.
    — Montez ! cria-t-elle.
    Knox n’hésita pas une seconde. Il se libéra de l’étreinte du géant, poussa le canon du fusil et sauta la tête la première sur les sièges arrière.
    — Foncez ! ordonna la femme.
    Le conducteur appuya sur l’accélérateur. Knox sentit une main l’attraper par la jambe et le tirer en arrière. Il parvint à se dégager, mais ses pieds, ses chevilles et ses genoux traînaient par terre. L’accélération de la Volvo lui rabattit la portière sur les hanches, tandis qu’il se cramponnait désespérément aux sièges, les ongles plantés dans le tissu. La femme cria au conducteur de ralentir. Elle saisit Knox par le bras et l’aida à se hisser à l’intérieur.
    Deux volées de plombs ricochèrent sur la carrosserie de la Volvo et laissèrent des impacts sur le pare-brise arrière. Knox ferma la portière en regardant derrière lui. Son agresseur, debout au milieu des voitures qui le contournaient, rechargeait son fusil pendant que ses hommes couraient vers leurs Mercedes.
    — Il est armé ! gémit le conducteur. Nom de Dieu ! Il est armé !
    — Qu’est-ce qui se passe ? demanda Knox. Qui êtes-vous ?
    — Ils nous suivent ! se lamenta le conducteur, les yeux rivés sur son rétroviseur. Nom de Dieu ! C’est pas vrai !
    — Qui êtes-vous ? insista Knox.
    — J’allais vous poser la même question, répondit la femme avec un sang-froid impressionnant.
    — Pourquoi me suiviez-vous si vous ne savez pas qui je suis ? s’étonna Knox.
    — Ce n’est pas vous qu’on suivait, expliqua la femme en montrant l’écran GPS de la Volvo. C’est eux !
    — Bon Dieu ! s’exclama le conducteur. Ils se rapprochent !
    Knox se retourna. La première Mercedes était encore à deux cents mètres, mais gagnait rapidement du terrain. La vieille Volvo n’allait pas pouvoir la semer sur une route comme celle-ci. Le conducteur, qui avait dû s’en rendre compte, tourna brusquement à droite et fit crisser les pneus en donnant aussitôt un coup de volant à gauche pour enfiler une petite ruelle, derrière un concessionnaire automobile.
    — Alors ? demanda la femme en attachant sa ceinture. Qui êtes-vous ?
    — Daniel Knox, répondit l’archéologue, toujours tourné du côté du pare-brise arrière. Et vous ?
    — Nadia. Et lui, c’est Sokratis. Pourquoi les Nergadze vous poursuivent-ils ?
    La première Mercedes surgit dans la ruelle. Puis la seconde. Knox jura à voix