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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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m’a pas arrêté. Leurs
montagnes et leur armée ne le pourront pas non plus.
    Kachium sourit : il connaissait la façon de penser de
son frère.
    — J’ai vu que tu as envoyé tous les éclaireurs sur les
hauteurs. C’est curieux si nous devons tout risquer dans une attaque pour
forcer la passe.
    Le khan sourit à son tour.
    — Les Jin croient leurs montagnes trop hautes pour être
escaladées. Une autre de leurs murailles traverse la chaîne montagneuse et ne
laisse comme protection que les pics, trop élevés pour des hommes.
    Après un grognement méprisant, il poursuivit :
    — Pour les soldats jin, peut-être, mais nous sommes nés
dans la neige. Je me souviens que notre père me faisait sortir nu de notre
yourte quand j’avais huit ans. Nous pouvons supporter leur hiver et franchir
cette muraille intérieure.
    Kachium aussi avait braillé devant la yourte de leur père
pour être autorisé à rentrer. C’était une vieille coutume dont beaucoup de
Mongols croyaient qu’elle fortifiait les enfants. Il se demanda si Gengis avait
fait de même avec ses fils et, au moment même où la question se formait dans
son esprit, il sut que la réponse était positive. Son frère ne tolérait aucune
faiblesse et ne craignait pas de briser ses garçons en essayant de les rendre
plus vigoureux.
    Gengis termina son repas en léchant la graisse qui se
figeait sur ses doigts.
    — Les éclaireurs trouveront des sentiers contournant la
passe, affirma-t-il. Quand les Jin trembleront de froid dans leurs tentes, nous
les attaquerons de tous côtés. Alors seulement, je franchirai la passe de la
Gueule du Blaireau à cheval en poussant les leurs devant moi.
    — Les prisonniers ?
    — Nous ne pouvons pas les nourrir, répondit le khan. Ils
peuvent encore être utiles s’ils arrêtent les flèches et les carreaux de nos
ennemis. Ce sera plus rapide pour eux que mourir de faim.
    Sur cette conclusion, il se leva, regarda les nuages lourds
qui transformeraient la plaine en un désert de neige et de glace. L’hiver était
toujours une saison mortelle, à laquelle seuls les plus résistants survivaient.
Il soupira en détectant un mouvement du coin de l’œil : les quémandeurs l’avaient
vu se mettre debout et se hâtaient vers lui avant qu’il ait le temps de changer
d’avis.
    — Envoie-les à Temüge, dit-il en s’éloignant.

 
20
    Les deux éclaireurs souffraient de la faim. Même le mélange
de fromage et d’eau emporté dans leurs sacs avait gelé lorsqu’ils s’étaient
hissés au-dessus de la passe de la Gueule du Blaireau. Au nord et au sud, la
seconde muraille jin courait à travers la montagne. Elle était moins massive
que celle que les guerriers avaient franchie pour pénétrer sur les terres de l’empire,
mais les Jin ne l’avaient pas laissée s’écrouler au fil des siècles. Elle se
frayait un chemin dans les vallées lointaines, serpent gris sur l’étendue
blanche. Les Jin n’avaient pas cherché à la prolonger jusqu’aux pics, certains
qu’ils étaient que nul ne pouvait survivre sur ces pentes, si froides à cette
altitude que le sang devait geler. Ils se trompaient. Les éclaireurs grimpèrent
au-dessus du niveau de la muraille pour chercher dans un monde de glace un
passage par-dessus les montagnes.
    La neige qui tombait en tourbillonnant aveuglait les deux
hommes. Par moments, le vent perçait un trou dans cette blancheur, révélant la
passe et les pattes d’araignée de la muraille intérieure. De cette hauteur, ils
distinguaient la tache sombre de l’armée jin sur le côté le plus éloigné. Les
leurs étaient hors de vue dans la plaine, mais eux aussi étaient là, attendant
le retour des éclaireurs.
    — Il n’y a pas de passage ici ! cria Taran
par-dessus le vent. Beriakh et les autres ont peut-être eu plus de chance. Nous
ferions mieux de rentrer.
    Taran sentait le froid dans ses os, des cristaux de glace
dans chacune de ses articulations. Se croyant proche de la mort, il avait du
mal à cacher sa peur. Son compagnon, Vesak, se contenta de grogner sans le
regarder. Ils faisaient tous deux partie d’un des nombreux groupes de dix
hommes qui avaient gravi la montagne pour trouver un moyen de prendre l’armée
jin à revers. La nuit les avait séparés des autres et Taran comptait encore sur
le flair de Vesak pour trouver un chemin, mais le froid le paralysait.
    Vesak était un vieil homme de bien plus de trente ans alors
que Taran n’avait pas encore vu sa

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