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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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pas
courir ce risque mais ne pouvait pas non plus laisser derrière lui autant de
Jin. Les prisonniers marchaient donc devant et bon nombre d’entre eux mouraient
chaque jour. Quand les nuits devinrent plus froides, ils se blottirent les uns
contre les autres en murmurant, étrange rumeur dans l’obscurité.
    L’été avait été l’un des plus chauds que cette terre eût connus,
de mémoire de guerrier, et les anciens prédisaient un hiver glacial. Gengis se
demanda s’il devait continuer à marcher sur la capitale ou suspendre sa
campagne jusqu’au printemps.
    Les montagnes s’étendant devant Yenking étaient déjà en vue
et ses éclaireurs pourchassaient ceux de l’empereur chaque fois qu’ils
apparaissaient au loin. Bien que montés sur des chevaux rapides, les Jin
étaient parfois capturés et chacun d’eux fournissait des détails
supplémentaires pour le tableau que Gengis brossait dans sa tête.
     
     
    Un matin où le sol avait gelé, le khan, assis sur une pile
de selles en bois, contemplait un soleil pâle suspendu au-dessus des montagnes
escarpées, nimbées de brume, qui le séparaient de Yenking. Plus hautes que les
pics se dressant entre le désert de Gobi et le Xixia, elles rendaient même
moins impressionnant le souvenir des sommets de son enfance. Les éclaireurs
capturés parlaient de la passe dite de la Gueule du Blaireau et Gengis devina
que c’était là qu’on voulait l’attirer. L’empereur y avait rassemblé ses
troupes en pariant sur une unique armée massive supérieure en nombre à celle du
khan. C’était là que tout pouvait prendre fin, que tous ses rêves pouvaient
disparaître en fumée.
    Cette pensée le fit rire. Quel que soit le sort que l’avenir
lui réservait, il l’affronterait la tête haute et le sabre à la main. Il se
battrait jusqu’au bout et s’il tombait face à ses ennemis, il aurait eu une vie
bien remplie. Il éprouva un pincement au cœur en songeant que ses fils ne lui
survivraient pas longtemps mais chassa aussitôt ce moment de faiblesse. Ils se
bâtiraient une vie comme il avait forgé la sienne. S’ils étaient balayés par le
vent des événements, ce serait leur destin. Il ne pouvait pas les protéger de
tout.
    Dans la yourte, derrière lui, il entendit un des enfants de
Chakahai brailler. Était-ce le fils ou la fille ? Son visage s’éclaira à
la pensée de la petite qui, marchant à peine, trottinait vers lui pour presser
tendrement sa joue contre sa jambe lorsqu’il rentrait. Börte avait eu une violente
réaction de jalousie en la voyant faire et il soupira à ce souvenir. Conquérir
les cités ennemies était moins compliqué que faire cohabiter les femmes de sa
vie et les enfants qu’elles lui avaient donnés.
    Du coin de l’œil, il vit son frère Kachium se diriger vers
lui par l’un des sentiers du camp sous le soleil matinal.
    — Tu t’es échappé de chez toi ? lui lança Kachium
de loin.
    Gengis acquiesça et lui fit signe d’approcher ; son
frère le rejoignit, lui tendit un de ses deux petits pains sans levain fourrés
de mouton et luisants de graisse chaude. Gengis l’accepta volontiers. Il
sentait dans l’air une odeur de neige et attendait impatiemment les mois froids.
    — Où est Khasar, ce matin ? demanda-t-il en
détachant un morceau de pain pour le porter à sa bouche.
    — Dehors avec Ho Sa et les Jeunes Loups, il leur
apprend à charger des groupes de prisonniers. Tu l’as vu ? Il distribue
des piques aux prisonniers ! Nous avons perdu hier trois de ces jeunes.
    Khasar n’utilisait que de petits groupes de captifs pour l’entraînement.
Gengis était étonné qu’ils soient aussi peu nombreux à accepter d’y prendre
part, même avec une pique ou un sabre. Il valait mieux mourir au combat que
sombrer dans l’apathie. De toute façon, il fallait bien que les jeunes
apprennent à se battre, comme ils l’auraient fait autrefois contre une autre
tribu mongole. Khasar savait ce qu’il faisait, Gengis en était convaincu.
    Kachium l’observait en silence, un sourire ironique aux
lèvres.
    — Tu ne demandes jamais de nouvelles de Temüge.
    Gengis grimaça. Le plus jeune de ses frères le mettait mal à
l’aise et Khasar semblait s’être brouillé avec lui. À vrai dire, il ne
parvenait pas à s’intéresser à la dernière passion de Temüge, qui passait son
temps à lire des manuscrits pris aux Jin, même la nuit à la lueur d’une lampe.
    — Qu’est-ce que tu fais assis là ?

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