Le seigneur des Steppes
fatigueraient d’assiéger
Yenking et qu’ils iraient s’en prendre à d’autres villes moins bien défendues. Zhu
Zhong se frotta les yeux, content qu’il n’y ait que des esclaves pour être
témoins de ce moment de faiblesse. À vrai dire, il n’avait jamais travaillé
aussi dur que depuis qu’il était régent. Il dormait à peine, et quand il
trouvait le sommeil, il rêvait de plans de campagne et de stratagèmes. La
veille, il n’avait pas fermé l’œil de la nuit et était resté auprès des équipes
chargées des arcs géants.
Il sourit en se rappelant la destruction des machines de
guerre mongoles. Si seulement il avait pu voir la tête de leur khan à ce
moment-là ! Il fut tenté de convoquer les ministres pour une dernière
réunion avant d’aller se baigner et dormir. Non, pas tant qu’ils le
regarderaient avec dans les yeux le souvenir de la défaite. Il les laisserait
profiter totalement de cette journée où il avait entamé l’image d’invincibilité
du chef mongol.
Quittant la fenêtre, il emprunta des couloirs sombres jusqu’à
l’endroit où l’empereur Wei se baignait chaque soir. Avec un soupir de plaisir
anticipé, il poussa une porte et pénétra dans une pièce dont le centre était
occupé par un bassin. Des esclaves avaient chauffé l’eau pour son bain et il se
déshabilla en regardant les deux filles qui attendaient de lui frotter la peau
avec des huiles. Mentalement, il complimenta l’ancien empereur pour son goût. Les
femmes de la maison impériale ne seraient d’aucune utilité pour le fils de Wei
pendant au moins quelques années encore.
Nu, Zhu Zhong descendit dans le bassin en savourant l’impression
d’espace donnée par le plafond haut, qui répercutait le clapotis de l’eau, et
commença à se détendre tandis que les filles le savonnaient avec des brosses
douces. Il se sentit revivre. Au bout d’un moment, il fit asseoir l’une des
esclaves au bord du bassin et la renversa en arrière, le dos sur les dalles
froides. Ses mamelons durcirent à ce contact. Seules ses jambes demeuraient
dans l’eau chaude et il la prit en silence. Elle avait été formée à ces
fonctions et haleta en promenant les mains sur le dos de l’homme qui régnait
sur la ville. L’autre esclave observa un moment leur accouplement puis se remit
à savonner Zhu Zhong et pressa ses seins contre lui jusqu’à ce qu’il grogne de
plaisir. Les yeux clos, il chercha la main de la fille, la guida jusqu’à l’endroit
où les deux corps se rejoignaient pour qu’elle le sente pénétrer sa compagne. Elle
s’accrochait à lui avec une habileté de professionnelle et il sourit, l’esprit
enfin détendu, tandis que son corps se raidissait et tressautait. Il y avait
des compensations au fardeau de la régence.
Trois jours après la destruction des catapultes, deux hommes
se laissèrent glisser de nuit le long des murailles de Yenking et sautèrent
sans bruit quand ils ne furent plus qu’à quelques pieds du sol. Aussitôt, les
cordes auxquelles ils avaient été suspendus furent remontées par les gardes du
régent.
Dans l’obscurité, l’un des deux hommes observa brièvement l’autre
et contint sa nervosité. La compagnie de cet Assassin ne lui plaisait pas et il
se sentirait soulagé quand leurs chemins se sépareraient. Sa mission consistait
à se mêler aux captifs jin que le khan mongol avait intégrés à son armée et qui
travaillaient durement pour les barbares. Ces traîtres méritaient tous la mort,
mais il leur sourirait et travaillerait aussi dur qu’eux en recueillant des
informations. À sa façon, il participait autant que les soldats des murailles
au combat contre l’ennemi. Le régent avait besoin de tout savoir sur les
barbares et l’espion ne sous-estimait pas son rôle personnel.
Il ne connaissait pas l’identité du tueur, peut-être aussi
bien protégée que la sienne. Pendant qu’ils attendaient ensemble le moment
propice pour sortir de Yenking, l’homme aux vêtements sombres n’avait pas
prononcé un mot. L’espion n’avait pas pu s’empêcher de le regarder se préparer,
vérifiant les instruments de sa profession. Zhu Zhong avait probablement payé
une fortune en or pour les services d’un homme qui allait à la mort.
C’était étrange d’être accroupi près de quelqu’un qui savait
qu’il mourrait cette nuit et ne montrait cependant aucun signe de frayeur. L’espion
frissonna. Il n’aurait pas voulu être à la place
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