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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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silence, les deux frères rugirent de
rire. Gengis s’était arraché à l’humeur noire qui l’avait saisi depuis la
destruction des catapultes. Kachium sentait presque ce regain d’énergie et d’espoir
chez son frère, qui songeait à l’avenir.
    — J’ai dit que je les enverrais, mais il est encore tôt.
Nous ne savons pas si d’autres villes ne tenteront pas de libérer Yenking et
nous aurons peut-être besoin de toutes nos forces ici.
    Avec un haussement d’épaules, il conclut :
    — Si Yenking n’est pas tombée au printemps, je
laisserai les généraux partir en chasse.
     
     
    D’humeur pensive, Zhu Zhong se tenait devant la haute
fenêtre de la salle d’audience du palais d’été. Il avait à peine adressé la
parole à l’enfant empereur depuis le jour où il l’avait couronné. Xuan se
trouvait quelque part dans le labyrinthe de couloirs et de pièces qui avait
servi de résidence à son père et Zhu Zhong pensait rarement à lui.
    Les soldats avaient acclamé leur général quand les
trébuchets ennemis avaient volé en éclats, ce matin-là. Ils s’étaient tournés
vers lui, quêtant une approbation qu’il avait exprimée par un bref hochement de
tête à leur officier en redescendant les marches pour regagner la ville. Une
fois seul, il avait serré le poing et l’avait brandi comme pour un triomphe. Ce
n’était pas assez pour effacer la déroute de la Gueule du Blaireau, mais c’était
une sorte de victoire et les habitants apeurés avaient besoin de quelque chose
pour les tirer de leur désespoir. Avec une moue de mépris, il songea aux
rapports sur les suicides commis dans la ville. Quatre jeunes filles bien nées
avaient été retrouvées mortes dans leurs chambres après que la nouvelle de la
défaite de l’armée était parvenue à Yenking. Elles se connaissaient toutes et
avaient apparemment préféré une fin digne au viol qui leur semblait inévitable.
Onze autres avaient fait le même choix les semaines suivantes, et Zhu Zhong
craignait que cet engouement pour la mort ne se répande. Les mains jointes
derrière le dos, il contemplait les demeures des nobles, de l’autre côté du lac.
Leurs filles recevraient de meilleures nouvelles et peut-être que, doutant
moins de ses capacités, elles hésiteraient à faire usage de leur dague à manche
d’ivoire. Yenking pouvait encore résister aux envahisseurs.
    Le régent s’aperçut qu’il était las et affamé. Il n’avait
rien mangé depuis le matin et avait passé la journée en réunions. Toute
personne détenant une quelconque autorité dans la ville semblait avoir besoin
de son approbation et de ses conseils.
    Comme s’il savait mieux que les autres ce à quoi ils
devaient s’attendre dans les mois à venir. Le problème des vivres lui fit
plisser le front et il jeta un coup d’œil à la pile de rouleaux posés sur une
console. Les habitants de Yenking creusaient avec leurs dents le fossé de la
défaite. À lui seul leur appétit aurait rendu ses défenses dérisoires, mais Zhu
Zhong lui-même avait vidé les entrepôts de la ville pour nourrir l’armée. Il
enrageait de savoir que les Mongols se gavaient des provisions pour un an qu’il
avait entassées à la passe, mais il ne servait à rien de ruminer les mauvaises
décisions. Après tout, l’empereur et lui avaient cru pouvoir arrêter les
Mongols avant même qu’ils soient en vue de la cité impériale.
    Le général plissa les lèvres : les marchands de Yenking
n’étaient pas des sots, le rationnement avait commencé dans la ville. Même le
marché noir s’était effondré quand ils s’étaient rendu compte que leur
encerclement ne serait pas facilement brisé. Seuls quelques-uns d’entre eux
vendaient encore de la nourriture pour faire d’énormes profits. Les autres
gardaient leurs réserves pour leurs familles. Comme tous les notables, ils
laisseraient passer l’orage et feraient de nouveau fortune ensuite.
    Zhu Zhong prit mentalement note de se faire amener les plus
riches, il savait quelle sorte de pression exercer sur eux pour leur faire
révéler leurs entrepôts secrets. Sans ces réserves, les habitants mangeraient
des chats et des chiens pendant un mois et ensuite… Il fit craquer les os de
son cou. Ensuite, il serait pris au piège avec un million d’affamés. Ce serait
l’enfer sur terre.
    Son seul espoir, c’était que les Mongols n’attendent pas
éternellement au pied des murailles. Il se dit qu’ils se

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