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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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du tueur et ne comprenait pas
sa façon de penser. Quel fanatisme pouvait inspirer un tel sacrifice ? Si
dangereuses qu’aient pu être ses missions par le passé, il avait toujours gardé
l’espoir de revenir auprès de ses maîtres, de regagner son foyer.
    Dans sa tenue sombre, le tueur n’était guère plus qu’une
ombre. Son compagnon savait qu’il ne répondrait pas même s’il se risquait à lui
murmurer une question. L’homme était déterminé, il ne se laisserait pas distraire
de son objectif. En silence, ils prirent place dans une barque pour traverser
les douves. Une fois de l’autre côté, ils la coulèrent pour qu’il ne reste
aucune trace de leur passage quand le jour se lèverait.
    Accroupis dans le noir, ils entendirent tinter des harnais. Les
éclaireurs mongols étaient efficaces mais ils ne pouvaient pas sonder du regard
toutes les plages d’obscurité et ce qu’ils guettaient, c’était une sortie en
nombre, pas deux hommes cherchant à pénétrer furtivement dans le camp. L’espion
savait où les recrues jin avaient planté leurs yourtes, se conformant sans
vergogne aux usages de leurs nouveaux maîtres. Il y avait une possibilité pour
qu’il soit découvert et tué lui aussi, mais ce risque était compensé par son
habileté et il ne laissait pas cette pensée le préoccuper. Il observa de
nouveau l’Assassin et, cette fois, l’homme se tourna vers lui. Gêné, l’espion
détourna les yeux. Toute sa vie, il avait entendu parler de cette secte, de ces
hommes qui s’entraînaient toute la journée à donner la mort. Ils n’avaient pas
de l’honneur la même conception qu’un soldat. L’espion avait suffisamment joué
le rôle de soldat pour le savoir et il éprouva du dégoût à l’idée d’une
créature qui ne vivait que pour tuer. Il avait vu les fioles de poison que l’Assassin
avait glissées dans ses poches et le garrot qu’il avait habilement enroulé
autour de son poignet.
    On disait que les victimes des Assassins étaient leur
sacrifice à des dieux obscurs. Leur propre mort, preuve ultime de leur foi, leur
garantissait une place élevée sur la roue de la vie. L’espion frissonna de
nouveau, mécontent que son travail l’eût mis en contact avec cet être
destructeur.
    Le tintement de harnais s’éloigna et l’espion sursauta en
sentant une pression sur son bras. L’Assassin lui mit dans la main un pot
gluant qui sentait la graisse de mouton rance.
    — Frottes-en ta peau, murmura le tueur. Pour les chiens.
    L’espion comprit, leva les yeux mais la silhouette sombre s’éloignait
déjà sans bruit et disparaissait dans le noir. En s’enduisant de graisse, l’espion
songea que l’Assassin ne s’était peut-être pas préoccupé de son sort mais avait
sans doute voulu simplement éviter que l’alarme soit donnée dans le camp avant
qu’il puisse accomplir sa besogne. Il en rougit d’humiliation.
    Lorsqu’il se fut ressaisi, il se dirigea vers un endroit qu’il
avait repéré quand il faisait encore jour. Débarrassé de son sinistre compagnon,
il sentit sa confiance revenir. Dans un instant, il serait parmi les recrues
jin et leur parlerait comme s’il les connaissait depuis des années. Il avait
déjà rempli ce genre de mission, quand l’empereur doutait de la loyauté d’un
gouverneur de province. Il songea tout à coup qu’il devait se hâter pour être
dans la place avant que l’Assassin frappe ou se fasse prendre. En pénétrant
dans le camp endormi, il salua un guerrier mongol sorti pour uriner. L’homme
lui répondit d’une voix ensommeillée dans sa langue gutturale, sans s’attendre
à être compris. Un chien leva la tête à son passage mais se contenta de gronder
doucement en reniflant son odeur. L’espion sourit, invisible dans l’obscurité. Il
était à pied d’œuvre.
     
     
    L’Assassin s’approcha de la grande yourte de Gengis en
traversant le camp comme un spectre. Le chef mongol était fou de laisser voir à
tous ceux qui montaient en haut des murailles de Yenking l’endroit où il
dormait. C’était le genre d’erreur qu’on ne fait qu’une fois, quand on ne sait
rien de la Triade Noire. Le tueur ignorait si les Mongols retourneraient dans
leur steppe après la mort de leur khan. Il s’en fichait. Son maître lui avait
remis un rouleau attaché par un ruban de soie noire au cours d’une cérémonie
par laquelle il faisait don de sa vie. Quoi qu’il arrive, il ne retournerait
pas chez ses frères.

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