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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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note grave à travers la plaine. Avant
qu’elle meure, les tumans se mirent en branle, son peuple partait vers la
conquête. Il mourait d’envie de l’accompagner mais il devait d’abord voir
Yenking tomber.
     
     
    Temüge grognait tandis que son serviteur chassait les soucis
de la journée en lui massant les épaules. Les Jin avaient une idée de la
civilisation qu’aucun Mongol ne pouvait appréhender. Avec un sourire somnolent,
il imagina la réaction d’un guerrier à qui il demanderait de lui masser les
muscles des jambes. L’homme prendrait cela pour une insulte ou lui battrait les
mollets comme une peau de mouton.
    Il avait d’abord regretté la perte de son précédent
serviteur, qui parlait rarement et ne savait quasiment pas un mot de mongol. L’homme
l’avait cependant initié à ces journées structurées qui se déroulaient sans tension.
Temüge s’était habitué à se lever après l’aube et à prendre un bain. Ensuite
son serviteur l’habillait et lui préparait une légère collation. Temüge prenait
connaissance des rapports de ses hommes jusqu’en fin de matinée puis le travail
de la journée commençait vraiment. Perdre un tel homme à cause d’un Assassin
lui avait paru catastrophique.
    Soupirant de plaisir sous les pouces du nouveau serviteur, Temüge
songeait que ce n’était peut-être pas une si grande perte, après tout. Le vieux
Sen ne connaissait pas l’art de masser et le nouveau, quand Temüge l’autorisait
à parler, lui expliquait les aspects de la société jin qui avaient retenu l’attention
de Temüge.
    — C’est très bien, Ma Tsin, murmura-t-il. La tension
est presque partie.
    — Tant mieux, maître, répondit l’espion.
    Il ne prenait aucun plaisir à triturer le dos du Mongol, mais
il avait passé près d’un an comme garde dans un bordel et il savait comment les
filles détendaient les clients.
    — J’ai vu l’armée partir ce matin, poursuivit-il. Jamais
je n’avais contemplé autant d’hommes et de chevaux.
    — La vie sera plus simple sans eux, marmonna Temüge. J’en
avais assez de leurs plaintes et de leurs chamailleries. Mon frère aussi, je
crois.
    — Ils lui rapporteront de l’or, je n’en doute pas.
    L’espion trouva dans le dos de Temüge un autre nœud de muscles
qu’il entreprit de faire fondre sous ses doigts.
    — Nous n’en avons pas besoin, répondit Temüge. Nos
chariots sont déjà pleins de pièces qui n’intéressent que les recrues jin.
    C’était un aspect de la mentalité mongole que l’espion ne
comprenait pas.
    — Est-il donc vrai que vous ne cherchez pas la richesse ?
Je l’ai entendu dire.
    — Qu’en ferions-nous ? Mon frère a amassé de l’or
et de l’argent parce que d’autres regardent ces pièces avec cupidité, mais à
quoi servent-elles ? La vraie richesse n’est pas dans les métaux mous.
    — Avec ces pièces, vous pourriez acheter des chevaux, des
armes, ou même des terres, insista l’espion.
    — À qui ? Si un homme a des chevaux, nous les lui
prenons. S’il a des terres, nous les traversons à cheval comme bon nous semble.
    L’espion songea avec agacement qu’il ne serait pas facile de
corrompre un tel homme. Il fit cependant une autre tentative :
    — Dans les villes jin, l’or permet d’acheter de vastes
maisons au bord d’un lac, des mets délicats, des milliers de serviteurs…
    Il chercha d’autres exemples. Pour un homme né dans une
société faisant usage de la monnaie, il était difficile d’expliquer ce qui lui
semblait évident.
    — Il peut même acheter les faveurs d’hommes influents, seigneur.
Ou des objets d’art, des cadeaux pour les épouses. L’or rend tout possible.
    — J’ai compris, rétorqua Temüge avec irritation. Maintenant,
tais-toi.
    L’espion faillit renoncer : le frère du khan ne
saisissait vraiment pas l’idée. Il fit un dernier essai :
    — Suppose, maître, que tu convoites le cheval d’un
guerrier. Disons que ce cheval est meilleur que tous les autres et…
    — Si tu tiens à tes mains, ne dis plus rien, l’interrompit
Temüge.
    Vaincu, l’espion massa un moment en silence.
    — Je lui proposerai cinq bêtes moins bonnes, répondit
soudain Temüge. Ou deux esclaves, ou six arcs, ou un sabre forgé par un homme
habile, ce qu’il voudra.
    Il rit avant d’ajouter :
    — Mais si je lui dis qu’avec le sac de pièces que je
lui donnerai pour son cheval il pourra s’en acheter un autre, il me répondra

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