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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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s’ébranlèrent dans la plaine du Xixia en direction de
la ville de Yinchuan.
     
     
    — Les voilà, sire, dit le Premier ministre d’une voix
excitée.
    La tour du roi offrait la meilleure vue de la ville sur la
plaine et Rai Chiang ne s’était pas opposé à la présence de ses conseillers
dans ses appartements privés.
    Avec leurs armures laquées, les soldats formaient comme une
tache de sang brillant devant Yinchuan. Rai Chiang crut distinguer la
silhouette lointaine du général Giam qui allait et venait à cheval devant ses
troupes. Les piques étincelaient au soleil du matin tandis que les régiments se
mettaient en formation, les gardes royaux postés aux ailes. C’étaient les
meilleurs cavaliers du Xixia et Rai Chiang ne regrettait pas de leur avoir
confié cette tâche.
    Il s’était senti profondément blessé de devoir se cacher
dans sa ville tandis que les barbares ravageaient ses terres. Voir son armée
faire face à l’envahisseur lui redonnait courage. Giam était un homme réfléchi
et sûr. Certes, il n’avait pas livré bataille pendant son ascension jusqu’au
plus haut grade, mais Rai Chiang avait supervisé ses plans et n’y avait trouvé
aucune faille. Le roi attendait l’assaut et se réjouissait à l’avance de voir
ses ennemis écrasés sous ses yeux. La nouvelle de la victoire parviendrait à l’empereur
Wei, qui en concevrait de l’amertume. Si le Jin l’avait secouru, Rai Chiang
aurait été à jamais son obligé. Wei était assez subtil pour comprendre alors qu’il
avait sottement compromis une position avantageuse en termes de pouvoir et de
négoce et cette pensée grisait Rai Chiang. Il veillerait à ce que les Jin
soient informés des moindres détails de la bataille.
     
     
    Le général Giam observait le nuage de poussière annonçant l’ennemi.
Il songea que le sol avait séché parce que les paysans n’osaient plus irriguer
leurs champs. Ceux qui s’y étaient risqués avaient été taillés en pièces par
les éclaireurs mongols, pour leur simple plaisir ou pour aguerrir leurs jeunes.
Cela cessera aujourd’hui même, pensa Giam.
    Ses ordres étaient transmis aux soldats par des drapeaux
flottant au sommet de hautes perches. Tandis qu’il inspectait ses lignes, on
hissa des croix noires sur des fanions rouges, signal que les hommes devaient
rester sur place. Devant eux, les champs étaient semés de milliers de pointes
en fer cachées dans l’herbe. Giam était impatient de voir les barbares parvenir
à cet endroit. Ce serait la débandade. Il hisserait alors le signal d’attaque
en formation serrée pour profiter de la stupeur de l’ennemi.
    La cavalerie royale tenait les ailes et Giam hocha la tête
de satisfaction à la vue de ces bêtes splendides qui piaffaient d’excitation et
frappaient le sol de leurs sabots. Les piquiers du roi occupaient résolument le
centre, magnifiques dans leurs armures rouges semblables aux écailles des
poissons des mers chaudes. Leur expression inflexible contribuait à rassurer
les autres tandis que le nuage de poussière grossissait et que tous sentaient
la terre trembler sous leurs pieds. Giam vit une des perches pencher et envoya
un homme châtier le coupable. Les soldats étaient nerveux, le général le
constatait à leur expression. Lorsque la ligne ennemie s’écroulerait devant eux,
ils prendraient courage. Sentant sa vessie se plaindre, Giam jura à mi-voix :
pas question de descendre de cheval alors que les Mongols se ruaient vers eux. Dans
les rangs, de nombreux soldats urinaient sur le sol poussiéreux.
    Il dut crier pour se faire entendre par-dessus le grondement
des chevaux ennemis lancés au galop. Des officiers de la garde postés le long
de la ligne répétèrent l’ordre de demeurer sur place et d’attendre.
    — Encore un peu, murmura-t-il.
    Il distinguait à présent les silhouettes des barbares et son
estomac se serra de les voir aussi nombreux. Il sentit des regards dans son dos
et sut que le roi les observait, ainsi que tous les habitants de la ville qui
avaient trouvé une place en haut des murailles. La survie de Yinchuan dépendait
de Giam et de ses hommes, ils ne failliraient pas.
    À côté de lui, son commandant en second était prêt à
transmettre ses ordres.
    — Ce sera une grande victoire, général.
    Giam perçut de la tension dans la voix de l’officier et se
força à détacher ses yeux de l’ennemi.
    — Le roi nous observe, les hommes ne doivent pas perdre
courage.

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