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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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ferma un instant les yeux pour remercier
silencieusement le ciel. Rai Chiang ne le remarqua pas et reporta son attention
sur la carte.
    — Vide les réserves d’armures. Les soldats ne valent
pas mes gardes, mais leur ressembler par la tenue leur insufflera du courage. Cela
les changera de la corvée ennuyeuse de pendre les accapareurs, je n’en doute
pas. Ne me fais pas défaut, Giam.
    — Je n’échouerai pas, majesté.
     
     
    Gengis chevauchait à la tête de son armée, longue ligne de
cavaliers qui s’étirait à travers la plaine du Xixia. Lorsqu’ils arrivaient à l’un
des canaux, la ligne ondulait, chacun faisant la course pour sauter l’obstacle
avant les autres, riant de celui qui tombait dans l’eau sombre et devait
galoper pour rattraper son retard.
    La ville de Yinchuan formait une tache à l’horizon depuis
plusieurs heures quand Gengis donna l’ordre de faire halte. Les cors sonnèrent
d’un bout à l’autre de la ligne et l’ost s’arrêta tandis que des ordres
parcouraient les rangs pour alerter les hommes formant les flancs. Ils étaient
en terre hostile, ils ne devaient pas se laisser surprendre.
    La ville se dressait au loin. Malgré la distance, elle
semblait massive, intimidante par ses dimensions mêmes. Gengis plissa les yeux
dans le soleil de l’après-midi. La pierre que les bâtisseurs avaient utilisée
était gris sombre et il distinguait des colonnes qui pouvaient être des tours à
l’intérieur des murailles. Il n’en devinait pas l’usage et s’efforçait de ne
pas montrer aux hommes qu’il était impressionné.
    Regardant autour de lui, il constata qu’on ne pouvait pas
prendre ses guerriers en embuscade sur un terrain aussi plat. Si les champs
dissimulaient des soldats allongés dans les cultures, ses éclaireurs les
repéreraient bien avant qu’ils soient à leur portée. C’était un endroit aussi
sûr qu’un autre pour établir le camp et il en donna l’ordre en descendant de
cheval.
    Derrière lui, les hommes s’empressèrent de monter les tentes
avec des gestes qu’ils connaissaient par cœur. Un village, une bourgade, une
ville jaillit des chariots et bientôt une odeur de mouton rôti emplit l’air.
    Arslan parcourut la ligne avec son fils Jelme. Sous leurs
regards, les guerriers de toutes les tribus se redressaient et faisaient
silence. Gengis accueillit les deux hommes d’un sourire quand ils furent près
de lui.
    — Je n’ai jamais vu une terre aussi plate, dit Arslan. Aucun
endroit où tenir, aucun endroit où battre en retraite si nous sommes submergés.
Nous sommes trop vulnérables, ici.
    Son fils Jelme leva les yeux en entendant ces mots mais ne
dit rien. Arslan avait deux fois l’âge des autres généraux, il conduisait les
hommes prudemment, avec intelligence. Il ne serait jamais un brandon de
discorde entre les tribus ; ses compétences étaient reconnues, ses colères
étaient craintes.
    — Nous ne retournerons pas en arrière, déclara Gengis
en lui pressant l’épaule. Nous ferons sortir les Xixia de cette ville et s’ils
n’en bougent pas, je construirai une rampe de terre qui montera jusqu’en haut
de leurs murailles et je la gravirai à cheval. Beau spectacle, non ?
    Arslan eut un sourire crispé. Il faisait partie de ceux qui
s’étaient avancés assez près de Yinchuan pour que les archers xixia gaspillent
leurs flèches sur eux.
    — C’est comme une montagne, seigneur. Tu le verras de
tes yeux quand tu t’en approcheras. Une tour se dresse à chaque coin et les
murs sont percés d’ouvertures par lesquelles les archers regardent les
assaillants. Nous aurons du mal à les toucher alors qu’ils nous atteindront
facilement.
    Gengis perdit un peu de sa bonne humeur.
    — Je prendrai une décision après l’avoir vue. Si nous
ne pouvons pas nous en emparer, nous forcerons l’ennemi à en sortir en l’affamant.
    Jelme approuva d’un signe de tête. Il avait lui aussi
chevauché assez près des murailles pour sentir leur ombre sur son dos. En homme
habitué à la steppe, il n’arrivait pas à imaginer une telle fourmilière d’hommes,
cette idée même le hérissait.
    — Les canaux pénètrent dans la ville par des tunnels
barrés de grilles, seigneur. C’est par eux, m’a-t-on dit, qu’ils se
débarrassent des excréments de tant d’hommes et d’animaux. Il y a peut-être là
un point faible.
    Le visage du Grand Khan s’éclaira. Il avait chevauché toute
la journée, il était épuisé. Il

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