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Le seigneur des Steppes

Le seigneur des Steppes

Titel: Le seigneur des Steppes Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Conn Iggulden
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blanche. Du sang coulait le long de la
hampe, lui empoissait les doigts en séchant. Des centaines d’ennemis avaient
réussi à s’enfuir en traversant le champ de pointes où ses cavaliers ne
pouvaient les suivre. Gengis avait alors ordonné à ses guerriers de descendre
de cheval et de mener leur monture à pied. Il leur avait fallu du temps et un
millier d’ennemis environ avaient réussi à s’approcher suffisamment de la ville
pour être protégés par ses archers. Le khan éclata de rire à la vue des soldats
dépenaillés qui se pressaient à l’ombre de Yinchuan. Les portes demeuraient
closes et ils ne pouvaient que fixer d’un regard hébété les Mongols qui
chevauchaient entre les morts.
    Quand il fut au bord de l’herbe, Gengis sauta à terre et
appuya la pique sanglante au flanc pantelant de son cheval. Il se baissa et
ramassa une des pointes, l’examina avec curiosité. C’était en fait un
assemblage de quatre clous joints de manière à toujours avoir une pointe
dressée. Si Gengis avait été contraint d’adopter une position défensive, il les
aurait semés, lui, en cercles s’élargissant autour de son armée. De toute façon,
les soldats de Yinchuan n’étaient pas des guerriers au sens où il l’entendait. Ses
hommes avaient plus de discipline, ils avaient grandi sur une terre plus dure
que la paisible vallée du Xixia.
    En marchant, il vit des morceaux d’armures arrachés jonchant
le sol. Il les étudia avec intérêt, remarqua que la laque rouge s’était
écaillée et avait sauté aux bords. Certains Xixia s’étaient bien battus mais
les arcs mongols les avaient quand même exterminés. C’était un bon signe pour l’avenir,
et la confirmation qu’il avait mené son peuple au bon endroit. Les hommes le
savaient et regardaient leur khan avec admiration. Il leur avait fait traverser
le désert puis leur avait offert des ennemis médiocres au combat. La journée
avait été bonne.
    Son regard tomba sur une dizaine d’hommes vêtus de deels ornés
de broderies bleues ouïgours qui marchaient parmi les cadavres. L’un d’eux portait
un sac et les autres, un couteau à la main, se penchaient sur les corps.
    — Que faites-vous ? leur cria-t-il.
    Lorsqu’ils virent qui s’adressait à eux, ils se redressèrent
fièrement.
    — Barchuk des Ouïgours nous a dit que tu voudrais
connaître le nombre des morts, répondit l’un d’eux. Nous leur coupons une
oreille, nous compterons plus tard combien nous en avons dans le sac.
    Regardant autour de lui, Gengis constata que beaucoup de
têtes avaient une plaie rouge à l’endroit où aurait dû se trouver une oreille. Le
sac était déjà gonflé.
    — Remerciez Barchuk en mon nom, dit-il.
    Tandis que les Ouïgours échangeaient des regards nerveux, il
avança de quelques pas entre les cadavres, faisant s’envoler des nuées de
mouches.
    — J’en vois un ici qui n’a plus d’oreilles du tout.
    Les Ouïgours le rejoignirent et l’homme au sac lança à ses
compagnons :
    — Misérables rebuts ! Comment voulez-vous que le
compte soit juste si vous coupez les deux oreilles ?
    Gengis les regarda, éclata de rire en retournant à son
cheval.
    Il gloussait encore quand il jeta les clous noirs et reprit
sa pique. Avec son macabre trophée, il s’approcha des murailles en estimant la
portée des arcs xixia, planta la pique dans le sol et leva les yeux. Comme il s’y
attendait, des flèches fendirent l’air dans sa direction, mais les archers
étaient trop loin et il ne recula pas. Il dégaina au contraire le sabre de son
père et le brandit vers ses ennemis tandis que ses guerriers rugissaient
derrière lui.
    L’expression du Grand Khan s’assombrit de nouveau. Sous sa conduite,
la nouvelle nation mongole avait fait ses premières armes, il lui avait montré
qu’elle serait même capable d’affronter des soldats jin. Mais il n’avait pas
trouvé le moyen de pénétrer dans une ville qui continuait à le narguer du haut
de sa puissance. Lentement, il retourna auprès de ses frères.
    — Détruisez les canaux, ordonna-t-il.

 
8
    Avec tous les hommes valides maniant le marteau ou la pierre,
il fallut six jours pour démolir les canaux entourant Yinchuan. D’abord, Gengis
observa la chose avec un plaisir sauvage en espérant que les rivières de la
montagne inonderaient la ville.
    Il fut contrarié de voir que l’eau montait si rapidement
dans la plaine que ses guerriers en eurent jusqu’aux chevilles avant

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