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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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entraves.
    Près de lui, la dépouille de Flaxman penchait dangereusement vers l’avant, et elle ne devait qu’à la corde qui lui liait les mains derrière le dos de ne pas basculer.
    Dans le lointain, une formidable clameur s’éleva soudain vers le ciel. Je considérai le cadran de ma montre à gousset. Il était dix heures trente. Selon le programme officiel égrené depuis des jours par la presse et la radio nationale, George VI et la reine Elizabeth venaient de quitter Buckingham et, sous les ovations d’une foule de plus de quatre millions de personnes, leur carrosse s’engageait dans le Mall pour aller rejoindre l’abbaye de Westminster.

Épilogue
    En cette fin de matinée du 5 juin 1937, un soleil digne des contrées les plus méridionales dispensait ses chauds rayons sur la capitale. Traversant la place encombrée d’automobiles et d’omnibus devant la gare Victoria, je me pressai pour ne pas arriver en retard au rendez-vous qu’Ashley Kirkby, dont j’ignorais jusqu’à la veille au soir le retour à Londres, m’avait fixé à la brasserie Overton par le biais d’un télégramme laconique.
    L’effervescence des festivités était peu à peu retombée. Le soir du couronnement, George VI avait achevé les cérémonies par un discours radiodiffusé dans toutes les parties de l’Empire où, pas une fois, son bégaiement ne le fit trébucher sur un mot. Son règne officiel s’inaugurant sous de si favorables auspices, la vie quotidienne avait repris ses droits. Le 28 mai, Stanley Baldwin avait laissé son fauteuil de Premier ministre à Arthur Neville Chamberlain, auparavant chancelier de l’Échiquier, et, le 3 juin, dans un château de Touraine appartenant à un personnage fort peu recommandable, l’ex-roi Édouard VIII avait épousé Wallis Simpson, en l’absence de tout représentant de la maison des Windsor.
    Évidemment, les journaux firent leurs manchettes de toute cette actualité, de même que de la situation en Espagne, qui devenait préoccupante après le bombardement de la ville d’Almeria par la flotte allemande. Par contre, pour ce qui était du meurtre de Curzon Street, après avoir longtemps stigmatisé la lenteur de la police métropolitaine, la presse avait fini par se détourner du sujet et préférait s’intéresser à d’autres affaires plus croustillantes.
    En vérité, peu de personnes dans le pays eurent connaissance de la véritable issue de l’enquête. Si Staiton se montra fort circonspect à l’écoute de notre version des événements, nous réussîmes néanmoins à lui apporter, ainsi qu’à ses supérieurs, suffisamment de preuves pour les convaincre de la culpabilité d’Ambrose Boyle, alias Ambrose Merithorpe, dans le meurtre de Bertram Auber-Jones, en passant cependant sous silence la part qu’avait prise Cecily dans le dénouement tragique de l’affaire, pour éviter à la jeune femme une situation plus douloureuse encore.
    Miss Teynham, tout au long des jours qui suivirent, démontra néanmoins une force de caractère remarquable. En particulier, elle fit tout ce qui était nécessaire pour qu’Ambrose, malgré ses crimes abjects, bénéficie d’un service catholique en bonne et due forme et soit inhumé dans le petit cimetière de St Mary – tout près de celui de Kensal Green, où le corps de Marcus Bolton retrouva sa place. Quant à la momie de Flaxman, par qui cette histoire avait commencé, James et moi fûmes autorisés à la remettre aux mains d’Archibald et Nathaniel Patterson, qui la replacèrent avec soulagement à l’intérieur de son sarcophage. Seule condition expresse qui accompagna la restitution, les frères embaumeurs de Swindon durent installer un loquet de sécurité sur chacune de leurs bières, et le système de verrouillage de la crypte fut perfectionné pour interdire à quiconque de sortir des lieux sans composer un code.
    À la question de savoir pourquoi Ambrose Boyle s’était retrouvé investi d’un pareil pouvoir au retour de six mois passés dans le coma, mes recherches me permirent d’apporter quelques éléments de réponses. En fait, après avoir épluché de nombreux traités dans la salle de lecture du British Museum et tenté d’en savoir un peu plus sur cette énergie baptisée kundalini ou « Serpent de feu », j’avais fini par me convaincre de la chose suivante : le choc subi par Ambrose Boyle en novembre 1936, lorsque son auto avait violemment percuté un autre véhicule, avait

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