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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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Et rien, je dis bien rien , ne doit empêcher qu’il en aille autrement !
    Staiton se dressa sur ses deux jambes, les yeux rivés sur l’effigie de la famille souveraine.
    — Crénom d’un chien, vous avez raison, jeune homme ! Aussi, je le déclare solennellement : moi, Harold Bernard Staiton, je vous accompagne de ce pas auprès de David Bishop afin que nous le questionnions ensemble au sujet de ce cliché. N’en déplaise au haut-commissaire, à l’inspecteur en chef Archer et tout le saint-frusquin !
    —  God save our gracious King ! entonnai-je.
    De l’autre côté du bureau, le policier s’était figé au garde-à-vous.
    1 - Voir Le Diable du Crystal Palace, op. cit .

    2 - Scotland Yard avait mis en place en 1934 un numéro téléphonique, le « Whitehall 1212 », pour les appels d’urgence. En 1937, il fut remplacé par une information room que l’on pouvait joindre en composant le « 999 », numéro encore en usage de nos jours. (N.d.É.)

    3 - Fondateur de la British Union of Fascists (BUF). En 1936, il a épousé Diana Mitford, proche des milieux nazis, dans la propriété de Joseph Goebbels, ministre du Reich. Le témoin de la mariée était Adolf Hitler en personne. (N.d.É.)

    4 - Stanley Baldwin fut membre du parti conservateur et occupa à plusieurs reprises le poste de Premier ministre du Royaume-Uni. Lors de son dernier mandat, entre le 7 juin 1935 et le 28 mai 1937, il exerça sous l’autorité successive de George V, Édouard VIII et George VI. (N.d.É.)

V
    Où il est question
 d’un autre portrait
    C’est dans une Austin Ripley noire de la police métropolitaine que, aux alentours de midi, sous la conduite de l’agent Granville Royston, nous fîmes sous la pluie le trajet jusqu’à Frith Street.
    À quelques mètres de la petite place verdoyante où le duc de Monmouth, bâtard de Charles II, avait son hôtel, se dressait le bâtiment en brique dont David Bishop occupait le dernier niveau et un restaurant français le rez-de-chaussée. À cette heure, selon Staiton, nous avions toutes les chances de trouver l’artiste chez lui.
    Parvenu au quatrième étage, l’inspecteur appuya plusieurs fois sur la sonnette. Au bout d’une longue minute, un homme d’une trentaine d’années finit par venir nous ouvrir. Son visage avait des traits extrêmement fins, presque féminins, et son regard d’un vert de sinople traduisait un caractère franc en même temps que taciturne et réservé. Vêtu d’un élégant complet de laine marron, il frottait ses doigts avec un morceau d’étoffe pour en effacer les traces de charbon.
    — Inspecteur Staiton ! Dois-je déduire de votre visite que la parution du portrait dans la presse a déjà produit ses effets ?
    — Il se pourrait, Mr Bishop, il se pourrait. Mais permettez-moi de vous présenter Andrew Singleton, détective consultant, que j’ai sollicité momentanément sur ce dossier. Mr Singleton et moi-même désirerions avoir votre éclairage sur un point précis.
    — Il me semble avoir déjà tout expliqué, fit le dessinateur en nous invitant à entrer. Cependant, si je peux vous être utile, messieurs, vous me voyez votre obligé. Passons dans le salon, nous y serons mieux installés.
    L’appartement était assez spacieux, mais ne correspondait pas vraiment à ce que je m’imaginais d’un intérieur d’artiste. Le même papier gris souris couvrait les murs de l’entrée et de la pièce dans laquelle nous venions de pénétrer, meublée dans un style victorien assez ronflant et souffrant d’un manque notable de lumière naturelle. Sur les murs, par-ci, par-là, seules quelques figures et estampes réalisées au fusain ou au pastel, avec ce crayonné caractéristique, à la fois réaliste et mélancolique, exécuté avec une habileté et une assurance remarquables, rappelaient la profession du maître de céans. L’atelier devait se situer dans une autre partie du logement.
    Dans la voiture, j’avais réclamé quelques renseignements sur David Bishop. En consultant ses notes, l’inspecteur m’avait informé que notre hôte était né trente-cinq ans auparavant dans le district de Merton, qu’il avait suivi des cours d’architecture à Londres avant de partir, à l’âge de vingt-quatre ans, étudier le dessin à l’académie Julian, à Paris. Bishop avait fréquenté dans la Ville lumière les plus grands noms de la peinture, mais, pour une obscure raison – que le policier supposait être une

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