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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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compulser à notre arrivée.
    — Ils conservent un double de ce registre dans leur bureau, de même qu’ils ont aussi une copie de celui où ils inscrivent l’identité des visiteurs de la crypte. Je leur ai demandé qu’ils me les confient tous deux, afin de les étudier. Après avoir épluché un bon moment leur contenu, je n’y ai rien remarqué de renversant, mais il faut chercher encore. Un détail important m’a peut-être échappé.
    — La crypte, justement, l’as-tu bien explorée ? questionnai-je, alors que Miss Sigwarth, piquée par l’indifférence de l’inspecteur, se résignait enfin à nous quitter et refermait tapageusement derrière elle la porte de l’appartement.
    — Pouce après pouce, mais je n’ai rien trouvé d’autre que ce que nous y avons déjà vu hier. Par contre, je crois avoir découvert comment l’individu s’y est pris pour sortir du bâtiment.
    — On vous écoute.
    — Comme je le soupçonnais, le pavillon n’est pas totalement dépourvu de fenêtre. Derrière les cuves en étain et la table d’examen se niche dans un renfoncement un petit escalier en pierre qui conduit au grenier. Là-haut, il y a une croisée, assez large pour laisser le passage à un homme de ma taille, donnant sur le parc de Town Gardens. C’est à trois mètres de hauteur à tout le moins, mais, grâce au lierre qui a envahi ce côté-ci de la façade, on peut rejoindre sans encombre le plancher des vaches.
    — Avez-vous relevé des traces de ces acrobaties sur les plants de lierre ? demanda l’inspecteur en ne se départant pas d’un certain air de défiance à l’écoute des explications de James.
    — Je n’en ai constaté aucune, mais cela ne signifie rien. On ne sait pas avec exactitude quand le corps de Flaxman a disparu. Dans le meilleur des cas, ça remonte à plusieurs jours. La végétation a eu tout le loisir de se refaire une beauté.
    — Hum ! fit le policier. On peut à la limite concevoir qu’un homme seul se soit laissé glisser le long du mur, mais un individu encombré d’un cadavre, la chose est hautement improbable. À moins de vouloir à tout prix se rompre le cou.
    — Ou de l’avoir jeté au préalable du haut du grenier, contrecarra James.
    — Je ne vous suis pas, messieurs, intervins-je. Vous semblez uniquement accréditer l’idée qu’un voleur ait subtilisé le corps de Flaxman et qu’il se soit ensuite enfui avec son butin par la fenêtre. Mais cela n’explique en rien comment David Bishop a pu croiser la momie en bas de l’immeuble de la victime le soir du meurtre, ni comment il a pu dessiner son visage avec autant de réalisme. Rappelez-vous les paroles de Bishop, inspecteur : il a constaté que l’individu n’avait pas « l’air vivant », que son regard était « fixe » et « sans expression ».
    Staiton me gratifia du même éclat de rire retentissant qu’auparavant dans son bureau du Yard. Pour calmer les soubresauts de son corps massif, il tenta d’attraper la tasse de thé, mais il ne réussit dans l’opération qu’à se brûler les doigts.
    — Vous allez voir trop de films d’épouvante hollywoodiens 1 , Singleton ! Dans la réalité, les momies ne se réveillent pas de la longue nuit des siècles pour les beaux yeux d’une donzelle, ou je ne sais quel autre motif…
    Sur son fauteuil, James me regardait lui aussi avec une moue embarrassée.
    Comme un enfant pris en flagrant délit de faute, je sentis le sang me monter aux joues. Tout le monde dans cette pièce semblait refuser catégoriquement ce qui avait commencé à m’apparaître à moi, depuis notre entrevue avec le dessinateur, comme une éventualité de plus en plus crédible. Mais en l’occurrence, avais-je raison de privilégier une piste aussi peu rationnelle ?
    Il est vrai que, loin du scepticisme outré qui était le mien naguère en mettant les pieds sur le Vieux Continent – et qu’en raison d’un rejet instinctif pour tout ce qui ressortait au surnaturel j’affichais alors sans discernement –, mon opinion sur la question de l’au-delà avait évolué de manière radicale ces dernières années.
    Je dirais même plus : un puissant désir de percevoir l’inconnu m’animait depuis la mort d’Alice. Au fond de mon cœur, j’entretenais le secret espoir qu’il me serait bientôt possible d’entrer en contact avec l’esprit de la jeune femme. Il était devenu évident que les frontières entre l’univers des morts et celui des

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