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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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l’entendement humain.
    — Comme tu y vas ! Et qu’est-ce que ta conviction intime nous propose de faire ?
    — Je crois qu’il importe que nous élargissions notre champ de prospection. Quand des événements comme ceux auxquels nous sommes peut-être confrontés se produisent, ils ne sont pas sans causer des remous alentour.
    — D’accord, Andy ! Mais peux-tu me traduire cela en termes intelligibles ?
    — Il a dû survenir récemment d’autres faits singuliers, des accidents inhabituels auxquels personne n’a prêté grande attention, mais qui sont en réalité essentiels pour pouvoir déchiffrer l’ensemble de cette énigme. À nous de les débusquer !
    Entre nos deux bureaux, sous la fenêtre donnant sur Montague Street, j’avisai plusieurs piles de quotidiens. Quelques jours auparavant, James les avait remontés de la réserve de Miss Sigwarth pour se mettre en chasse de nouveaux exploits. C’était toujours ainsi qu’il agissait entre deux enquêtes, en plus de décacheter avec impatience tout le courrier qui nous était expédié, dans l’attente d’une affaire prometteuse. Si, en ce qui me concernait, il me suffisait de m’immerger dans les mystères livresques – n’ayant point besoin de les vivre, ces aventures, loin s’en fallait –, pour mon associé, en revanche, l’action primait toujours l’imagination. Il est vrai que, depuis l’épouvantable affaire du « Garçon coiffeur chauve », lequel avait contracté la déplaisante manie de scalper ses clients, et celle non moins piquante du « Saigneur de Paternoster Row », James n’avait eu que trop l’occasion de ronger son frein ces trois dernières semaines. Seule la pratique intensive de la nage aux bains de St Marylebone, à défaut de pouvoir piquer une tête dans les eaux de la Serpentine, ainsi que quelques cours de jiu-jitsu à Regent’s Park, lui avait permis d’entretenir sa forme physique ainsi que son moral.
    Je me levai et ramenai sous le bras une grosse quantité de journaux parmi les plus récents, profitant de mon passage près de mon bureau pour saisir le paquet de cigarettes.
    — Épluchons déjà ceux-là, veux-tu ? dis-je en lançant à James la moitié des exemplaires. Il doit exister d’autres événements à mettre en corrélation avec notre affaire.
    Nous avions sous les yeux des éditions du Times , du Star , de l’ Evening Standard et du Daily Express , plus quelques Daily Sketch et Westminster Gazette .
    — Comment établir un lien ?
    — Je ne sais pas. C’est peut-être écrit dans le marc de ton café.
    Il feignit de contenir son courroux en engloutissant d’une seule bouchée ce qui restait sur le plateau. Ensuite, il commença à faire le tri parmi les quotidiens que je lui avais remis.
    — Nous sommes le dimanche 9 mai, repris-je en allumant une cigarette, et le meurtre d’Auber-Jones a été commis le 28. Commençons par consulter les journaux parus entre ces deux dates.
    J’optai pour l’ Evening Standard du vendredi 30. Quant à mon camarade, il plongea le nez dans l’édition du Times du lundi 3 mai.
    — C’est toi qui me parlais d’Aleister Crowley l’autre jour, remarqua-t-il après quelques minutes d’un silence studieux.
    — C’est exact.
    — Eh bien, le journaliste indique que ton hurluberlu, de retour à Londres depuis peu, a causé un scandale dans le restaurant du Langham , le palace où il était descendu en compagnie d’une jeune Sud-Américaine. Passablement éméché, le soi-disant mage a incité sa compagne à se livrer à un numéro d’effeuillage vestimentaire tout à fait dépravé à l’heure du souper. La direction les a sommés de quitter sur-le-champ l’établissement. Aux dernières nouvelles, lui et sa cavalière ont plus modestement posé leurs valises au Y ork Hotel , à Berners Street, où ils comptent demeurer jusqu’à la veille du couronnement. Crowley aurait en effet clamé à qui voulait l’entendre qu’il ne souffrirait pas de voir ce jour-là tous les yeux tournés vers un autre que lui et qu’il trouverait asile sur le Continent.
    Je gloussai en essayant d’imaginer l’air ulcéré des voisins de table de l’ancien membre de l’Aube dorée, puis nous reprîmes le dépouillement de nos piles de journaux. Malheureusement, hormis les traditionnels drames familiaux, les règlements de comptes parmi les malandrins des bas-fonds de l’East End, les outrages scabreux perpétrés par de vieux nobles gâteux et

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