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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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comptoir, je me demande déjà comment il a fait pour s’être aperçu qu’une pierre avait été bougée.
    — Il ne vous aurait pas dévoilé le nom inscrit sur la stèle, votre soiffard ? intervint James.
    — Pour sûr qu’il me l’a dit ! Je m’en souviens d’autant mieux que ça m’a fait penser à l’un de mes clubs de foot favoris, le Bolton Wanderers. Mon père est originaire du Lancashire, et, quand j’étais gamin, je passais toutes mes vacances d’été à taper la balle avec mes cousins, autour de Burnden Park. Bolton, qu’il s’appelait. Marcus Bolton.
    Près de moi, James faillit s’étouffer avec un gorgeon de bière.
    — Comment avez-vous dit, Pupper ?
    — Marcus Bolton, monsieur.
    À ces mots, mon camarade manqua de me déboîter l’épaule.
    — Marcus Bolton, cimetière de Kensal Green ! Ce nom faisait partie de la liste, dans le registre des Patterson.
    — En es-tu certain ?
    — Autant que je peux t’assurer que le soutien-gorge de Mabel Pilgrim était rouge grenat.

IX
    Au cimetière de Kensal Green
    La fortune venait de nous placer sur la piste d’un autre des embaumés des frères Patterson, et les deux événements – le vol de la momie du Wiltshire et la tentative de violation de sépulture à Kensal Green – ayant eu lieu à quelques jours d’intervalle, cela ne pouvait être le résultat d’une simple coïncidence. Mieux, le motif pour lequel le repos du cadavre de Bolton avait manqué d’être troublé était peut-être le même que celui qui avait présidé à la disparition du corps de Flaxman. Quel était-il, ce motif ? Pour tenter de le savoir, il s’agissait de rendre visite au plus vite à la tombe de Marcus Bolton et de vérifier si la plaque en pierre qui avait été déplacée durant la nuit du 30 avril au 1 er  mai pouvait encore nous fournir des indices.
    Tous les cimetières de la ville avaient fermé leurs grilles à cette heure. D’un autre côté, vu notre état d’agitation, il n’était pas concevable de repousser notre inspection au lendemain. Sans hésiter, nous avions donc arrêté de nous y introduire en tapinois. Si la tâche exigeait que la soirée fût plus avancée, elle nécessitait aussi de se pourvoir de vêtements plus adéquats et de quelques outils. Au sortir du pub, nous fîmes donc un crochet par Montague Street.
    Dans le registre en cuir rapporté de Swindon, je pris note des succinctes indications concernant l’adresse de la sépulture. La mémoire de mon acolyte ne l’avait pas abusé : le nom de Marcus Bolton y figurait bel et bien, en face de la date du 2 octobre 1936 – à laquelle Archibald et Nathaniel avaient sans aucun doute procédé à l’embaumement du corps – et accompagné des mentions suivantes : « Kensal Green, Londres-Ouest, tombe n° 41652, carré n° 75, rangée n° 1. »
    Si je n’avais jamais eu l’occasion de musarder dans ses allées, j’avais bien sûr entendu parler de Kensal Green, l’une des plus anciennes et des plus grandes nécropoles de la capitale, que l’on avait surnommée le « cimetière de toutes les âmes ». Situé à un peu moins de deux miles de Kensington Gardens, il s’étendait sur plus de soixante-dix acres et avait été fondé en 1833 par un avocat, George Frederick Carden, sur le modèle du Père-Lachaise à Paris.
    M’approchant de la cheminée où le vieux plan de Londres était accroché, j’étudiais sa situation. Sa forme générale était celle d’un vaste triangle dont le grand côté était bordé au nord par Harrow Road, le côté opposé par les eaux impavides du Grand Union Canal, et dont le petit côté, à l’ouest, s’adossait au cimetière catholique de St Mary. Bien sûr, la carte n’était pas assez détaillée pour établir, à partir des coordonnées fournies par les Patterson, l’emplacement exact du tombeau à l’intérieur de l’enceinte.
    Pendant que je me prémunissais de ces quelques informations, James avait fini de se débarrasser dans la salle de bains de cette tenace senteur de rebus et avait enfilé un pantalon de toile, un col roulé en laine, un blouson d’aviateur et des brodequins. En outre, il accomplit plusieurs aller-retour entre le sous-sol de la maison et la voiture pour y transporter les outils qu’il jugeait nécessaires à l’opération.
    Il semblait que rien, hormis un rendez-vous galant, n’aurait pu mettre plus en gaieté mon compagnon que le projet d’escalader en pleine nuit le mur

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