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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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collection de tableaux, qu’il a mis toute une vie à réunir dans les vastes pièces de sa demeure à New York. Sa prédilection va aux artistes européens, en particulier anglais. Bien qu’il soit né sur le sol américain, Rex a de fortes racines dans notre pays – son oncle maternel a été élevé au rang de pair – et il passe près de la moitié de son temps à Londres.
    — Étiez-vous au courant de cette transaction ? demandai-je en même temps que je remisais la copie du récépissé dans la poche de mon veston.
    — Ce serait mentir que d’affirmer le contraire. Rex s’était pris de passion pour l’œuvre d’un jeune peintre autodidacte du nom d’Ambrose Merithorpe.
    — Je n’en ai jamais entendu parler, avouai-je.
    — Cela n’a rien d’étonnant. Moi-même, tout ce que je sais de lui, c’est de mon ami que je le tiens. Reginald affirmait qu’on déniche un talent de son envergure, sorti de nulle part, une seule fois dans sa vie. L’an dernier, en passant devant une piteuse échoppe de bric-à-brac à Old Hampstead, dans les faubourgs nord, il était tombé par hasard sur deux tableaux qui lui avaient fait forte impression. Lorsqu’il a su que l’auteur des toiles louait une modeste maison à quelques pas de là, il a cherché à en acquérir d’autres, mais, dans un premier temps, il s’est vu opposer une fin de non-recevoir. Après plusieurs tentatives, le peintre ayant compris que ses œuvres ne seraient pas exposées à Londres et qu’elles partiraient dans une collection privée en Amérique, il a consenti à en céder quelques-unes. Il faut bien payer le loyer !
    — En voilà un qui n’est pas obnubilé par la quête de la gloire, ironisa James.
    — Reginald a tout fait pour gagner sa confiance, et il y a réussi jusqu’à une certaine limite. Ambrose Merithorpe était un homme au caractère ténébreux, distant avec tout le monde, même avec sa vieille domestique. Cela dit, il ne manquait pas de circonstances atténuantes. Avant de s’installer dans la capitale, il avait été gravement défiguré par le feu. Depuis, il nourrissait envers sa propre image un sentiment de dégoût que rien ne semblait pouvoir atténuer. Quand Rex lui rendait visite, l’artiste le recevait coiffé d’un grand chapeau et le visage dissimulé derrière un masque.
    — Pas très seyant pour se promener dans la rue.
    — Oh ! Merithorpe ne sortait pratiquement jamais de chez lui, il vivait en reclus au milieu de ses chevalets. Il n’y avait qu’à la nuit tombée qu’il s’autorisait quelques échappées, surtout pour assister à des pièces de théâtre. C’était le seul « vice » que mon ami avait fini par lui découvrir. Il louait une place en loge de balcon et s’y rendait grimé, entrant discrètement après que la représentation eut commencé et s’éclipsant avant le tomber de rideau. C’est en tout cas lors de l’une de ces sorties qu’il a été victime de l’accident.
    — L’accident ?
    — Au début du mois de novembre dernier, son auto a violemment percuté une camionnette au carrefour de Gloucester Place et de Wigmore Street. Merithorpe a été transporté inconscient au London Hospital et, depuis six mois, il n’est jamais sorti du coma. En outre, sa main droite – celle avec laquelle il travaillait – est définitivement hors service. Quel gâchis ! À seulement vingt-neuf ans ! S’il n’est pas tout à fait mort, il est perdu pour la peinture.
    —  Il semble que le destin n’ait pas beaucoup épargné cet homme.
    — Après l’accident, on a retrouvé un revolver chargé dans la poche de son manteau. D’évidence, le malheureux avait dans l’idée de se supprimer.
    — Quels genres d’œuvres peignait-il ? continuai-je.
    — Des silhouettes de femme aux formes fugitives – plus exactement d’une femme, toujours la même, sorte d’archétype idéal –, au milieu de paysages ravagés et incandescents, miroirs de sa personnalité tourmentée. C’était un artiste laborieux, d’un perfectionnisme qui frôlait à l’obsession, capable de tout détruire sur un coup de tête.
    — Mais qu’est-ce que Roger Sparrow vient faire dans cette histoire ? se récria James.
    — Vers le 20 avril, Rex a été contacté par un type qui prétendait détenir deux huiles signées de la main d’Ambrose Merithorpe.
    — Et c’était le cas ? fis-je.
    — Aussi surprenant que cela puisse paraître. Au départ, mon ami était assez

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