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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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d’une nouvelle soirée à l’extérieur.
    Quand nous parvînmes à Chelsea, la nuit avait déjà pris ses aises.
    Après avoir stationné la Midget dans Oakley Street, James prit soin d’arracher de sa retraite son revolver d’ordonnance, puis nous rejoignîmes à pied les abords de Cheyne Walk, petite rue placide qui longe le Chelsea Embankment. Le numéro 19 se trouvait dans la portion basse, située entre l’Albert Bridge et Royal Hospital Road. Il était dévolu à une agréable bâtisse en brique rouge de deux étages construite sous l’époque des George, pourvue, comme celles qui lui étaient attenantes, d’un portail de fer forgé et d’une minuscule courette. Devant les habitations, de l’autre côté du trottoir, un étroit jardin, formé d’épais taillis et s’étirant sur près de deux cents yards, marquait la frontière entre la rue et l’Embankment. Plus loin, sur l’autre rive du fleuve, on apercevait l’étendue ténébreuse du parc de Battersea.
    Pour l’heure, il n’y avait presque personne dehors, et seul le bruit des voitures circulant le long du quai ou traversant la Tamise sur l’Albert Bridge rompait la parfaite quiétude de ce quartier bourgeois.
    À l’angle de Cheyne Walk et de Manor Street, nous localisâmes un coin de pénombre d’où nous pouvions observer à la fois la chaussée devant la maison de Cecily et la portion du jardin qui lui faisait face. Après une heure passée à guetter sans bouger de notre cachette, nous décidâmes de rompre la monotonie de ce régime en réalisant des rondes discrètes dans les environs.
    Le circuit était toujours le même : nous parcourions Cheyne Walk jusqu’à Royal Hospital Road, puis, rebroussant chemin par l’Embankment, de l’autre côté du jardin, nous revenions à notre point de départ. De ce fait, nous contrôlions un large périmètre autour de la maison et ne laissions jamais celle-ci sans surveillance directe plus d’une dizaine de minutes.
    La veille, Miss Teynham avait appelé son amie à neuf heures et demie. Si elle avait vu juste et qu’un inconnu avait espionné ses fenêtres deux jours de suite, il semblait qu’il y avait renoncé ce soir-là.
    — Il s’est peut-être pointé avant notre arrivée et il est reparti aussi sec en constatant qu’elle n’était pas chez elle, argua James alors que le coup de la demie de dix heures retentissait à un clocher voisin. Ç’aurait été préférable qu’il y ait de la lumière dans la maison pour faire accroire à sa présence.
    — Faisons quand même un dernier tour.
    Nous reprîmes notre circuit le long de Cheyne Walk et marchâmes en jetant de furtifs coups d’œil. À l’entrée de Royal Hospital Road, nous contournâmes le jardin et suivîmes le quai dans l’autre sens.
    Pourtant, cette fois-ci, en parvenant à hauteur du domicile de Cecily, nous crûmes entrevoir une vague silhouette dissimulée dans les fourrés.
    L’individu en question nous tournait le dos. Grâce à nos semelles de crêpe, James et moi ne faisions aucun bruit, et il ne pouvait nous avoir remarqué. Aussitôt, mon compagnon me tira par le bras et me fit reculer de trente pieds. Ensuite, après avoir sorti son Webley MK1 de son blouson, il s’enfonça entre les arbres.
    — Qu’est-ce que tu comptes faire ? chuchotai-je.
    — Si c’est le type que nous cherchons, il faut lui mettre le grappin dessus. Nous allons nous avancer au plus près sans nous faire voir. Quand ce sera le moment, on se jettera sur lui.
    Joignant le geste à la parole, il chemina avec précaution à travers la végétation. Par endroits, celle-ci était touffue et, plus d’une fois, une branche agrippa mon manteau ou les épines d’un buisson accrochèrent mon bas de pantalon.
    Après quelques secondes, nous nous étions rapprochés du mystérieux inconnu. Un rang d’arbustes nous permettait de rester à couvert. L’homme se tenait face aux fenêtres du 19. À n’en point douter, il était occupé à guetter la maison.
    En raison de l’obscurité, il nous aurait été impossible de le détailler avec précision. Toutefois, comme il avait frotté la pierre d’un briquet pour allumer une cigarette et éclairer furtivement le cadran de sa montre, nous eûmes le temps de constater qu’il était âgé d’une trentaine d’années, peut-être plus, qu’il portait les défroques d’un matelot – pantalon, veste et casquette de coutil – et que la peau de son visage était épaisse et

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