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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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chercha encore une fois à repérer le marin dans les replis ombreux de la ruelle, mais il n’y avait que les rats à oser s’aventurer dans les parages à une heure pareille.
    Il tira la poterne vers lui. Cette dernière résista, mais bientôt l’ouverture fut suffisante pour nous laisser le passage. En franchissant la voûte, une forte odeur de marée nous saisit à la gorge. La Tamise se trouvait sous nos pieds, ou plutôt sous les poutres pourries du quai sur lequel nous nous tenions, et les reflets de sa vaste étendue luisaient sous le ciel étoilé.
    Les rafales de vent se faisaient plus virulentes. Au loin, devant la rive du Surrey, on distinguait les feux d’un cargo qui remontait le fleuve en direction de l’estuaire.
    À notre droite, sur l’appontement, se trouvait une baraque en bois qui avait dû servir à une époque pas si lointaine à stocker du matériel.
    — Je vais voir si le gredin ne s’est pas caché par là, annonça James en sortant le Webley de sa poche.
    La situation ne me disait rien qui vaille, et je commençais à regretter amèrement de me trouver au beau milieu de nulle part, dans ce décor digne de Sax Rohmer narrant les méfaits du machiavélique, de l’insaisissable Fu Manchu.
    Mon compagnon avança vers la remise, en prenant garde de ne pas glisser sur les planches graisseuses du pont. L’unique réverbère de la ruelle, de l’autre côté du mur, n’était d’aucun secours, et nous étions toujours dans une nuit sans lune.
    Lorsqu’il eut atteint la cabane, un grincement aigu se fit entendre un peu plus en avant. Continuant à progresser en direction de l’endroit d’où provenait le son, la silhouette de mon compagnon disparut bientôt hors de ma vue, au-delà de la baraque, comme aspirée dans une bouche d’ombre. Pendant quelques minutes, un lourd silence s’installa, seulement rompu par le sifflement du vent, le clapot des vagues contre les pilotis et le cri lointain d’une corne de brume.
    Soudain, je perçus un bruit inquiétant – ou plutôt une série de bruits successifs : celui, bref et sec, d’un ustensile qui cogne contre un objet dur ; celui, long et saccadé, d’un corps qui roule contre les planches ; et enfin celui, terrible comme une déflagration, d’une masse qui choit lourdement dans le fleuve.
    — Jim ! hurlai-je.
    Au mépris du danger, je me précipitai jusqu’à la cabane et m’agenouillai sur le ponton.
    Le cœur serré, mes doigts agrippés au rebord pour ne pas basculer, je penchai la tête au-dessus de l’onde noire. L’écho de mouvements désordonnés parvenait à mes oreilles.
    — Jim ?
    — Tout va bien, s’époumona mon camarade en exécutant quelques brassées pour accrocher l’un des pilots entrecroisés qui soutenaient le quai.
    — Es-tu blessé ?
    — Non. J’ai seulement trébuché sur un rouleau de corde et je suis tombé dans l’eau.
    À portée de main, l’acier du revolver d’ordonnance qu’il avait laissé échapper brillait sur les planches.
    Au moment où j’allongeai le bras pour m’en saisir, il me sembla distinguer un mouvement près de la poterne. Le matelot se tenait debout, narquois, comme s’il attendait que je me lance à sa poursuite. Comment avait-il fait pour passer derrière moi sans que je le remarque ?
    J’étais à la fois soucieux de me montrer à la hauteur et avide de percer le mystère qui entourait cet individu. Sans réfléchir plus avant, galvanisé par le froid de la crosse du revolver au creux de ma paume, je me précipitai. Le marin n’attendit pas son reste et disparut par le portique.
    L’ayant franchi à mon tour, je crus un instant qu’il s’était volatilisé pour de bon, mais je l’aperçus cinquante pas plus loin, patientant au coin d’une ruelle.
    Le bonhomme se moquait de moi !
    Aussitôt que je me fus remis à courir, il s’ébranla de même. Quand j’eus atteint l’angle du chemin où il se tenait précédemment, je le vis qui franchissait le seuil d’une maison, au rez-de-chaussée d’un bâtiment à la façade lépreuse.
    En m’approchant, je constatai qu’il s’agissait en réalité d’une boutique. Des idéogrammes chinois étaient peints en jaune au-dessus de la vitrine. Les carreaux étaient si sales qu’on ne voyait rien au travers, et aucun indice ne permettait d’en apprendre davantage sur le type de commerce que l’on y pratiquait.
    L’endroit paraissait abandonné. Ne m’étais-je pas trompé en croyant voir

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