Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
Vom Netzwerk:
l’intelligence et la grâce personnifiées, poétisa James avant de s’apprêter à croquer dans un biscuit qu’il avait scrupuleusement barbouillé de marmelade.
    — C’est bien mon opinion aussi. Sir Arthur a eu décidément beaucoup de chance qu’elle ait consenti à partager sa vie. De quelle patience elle a dû faire preuve pour supporter les humeurs de cet ours mal léché !
    Je souris à la pique. Au-delà des nombreuses discordes d’ordre doctrinal qui avaient envenimé sa relation avec sir Arthur, je soupçonnais Dryden de n’avoir pas été insensible aux charmes de Mrs Doyle. Au vu de sa mine guillerette et de son regard à la lueur concupiscente, il apparaissait que cette rencontre avec la veuve du célèbre écrivain, bien que notre interlocuteur eût allègrement franchi le cap de la soixantaine, avait réveillé d’anciens emballements.
    Il essuya ses lèvres avec sa serviette, puis, l’arrachant prestement de son cou, la déposa à droite de son couvert. Vêtu d’un complet sombre en flanelle et d’une cravate en soie d’un rouge coquelicot, Dryden portait beau ce jour-là.
    — Mes chers amis ! Comme je vous l’ai dit, mon temps est compté. Nous entamons tout à l’heure un protocole d’expérimentations sur la personne d’un jeune Gallois de Cardiff doué d’édifiantes aptitudes télékinésiques, et je dois être à onze heures à Buckingham Street. Puis-je donc connaître ce mystérieux motif qui me vaut la joie de vous voir ?
    —  Télékinéquoi…  ? mastiqua James.
    — Capable de bouger des objets à distance. Selon les dires des parents, le garçon s’amusait dès sa prime enfance à faire tomber les cuillères de la table sans les effleurer.
    — Sparrow ! lançai-je. Lester Sparrow ! Avez-vous déjà entendu ce nom ?
    — Cela ne me dit rien.
    — Cet homme a été retrouvé mort il y a un peu plus de deux semaines, après avoir étranglé son frère dans leur appartement à Bethnal Green.
    — Je me souviens vaguement d’avoir lu quelque chose à ce sujet. Mais en quoi le nom de ce monsieur devrait-il m’interpeller ?
    — Selon les informations que nous avons recueillies, Mr Sparrow s’adonnait au spiritisme. À tout le moins jusqu’à il y a quelques années.
    — Ma foi, je suis loin de connaître toutes les personnes qui prêtent un intérêt au sujet. L’espoir de communiquer avec un parent ou un ami défunt est partagé par un grand nombre de personnes.
    — En fait, il se pourrait que Mr Sparrow ait été doué de facultés psychiques.
    — Médium ? Dans ce cas, il y a une chance pour qu’il figure dans mon fichier. Il s’y trouve un millier de noms environ : tous les individus, hommes et femmes, qui, eu égard à une prétendue prédisposition médiumnique, ont attiré mon attention ou suscité l’intérêt d’un de mes vaillants collègues. Certains ont droit à un rapport détaillé, d’autres à une note succincte. Cela représente près de trente ans de recherches. Veuillez me suivre ! Mais faisons vite, je vous prie ! Je dois être parti dans vingt minutes.
    Embarquant par le bras mon compagnon pour le presser d’abandonner ses tartines et sa marmelade, je sortis de la pièce et empruntai dans le sillage du médecin un grand escalier couvert de moquette rase. Quelques tableaux de facture classique et des tapisseries aux couleurs éclatantes ornaient les murs. Parvenu à l’étage, Dryden nous entraîna jusqu’à une porte, à l’extrémité d’un long corridor.
    — Entrez, et surtout ne prenez pas garde au désordre ! Il fait la désolation de mon épouse les rares fois où elle s’avise de passer la tête par l’embrasure.
    La pièce, de belles dimensions, était effectivement dans une confusion indescriptible. Des journaux et des magazines, qui avaient débordé de luxuriantes bibliothèques, s’entassaient en hautes piles sur les consoles et le plancher. Parmi les collections de périodiques, j’aperçus plusieurs rangées de numéros de la revue Light , l’organe officiel de la société, et des exemplaires de diverses publications étrangères, en particulier américaines, italiennes et françaises.
    Sur les cloisons étaient suspendus des portraits de quelques fameuses figures de la SPR – Frederic Myers, William Crookes, Alfred Russel Wallace et Henry Sidgwick en tête – et des clichés pris lors de séances spirites, figurant les traditionnelles coulées d’ectoplasme. Au-dessus d’un

Weitere Kostenlose Bücher