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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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dénaturé.
    — Au vu de l’état de cicatrisation des tissus, le Pr Marlwood estime que le pauvre garçon est dans cet état depuis environ quatre ou cinq ans.
    — Je comprends mieux pourquoi il évitait de se mêler au monde.
    — Après que son corps a été extrait de la voiture, précisa l’infirmière, on a retrouvé dans l’habitacle un chapeau à large bord et une sorte de masque vénitien en carton bouilli qu’il avait sans doute l’habitude de porter hors de chez lui. Un tel stratagème était souvent utilisé par les gueules cassées au sortir de la guerre pour cacher leurs lésions. Pour certains, on leur sculptait même des figures en cuivre à l’imitation de leur ancienne physionomie. De cette manière, ils pouvaient se présenter à leur entourage sans provoquer la frayeur. Du moins, c’était l’effet escompté.
    James s’avança vers la poche suspendue à la tringle.
    — Qu’est-ce que cela contient ? questionna-t-il en désignant le fluide.
    — Un simple mélange d’eau, de sels, de sucre et d’hydrolysat de protéines. Deux, trois heures par jour, on lui en administre une infime quantité à l’aide d’une sonde directement dans l’estomac, juste ce qu’il faut pour soutenir le métabolisme et lui permettre de continuer à assurer les fonctions vitales.
    — Ne serait-il pas plus simple de lui retirer ce tuyau une bonne fois pour toutes ? Après tout, je crois savoir que cet homme avait le dessein de se donner la mort.
    — Cet acte ne pourrait être accompli sans une décision de justice, monsieur. Même si, je ne le vous cache pas, la question se pose tous les jours au sein du personnel soignant.
    — En sus de la commotion qui l’a plongé dans le coma, intervins-je, Merithorpe présente-t-il des séquelles irréversibles ?
    — Nul traumatisme externe que nous n’ayons pu soigner, excepté le tendon de la main droite qui a été trop gravement touché. Concernant d’éventuelles atteintes cérébrales, évidemment, c’est autre chose. Il faut que le patient revienne à lui pour qu’on puisse prononcer un jugement définitif. Pour Mr Merithorpe, nos examens radiologiques n’ont révélé aucune fracture du crâne associée, ni hématome ou hémorragie méningée. Le Pr Marlwood a seulement constaté une hypertrophie de la glande pinéale.
    — À votre avis, est-ce qu’il sait ce qui lui est arrivé ? Je veux dire : se pourrait-il qu’Ambrose Merithorpe ait connaissance de sa situation et qu’il refuse de revenir parmi nous ?
    — Nous ne disposons d’aucun outil pour détecter et évaluer les degrés de la conscience. Ce qui est certain, c’est qu’il n’a jamais réagi de quelque façon aux divers stimuli que nous lui adressons. Seules les activités cardiaque et respiratoire se maintiennent, à un rythme extrêmement faible mais régulier.
    On avait revêtu le blessé d’une fine chemise de coton. Un drap couvrait ses membres inférieurs jusqu’à hauteur du nombril. Considérant que l’immobilité prolongée l’avait à coup sûr amaigri, j’évaluais qu’il avait dû être, à l’époque de ses années florissantes, sensiblement de la même taille que James, et d’un gabarit tout aussi athlétique.
    J’éprouvais un sentiment d’horreur mêlé de fascination morbide devant cette créature privée de visage, ce paria qu’une tragédie avait rendu impropre à évoluer au milieu de ses semblables, dans la haine et la répugnance de lui-même.
    — Cette chambre reçoit-elle des visiteurs ? repris-je.
    — Un collectionneur d’art, Mr Reginald Forbes, est venu s’informer régulièrement de son état de santé. Mais Ambrose Merithorpe paraissait vivre dans une extrême solitude. Quant à savoir s’il avait encore de la famille, Mr Forbes lui-même n’a pas été en mesure de nous le dire.
    — Personne d’autre n’est donc venu ici, vous en êtes certaine ?
    — Je suis catégorique. Mr Driscoll, que vous avez aperçu en bas, consigne toutes les allées et venues. Quoi qu’il en soit, s’il y avait eu d’autres visiteurs, ou si quelqu’un avait cherché à prendre de ses nouvelles, le Pr Marlwood ou moi-même en aurions été informés.
    — Connaissez-vous un certain Roger Sparrow ?
    Miss Maiden réfléchit quelques instants.
    — Cet individu aurait été engagé cet hiver au London Hospital pour de menus travaux, complétai-je.
    — Ah oui, bien sûr ! Un bon à rien, retors et mal élevé en diable. Le

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