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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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invite, mais le ton employé était ferme et résolu. Du reste, j’avais moi-même convenu dans la salle à manger du Dr Dryden qu’explorer le passé de Bertram Auber-Jones était la meilleure façon de procéder. Aussi je me laissai entraîner sans résistance en dehors de l’appartement.
    Durant tout l’après-midi, nous sillonnâmes la ville de long en large pour aller à la rencontre de ceux qui avaient côtoyé Bertram les derniers mois de son existence. En opérant de la sorte, nous piétinions les plates-bandes de Staiton et des autres gros pontes du Yard chargés de l’affaire, mais nous n’avions plus le temps d’agir différemment.
    Partout, Londres mettait la dernière touche à ses parures de gala, malgré le froid et la pluie qui tombait maintenant sans discontinuer. Les caprices du ciel étaient d’ailleurs dans toutes les bouches. Les vendeurs de journaux déclamaient à tue-tête les bulletins de l’office de météorologie qui se voulaient optimistes pour le lendemain, jour fatidique, en même temps que la nouvelle se répandait comme une traînée de poudre que le Premier ministre et son épouse avaient renoncé un peu plus tôt à la garden-party prévue à Downing Street pour les invités de marque.
    Nous nous rendîmes dans un premier temps chez David Bishop, à son appartement de Frith Street. Malgré sa bonne volonté, celui-ci ne nous fut pas d’un grand secours. Il n’avait jamais entendu parler d’Ambrose Merithorpe, ni de quelque artiste que ce fût dont le visage était à ce point dévasté qu’il avait été contraint de se tenir à l’écart de ses pairs.
    Une réponse du même tonneau nous fut livrée tour à tour par l’histrionnant Edwin Blyton, logeant à Soho, et un certain Sherard Kellett Mure, dont l’atelier se situait sur Hercules Road, à Lambeth – deux peintres qui avaient l’habitude de fréquenter de nombreux cercles de la capitale et vers lesquels Bishop, navré de ne pouvoir nous être utile, nous avait dirigés.
    Un peu plus tard, nous ne connûmes pas davantage de succès à l’antenne locale du parti travailliste de Hanover Square – c’est là qu’Auber-Jones avait démarré sa carrière politique, et, selon les dires du même Bishop, il y avait conservé de nombreuses amitiés –, ni à celle de Sutton Court Road, à Chiswick, circonscription dont il ambitionnait de se faire élire bientôt député. De même, du côté de son bureau du Temple, où il tenait consultation trois jours par semaine, nous fîmes chou blanc tant auprès de ses deux avocats associés que de l’unique secrétaire du cabinet, une jeune femme arborant des cheveux platine à la Jean Harlow… et nantie de la même voix nasillarde.
    Pour tous, le nom de l’artiste peintre était strictement inconnu. À les entendre, Bertram Auber-Jones n’était lié en aucune façon à ce monsieur, et c’était même à croire que Merithorpe n’avait jamais eu d’existence réelle, ce dont nous aurions pu finir par douter si nous n’avions vu ce matin-là son corps reposant sur un lit au London Hospital.
    Aux environs de sept heures, nous nous présentâmes au Burlington Fine Arts Club. Contrairement à la veille, Philip ne fit pas barrage à notre introduction dans les locaux de l’établissement et il nous escorta même jusqu’à l’un des salons de l’étage. Avec l’aide de Franck Talbot, nous fîmes le point sur les informations en notre possession concernant Merithorpe. Talbot nous mit également en relation avec son ami Reginald Forbes, dans son manoir de Riverside Drive, sur les bords du fleuve Hudson. Ce n’était que le début d’après-midi à New York, et Mr Forbes, qui finissait de déjeuner, se plia de bonne grâce à un interrogatoire téléphonique. Las, l’armateur retraité ignorait aussi bien l’époque précise à laquelle Merithorpe avait rallié la capitale britannique que la région dont il était originaire. Pour ce qui était de l’accident qui avait fait de son existence un perpétuel supplice, il n’en savait pas plus que ce que Talbot nous avait déjà raconté. Quant à l’éventualité que le peintre ait connu Bertram Auber-Jones à Londres dans un passé récent, au vu de l’extrême solitude dans laquelle il vivait, la chose lui paraissait tout à fait improbable.
    À l’issue de cette journée de prospection, nous n’étions pas vraiment plus éclairés. Même l’ultime tentative que nous effectuâmes en nous rendant à l’ancien

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