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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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atelier du peintre à Old Hampstead, alors que la nuit était tombée depuis longtemps, ne nous mena à rien. La petite maison, qui se situait au coin de Holly Walk et de Mount Vernon, avait bien été relouée, et les nouveaux locataires n’étaient au courant de rien concernant celui qui les avait précédés dans les lieux.
    Avais-je fait fausse route en supposant que l’artiste et le politicien se connaissaient de longue date, et que le premier avait une première fois manqué d’assassiner le second plusieurs mois auparavant ? Pire encore : l’esprit désincarné de Merithorpe était-il assurément le tueur que l’on recherchait ?
    Les idées s’embrouillaient dans ma tête. Je ne parvenais plus à faire la part des choses, et je sentais ma brumeuse théorie qui vacillait tel un fragile château de cartes.
    En revenant d’Hampstead, voyant mon air abattu, James proposa de nous refaire une santé en mangeant un morceau. Un nouveau restaurant indien venait d’ouvrir ses portes près de la station de Camden Town, et nous y demeurâmes une bonne partie de la soirée. Sur place, je rappelai Miss Abbott, qui m’informa que Cecily n’était toujours pas rentrée. En conséquence, notre visite attendrait le lendemain. Quant à James, il téléphona à Mabel Pilgrim afin de lui prouver qu’elle demeurait plus que jamais au centre de ses attentions et convenir avec elle d’un rendez-vous pour le mercredi soir, à l’heure où les réjouissances battraient leur plein.
    Partout dans les rues, des cortèges de piétons, de tous âges et toutes conditions, chargés de manteaux épais, de châles, d’une réserve de sandwiches et parfois même de toiles de tentes pour les aider à passer la nuit, étaient déjà en marche vers le district de Westminster, à la recherche des emplacements les plus favorables.
    Malgré l’envie que je devinais chez mon compagnon de s’abandonner jusqu’à l’aube à la fièvre ambiante, il se résolut vers une heure du matin à refluer vers Montague Street.
    À notre retour dans l’appartement, je gagnai ma chambre sans réclamer mon reste. La débauche d’activité déployée durant l’après-midi m’avait évité de ressasser ma rencontre avec Aleister Crowley. Toutefois, à peine m’étais-je étendu sur ma couche que défila à nouveau dans mon esprit l’incroyable scène au York Hotel et le mystérieux « présent » qui m’avait été octroyé.
    Je glissai ma main dans ma poche en quête de la petite boîte. L’ayant amenée à la lumière de la lampe de chevet, j’ouvris le couvercle avec précaution.
    Que valait vraiment cette pommade rosâtre, d’aspect tellement inoffensif ? Crowley s’était-il joué de moi en m’en vantant les mérites ? Était-ce bien la drogue astrale dont maints adeptes de l’Aube dorée avaient abusé avant-guerre et qui avait prétendument le pouvoir d’éveiller le Serpent de feu ?
    J’avais d’abord cru l’onguent inodore, mais il apparaissait maintenant qu’il exhalait une odeur vaguement balsamique, intense, profonde, qui se complexifiait à mesure que les secondes s’égrenaient.
    Devant moi, la fenêtre qui donnait sur l’arrière du British Museum n’affichait qu’un carré de nuit opaque.
    Les conditions étaient réunies. Que risquais-je à tenter l’expérience ? Tout au plus une méchante migraine.
    Je me levai pour me dévêtir, me contraignant à agir sereinement, sans précipitation excessive, prenant le temps de déposer avec soin mes habits sur la chaise. Une fois que mon corps fut entièrement nu, je m’allongeai à nouveau sur le lit, par-dessus les draps, et j’éteignis la lumière.
    L’odeur s’était répandue insidieusement dans la chambre, toujours plus obsédante. Sans plus de délai, je plongeai le doigt dans la boîte et prélevai une bonne mesure de pâte. La texture était douce, grasse, presque gélatineuse. Je commençai à m’oindre le corps conformément aux recommandations qui m’avaient été fournies, traçant avec le bout de l’index et du majeur accolés de petits cercles sur la peau, selon un rythme continu. J’opérai depuis la plante des pieds jusqu’à la partie haute du corps, insistant sur les endroits attachés aux organes sensitifs – paupières, oreilles, narines et pourtour des lèvres.
    Dans un premier temps, il ne se passa rien de particulier. Après trois ou quatre minutes cependant, j’éprouvais la sensation que la pommade prenait peu à peu

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