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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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certains expédients. C’est ainsi que je me suis rendu compte que la recette de leur soma n’était pas fondamentalement éloignée de celle de l’onguent magique de nos sorcières du Moyen Âge, quoique composée à base de plantes vénéneuses très différentes.
    — Les sorcières ?
    — Bien sûr ! Croyez-vous qu’elles chevauchaient véritablement des manches à balai pour se transporter au Sabbat dans les forêts de France et d’Angleterre ? En réalité, elles s’enduisaient d’une sorte de graisse épaisse qui leur permettait de s’y rendre en astral, alors que leur corps physique ne quittait pas le grabat de paille sur lequel il reposait.
    — Est-ce de l’un de ces onguents dont on a usé au sein de l’Aube dorée ? J’ai entendu dire qu’il y avait eu plusieurs accidents juste avant la guerre.
    — Les accidents dont vous parlez étaient surtout dus au fait que des écervelés ont, de manière délibérée, consommé tout et n’importe quoi sous prétexte de goûter à des émotions fortes et inédites. Je n’y suis strictement pour rien, veuillez bien le croire ! À cette époque, cela faisait déjà belle lurette que je n’avais plus aucune relation avec ces minus habens 3 .
    Il s’interrompit le temps d’achever un reste de champagne au fond de sa coupe, puis il poursuivit :
    — Une sortie en astral n’est pas un passe-temps pour midinettes ou jeunes cabots en mal de sensations fortes. Pour s’y hasarder, il faut non seulement être doué du « don » comme vous paraissez l’être, jeune homme – les visions dont vous êtes le sujet l’établissent suffisamment –, mais surtout il faut s’en montrer digne. Pensez-vous que vous le soyez ?
    — Comment… comment savez-vous pour mes visions ? Qu’est-ce qui vous fait croire… ?
    — Ce que je ne vous ai pas dit, c’est que les chamans de la cordillère ont, dès son plus jeune âge, décelé chez Eva un rare talent de clairvoyance. Ainsi, outre le fait que vous l’attirez du point de vue sexuel – et qu’elle vous attire tout autant, chose dont je ne me formalise en aucun cas, remarquez bien ! –, elle parvient à lire en vous aussi aisément que si vous lui confiiez tout haut vos sentiments les plus intimes. Je sais, ce n’est pas une sensation très plaisante, mais on s’y fait. Cela comporte aussi quelques avantages.
    J’ânonnai laborieusement le début d’une justification, ce qui eut l’heur de provoquer à nouveau le fou rire chez mon hôte.
    — Allons, allons ! continua Crowley en respirant à pleins poumons pour calmer son hilarité. Ne vous méprenez pas ! Je ne cherche nullement à vous dissuader de quoi que ce soit, j’essaie seulement de comprendre si vous avez connaissance de vos motivations profondes. Pourquoi voulez-vous tenter l’expérience ? Est-ce l’attachement à un être aimé qui a quitté ce monde ? Le désir incoercible de connaître ce qui se dissimule derrière les apparences ? Un certain dégoût de la vie ? Ou bien un peu de tout cela à la fois ?
    La jeune femme s’était levée. Sous l’étoffe de sa robe écarlate, je pouvais discerner les palpitations régulières de son cœur. Le mien, lui, battait à tout rompre, tandis que mes muscles étaient comme tétanisés.
    Elle s’approcha de moi et me saisit la main, me considérant longuement, le regard fiché au plus profond de moi.
    Soudain, elle croisa son index dans le mien pour me convier à la suivre vers la chambre, de l’autre côté du salon. À mi-chemin, je lâchai son doigt. Elle se retourna et me sourit, avant de continuer seule son chemin et de disparaître en repoussant derrière elle le battant.
    — Êtes-vous certain de ne pas vouloir la rejoindre pour une étreinte ? Dans quelques heures, nous serons en route pour le Continent, et rares sont les hommes qui peuvent se targuer d’avoir obtenu ses faveurs.
    Allongé sur son canapé, Crowley continuait de picorer dans le plat, prenant soin de choisir les morceaux les plus fardés de poudre et léchant ensuite ses doigts aux ongles manucurés pour ne pas en gaspiller un grain.
    Je demeurai toujours immobile au milieu de la pièce, ne sachant que faire. Enfin, la porte se rouvrit et Eva réapparut sur le seuil de la chambre, toujours aussi éblouissante. Aucune marque de reproche ne se lisait sur son visage.
    Alors qu’elle s’avançait à nouveau dans ma direction, je remarquai une petite boîte ronde logée au creux de sa main. Quand

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