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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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lié à vous ?
    Les digues de souvenirs trop longtemps refoulés étaient en train de céder.
    — Répondez, Cecily !
    — Nous nous aimions tous deux, d’un amour absolu et sans partage. À l’époque, j’étais certaine qu’il deviendrait un artiste au talent reconnu et que ses tableaux feraient l’admiration de tous.
    — Et puis il y a eu cet affreux drame. Racontez-moi !
    — Cela s’est produit plusieurs années après notre départ de l’institution. Nous vivions à Liverpool, dans un garni attenant à son atelier. J’étais absente cette fin d’après-midi-là, j’avais des répétitions au théâtre. Au moment de préparer ses couleurs, une bouteille de solvant s’est renversée, dont le contenu est entré en contact avec la flamme d’une bougie. Le produit s’est embrasé d’un coup, et une boule de feu lui a explosé au visage. Étourdi par les vapeurs d’essence, il n’a dû la vie sauve qu’au fait qu’un voisin avait prévenu les secours. Ambrose est resté plusieurs mois dans un service pour grands brûlés, sans que je puisse l’approcher une seule fois. Il avait interdit aux infirmières que j’entrevoie le monstre qu’il était selon lui devenu.
    — Que s’est-il passé ensuite ?
    — Un jour, j’ai appris qu’il était parti. Il avait laissé une lettre pour moi où il expliquait qu’il fuyait loin, très loin, en Nouvelle-Zélande ou en Australie.
    — Quand l’accident a-t-il eu lieu ?
    — Le 16 décembre 1932.
    — Et vous ne l’avez jamais revu ?
    — Jamais.
    — Vous ne saviez donc pas qu’il était à Londres toutes ces années.
    — À Londres ?
    Cecily s’effondra. Je voulus m’approcher d’elle, mais Lucy veillait au grain.
    — C’en est trop ! réagit celle-ci en me faisant signe de reculer avec le canon de son revolver. Puisque vous ne nous voulez aucun mal, j’imagine qu’il vous importera peu que la police participe à notre causerie. Plus on est de fous…
    — Ce n’est pas possible ! Il ne peut pas être ici !
    — Ambrose se trouve depuis six mois dans… dans un coma profond au London Hospital, suite à un accident de voiture. Lucy, appelez le service du Pr Marlwood, si vous doutez de moi ! Il y est connu sous le nom d’Ambrose Merithorpe. Allez-y, appelez ! Je… je vous en conjure.
    Lucy consulta son amie du regard. Comme celle-ci opinait du chef, la jeune femme blonde parut pour la première fois encline à répondre de manière favorable à l’une de mes requêtes.
    De sa main libre, elle empoigna le cornet du téléphone et se mit en liaison avec le London Hospital. Une fois qu’elle obtint le service demandé, elle s’informa de la présence d’un certain Ambrose Merithorpe. Cependant, contre toute attente, elle parut avoir le plus grand mal à être renseignée, et ce n’est qu’après avoir renouvelé plusieurs fois sa demande, et fait montre d’un bel acharnement, qu’elle raccrocha enfin.
    À voir la mine qu’affichait le visage de Miss Abbott, je présageai que le vent ne soufflait pas en ma faveur.
    — Ce Merithorpe dont vous nous rabâchez les oreilles, eh bien, il a pris la poudre d’escampette ! Plus exactement, son corps a été sorti de sa chambre en pleine nuit et emporté dans un fourgon par deux individus qui n’ont pu être formellement identifiés. Bien sûr, vous allez me soutenir que vous n’avez rien à voir avec tout ça, pas vrai ?
    Sous le coup de la nouvelle, je chancelai et dus me soutenir contre le mur. Il me fallut quelques secondes avant de pouvoir reprendre mes esprits.
    Quand bien même le peintre exécrait cette image dénaturée de lui-même, son enveloppe lui était indispensable pour vivre. D’un certain point de vue, elle était son unique point faible. Mais à présent que Merithorpe avait réussi à la placer à l’abri, il n’était plus possible d’avoir barre sur son ego désincarné.
    Malgré tout, j’étais décidé à me battre jusqu’au bout.
    — Ambrose a tué votre fiancé, Miss Teynham ! annonçai-je sans ménagement.
    Elle me dévisagea, interdite.
    — Vous mentez !
    — Vous venez de dire qu’il était dans le coma ! fit remarquer Miss Abbott.
    — Son esprit a développé la faculté de s’approprier d’autres corps. C’est lui qui a volé le mien, et c’est probablement lui qui, incarné dans mon effigie, vient de perpétrer le larcin à l’hôpital.
    — Ce type est décidément fou à lier !
    Lucy avait à nouveau

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