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Le Serpent de feu

Le Serpent de feu

Titel: Le Serpent de feu Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Fabrice Bourland
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quand un bruit familier rompit le silence de la maisonnée. Dans la rue, quelqu’un secouait à tout rompre le clocheton du perron.
    Je m’approchai de la porte de l’appartement, dont le verrou n’avait pas été repoussé. L’ayant entrebâillé, j’entendis en bas Miss Sigwarth qui se hâtait d’aller ouvrir.
    — En voilà des façons ! Pourquoi ce tintamarre ?
    — J’ai besoin de toute urgence d’accéder à l’appartement de vos deux locataires !
    D’où je me tenais, je ne pouvais apercevoir la porte d’entrée, mais je reconnus d’emblée celui qui venait de mugir. Sur le moment, la voix de stentor d’Harold Staiton fut presque un réconfort.
    — Et en quel honneur, je vous prie ? riposta la logeuse qui n’avait pas oublié le dédain avec lequel l’inspecteur l’avait traitée la dernière fois qu’il avait foulé le plancher de sa maison.
    J’allais m’élancer sur le palier quand, outre le fait que je pris brusquement conscience d’occuper le corps d’un homme soupçonné de meurtre par la police et dont le portrait avait été diffusé dans tous les journaux du pays, les répliques qui suivirent achevèrent de me convaincre de ne pas bouger.
    — Singleton m’a appelé, très pressé, me soutenant qu’il avait mis la main sur le tueur de Curzon Street et que je n’avais plus qu’à venir le cueillir dans son salon. Il prétendait aussi que lui et son compère ne pouvaient m’y attendre. Une mission urgente à terminer, paraît-il. Ah çà ! Je vous promets que si nos deux lascars m’ont débité des sornettes, je me ferai une joie de leur faire rentrer leur longueur dans leur largeur !
    — Cette histoire est parfaitement ridicule. Mr Singleton et Mr Trelawney ne se seraient jamais permis d’héberger un criminel sous mon toit !
    — C’est ce qu’on va savoir tout de suite, ma bonne dame. Permettez que mes hommes et moi-même montions jeter un coup d’œil !
    Je repoussai aussitôt la porte et tirai le verrou pour les retenir.
    Il était inutile de parlementer, Staiton n’aurait jamais donné crédit à mes explications. Au contraire, il aurait été trop heureux d’appréhender le meurtrier d’Auber-Jones à quelques heures du couronnement.
    Sans perdre une seconde, après avoir saisi au vol un chapeau et prélevé quelques pièces dans la caisse commune, je me précipitai vers la croisée à guillotine. Il y avait huit pieds entre la fenêtre et la chaussée, mais le plus grand danger, c’était la grille qui cernait le sous-sol et ses redoutables montants armés de piques. Je soulevai le châssis, passai le corps par-dessus la balustrade et me laissai péniblement glisser pour m’accrocher au barreau. Puis, oscillant au-dessus de la clôture pour prendre assez d’élan, je l’évitai d’extrême justesse et sautai sur le trottoir, sans me faire remarquer d’un petit groupe qui descendait la rue en provenance des gares voisines.
    J’ignorais le nombre d’agents avec lesquels Staiton avait fait le voyage. En tout cas, aucun d’entre eux ne s’était posté devant l’entrée extérieure. Ainsi, lorsque l’inspecteur, après avoir bataillé pour ouvrir la porte de l’appartement, pencha la tête par la fenêtre, j’avais eu le temps de gagner l’angle de Russell Square.
     
    Le ciel était aussi couvert que la veille, mais, en cette date historique où tous les regards du monde étaient tournés vers Londres, il semblait vouloir se retenir de pleuvoir. Une brise froide achevait de dissiper la brume et agitait les guirlandes qui donnaient partout un air de fête à la cité.
    Je savais gré à Staiton de m’avoir alerté à son insu que c’était l’esprit de Merithorpe qui avait pris possession de mon corps. L’inspecteur était persuadé de m’avoir reconnu au téléphone. Qui d’autre que le peintre se serait amusé à l’abuser de la sorte ? Pour autant, je ne saisissais pas bien le but de ce coup de fil. Pourquoi s’être dépêché d’expédier Staiton à Montague Street ? Voulait-il, en livrant la momie aux mains de la police, écarter tout risque de me voir l’utiliser à mon tour ?
    Enfin – et c’était le second point incontestable sur lequel je pouvais me fonder –, Merithorpe avait de toute évidence franchi un cap supplémentaire dans son aptitude à prendre corps. Il paraissait en mesure d’investir n’importe quelle enveloppe vivante, et plus seulement des cadavres momifiés. Là où il avait échoué en

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