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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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de la place et s’arrêter quelques instants.
    Il imagine le monument auquel il songe depuis longtemps, peut-être depuis que Fontanes, l’amant de sa soeur Élisa, le compare sans cesse à Charlemagne.
    Il descend de voiture, marche jusqu’au milieu de la place. Peut-être est-il en effet de la race des bâtisseurs d’empire ?
    Des passants se sont arrêtés et l’acclament. Il remonte en voiture et commence à dicter.
    « Il sera élevé à Paris, au centre de la place Vendôme, dicte-t-il, une colonne à l’instar de celle érigée à Rome en l’honneur de Trajan. La colonne sera surmontée d’un piédestal terminé en demi-cercle, orné de feuilles d’olivier et supportant la statue pédestre de Charlemagne. »
     
    Il gagne son cabinet. Il continue de dicter. Il faut que toutes les fonderies de la République soient au travail, jour et nuit.
    Il marche, les mains derrière le dos. Il prise.
    Il faut prendre les dispositions pour armer et atteler quatre cents bouches à feu de campagne, sans compter l’artillerie de siège.
    Où en sont les constructions de chaloupes ?
    Il harcèle les chefs de chantier par de brèves dépêches, qu’on fait porter par courrier, quai de la Rapée et quai de Bercy.
    Il faut que les troupes manoeuvrent par tout temps, que les bâtiments sortent en mer, affrontent les frégates anglaises. Il faut construire des forts à l’entrée de Boulogne. Il faut, il faut, il faut…
    Il veut tout voir par lui-même.
    Il monte dans une péniche, quai des Invalides, et il commande la manoeuvre cependant que, sur les berges, la foule s’agglutine, le reconnaît, l’applaudit. Il se met aux avirons, en aval du pont de la Concorde.
    Il voudrait pouvoir ramer ainsi jusqu’à Londres.
    Bientôt il sera à la tête de la « Grande Armée » d’Angleterre, et le temps viendra de l’invasion.
     
    Il reçoit Philippe de Cobenzl, le cousin du chancelier d’Autriche. Il devine Cobenzl à l’affût d’informations. Vienne, comme Berlin, ne sait que penser de cette guerre qui commence. Les Autrichiens ont vu leur influence réduite en Allemagne, depuis la réorganisation sous inspiration française des principautés allemandes. L’empereur d’Autriche ne sera plus jamais empereur d’Allemagne.
    J’ai obtenu cela.
    — Les guerres inévitables sont toujours justes, commence Napoléon.
    Puis, d’une voix égale, comme si cela n’avait aucune importance, il ajoute :
    — Cette guerre entraînera nécessairement après elle une guerre sur le continent. Pour ce cas…
    Il observe Cobenzl. L’homme fera son rapport à Vienne. Les choses ainsi seront claires.
    — Pour ce cas, reprend Napoléon, je devrais avoir de mon côté l’Autriche ou la Prusse. Il me sera toujours facile de gagner la Prusse en lui donnant un os à ronger. Je n’ai en Europe que l’Autriche à redouter.
    À Vienne de décider quel sera son camp. Il scrute le visage de Cobenzl.
    L’Autriche se déterminera en raison de ma force ou de ma faiblesse. Est-il une autre loi ?
    Il faut donc que je sois fort, invincible.
    Et, pour cela, il faut qu’il veille personnellement à chaque détail.
    Il va donc inspecter le camp de Boulogne, y choisir des résidences fixes qu’il retrouvera à chacun de ses séjours. Il participera aux manoeuvres des troupes. Il veut les voir embarquer puis débarquer.
    Il dit à Duroc : « La présence du général est indispensable : c’est la tête, c’est le tout d’une armée. »
    Il partira donc pour Boulogne le 24 juin 1803.
     
    Il a décidé de l’importance du cortège qui visitera d’abord les villes du Nord. Il veut un détachement de la garde consulaire, des aides de camp, le ministre de la Marine Decrès, et celui de l’Intérieur Chaptal, l’amiral Bruix, les généraux Soult, Marmont, Duroc, Moncey et Lauriston.
    Le matin du départ, il choisit avec soin son uniforme. Commander, c’est être vu. Il portera celui des chasseurs des Guides, habit vert, garniture orange, et le petit chapeau de feutre noir sans galon mais avec une cocarde tricolore.
    Il entre dans les appartements de Joséphine. Il veut qu’elle soit du voyage, comme une souveraine accompagne le roi.
    Il s’approche d’elle, touche les plis de la tunique de mousseline de l’Inde et secoue la tête.
    Il aime mieux, dit-il, qu’elle porte des vêtements de couleur, en taffetas ou en satin de soie qu’on fabrique à Lyon, et non ces tuniques en tissu anglais.
    Il ne l’écoute pas cependant qu’elle

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