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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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les arrestations, de la réalité du complot.
    Napoléon retourne à sa table de travail. Il a fait sortir des archives du ministère de la Police les pièces qui concernent la conspiration de Rennes, ces libelles rédigés et expédiés par des officiers proches du général Bernadotte. C’était il y a près de deux ans. Des placards avaient couvert les murs de Rennes.
    Il retrouve les rapports de police qui reproduisent les textes de ces affiches parfois manuscrites :
    Vive la République ! Mort à ses ennemis !
    Vive Moreau !
    Mort au Premier consul et à ses partisans !
    Moreau ! La conspiration est donc profonde, ancienne. Il n’a pas encore réussi à plier ces quelques officiers qui, depuis plusieurs années, s’opposent souterrainement mais prudemment à lui.
    Il se souvient. En 1797, au temps du 18 fructidor, Moreau avait saisi dans les bagages du général autrichien Klinglin des papiers qui révélaient que Pichegru, déjà, avait partie liée avec les princes et l’ennemi. Moreau n’avait remis ces papiers qu’au moment où l’échec des royalistes à Paris était avéré.
    Voilà le vieux lien.
    Il faut en finir.
    Il convoque Roederer.
    Il le regarde s’avancer. Roederer fait partie des hommes qui ont lié leur sort au sien.
    Napoléon pousse vers Roederer les documents saisis par Moreau. Que Roederer les analyse.
    Roederer s’indigne. Comment peut-on, dans l’opinion, accorder encore quelque crédit à Moreau ?
    Napoléon va jusqu’à la fenêtre.
    — On ne me connaît pas encore, dit-il d’une voix sourde. Je n’ai pas assez fait pour être connu.
    Roederer s’étonne, secoue la tête.
    — J’estime les Parisiens de cette défiance, reprend Napoléon. C’est une preuve qu’ils ne se livrent pas en esclaves au premier venu.
    Il regarde à nouveau dehors.
    — Je vous ai toujours dit qu’il me fallait dix ans pour exécuter mon plan, dit-il d’une voix saccadée. Je ne fais que commencer.
     
    Il reste seul.
    Il se sent fort. Il est fait pour présider aux grandes destinées du pays. Il est le seul capable de répondre à l’attente de la nation française. Il ne veut livrer la France ni à la haine de l’émigration, des Cadoudal, des Polignac, des princes, des Bourbons, ni l’abandonner au parti opposé. « Il est l’homme fait pour tout fixer. »
    Et pour cela, il faut réorganiser une monarchie autour de lui, par lui, en lui.
    Peut-être cette conspiration crée-t-elle le moment où il peut agir.
    Il écrase les comploteurs. Et il fonde sa dynastie.
    Il est tendu, comme si tout son corps vibrait.
     
    Ménéval apporte les rapports qui viennent de parvenir aux Tuileries.
    L’un d’eux annonce l’arrestation du major Rusillon. Le royaliste confirme que Cadoudal est toujours à Paris et qu’il a rencontré Moreau et Pichegru. Rusillon, précise le rapport, a avoué tout ce qu’il sait « avec une naïveté voisine de la niaiserie ». Et ce sont ces hommes-là qui voudraient conduire cette nation, alors qu’ils ne sont que des intrigants maladroits, aveugles, incapables !
    Napoléon ouvre rapidement un autre dossier et y découvre le rapport de Méhée de La Touche.
    Il n’ignore rien de cet agent secret, un maître espion qui est passé d’un camp à l’autre.
    Il feuillette les quelques feuilles du rapport. L’homme est au mieux avec les Anglais qui l’ont recruté, lui qui a été successivement au service de Louis XVI et de Danton, puis a trempé dans les massacres de septembre avant de renseigner la police du Directoire, puis Fouché.
    Un nom revient dans son rapport, « Louis-Antoine Henry de Bourbon, le duc d’Enghien ». Ce prince se trouverait dans le pays de Bade, à proximité de la frontière française, à Ettenheim. Il entretiendrait des relations suivies avec les royalistes d’Alsace et des émigrés rassemblés à Offenburg.
    Un prince de sang cousin de Louis XVIII, un Condé, un Bourbon.
    Peut-être le prince attendu, capable de rentrer facilement en France, si l’on me tue .
    Napoléon veut voir Réal, immédiatement. Qu’on sache tout du duc d’Enghien, qu’on fasse enquêter par la gendarmerie du général Moncey pour confirmer la présence du prince de sang à Ettenheim.
     
    Peut-être est-ce enfin le mystère levé et l’occasion de frapper un grand coup. Napoléon réclame à Desmarets des renseignements sur le duc d’Enghien.
    Quelques heures plus tard, il peut lire les rapports de police. Le duc a servi comme général dans

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