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Le soleil d'Austerlitz

Le soleil d'Austerlitz

Titel: Le soleil d'Austerlitz Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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française dont je suis l’homme.
    Il regarde Cambacérès, dont le visage s’est affaissé.
    — La mort, reprend Napoléon, c’est le seul moyen de forcer la Maison de Bourbon à renoncer à ses abominables entreprises… Lorsqu’on est aussi avancé, il n’est plus possible de reculer.
     
    Il commence à chercher parmi les cartes, appelle Méneval.
    — Aidez-moi à retrouver un plan du cours du Rhin, dit-il avec un mouvement d’impatience.
    C’est déjà le milieu de la nuit. Il suit du doigt les berges du fleuve, s’arrête sur les villages, les ponts. Quand le général Berthier, puis le général Caulaincourt sont annoncés, il les fait entrer, demande à Berthier de prendre la plume et, d’une voix tendue, il commence à dicter, si vite qu’il doit parfois se reprendre pour que Berthier puisse noter.
    — Vous voudrez bien, citoyen général, donner ordre au général Ordener, que je mets à cet effet à votre disposition, de se rendre dans la nuit, en poste, à Strasbourg. Il voyagera sous un autre nom que le sien ; il verra le général de division.
    « Le but de sa mission est de se porter sur Ettenheim, de cerner la ville, d’y enlever le duc d’Enghien, Dumouriez, un colonel anglais et tout autre individu qui serait de leur suite…
    « Les troupes prendront du pain pour quatre jours et se muniront de cartouches…
    « Les deux généraux auront soin que la plus grande discipline règne, que les troupes n’exigent rien des habitants, vous leur ferez donner à cet effet douze mille francs…
    « Vous ordonnerez de faire arrêter le maître de poste de Kehl et autres individus qui pourraient donner des renseigenements…
    Pour la première fois depuis la découverte de cette conspiration, depuis des semaines donc, il éprouve à dicter un soulagement joyeux.
    C’est comme s’il s’était mis enfin à commander le feu sur la redoute principale, ou à charger, comme à Toulon, il y a déjà si longtemps, à la tête des troupes. Il agit. Il est sûr d’avoir choisi la meilleure stratégie. Et alors que Berthier lui présente l’ordre à signer, il relit en un seul coup d’oeil les dispositions qu’il a dictées.
    Il a tout prévu. Mille soixante-cinq hommes en tout, une petite armée, doivent participer à l’action. Mais il sait qu’il ne faut jamais lésiner sur les effectifs, même pour une opération de ce genre. Il faut toujours pouvoir écraser l’ennemi sous le nombre. Et, quand on s’engage dans une action, il faut tout mettre en oeuvre pour la réussir.
    Berthier se précipite hors de la pièce. Bon général, Berthier, fidèle et précis. Napoléon l’entend qui donne ses consignes au général Ordener, qui vient d’arriver au palais.
    Maintenant, il faut patienter.
     
    Il préside le Conseil quotidien. Il sent la tension de Cambacérès et de Lebrun, de Talleyrand, des ministres. Il est au contraire apaisé. Il a confiance dans la machine qu’il a lancée et dont il a mis en place tous les rouages. Le reste n’est plus qu’une question de bonne fortune.
    Il écrit à quelques officiers, Soult, Marmont. Les hommes ont besoin de partager, ou de croire partager, les secrets de celui qui les commande. C’est ainsi que l’on crée autour de soi le petit groupe de fidèles sans lequel il n’est pas de pouvoir.
    « Paris est toujours cerné, explique-t-il à Soult le 12 mars, et le sera jusqu’à ce que ces brigands soient arrêtés. Je vous dirai pour vous seul que j’ai l’espoir de prendre Dumouriez. Ce misérable est près de nos frontières. »
     
    Il s’installe à la Malmaison. Le parc commence à verdir. Il s’y promène longuement, évitant de parler à Joséphine. Elle est aux aguets. Peut-être quelqu’un l’a-t-il informée ? Il imagine ses sentiments et ceux de son entourage, de Mme de Rémusat. Il a désiré que les dames de compagnie de Joséphine appartiennent à la noblesse, parce qu’il veut réaliser la fusion des Français. Mais il sait bien que l’enlèvement du duc d’Enghien rouvrira des blessures, qu’il devra aussitôt les cautériser en allant plus loin, plus haut, vite, pour ne pas laisser le trouble durer et s’étendre.
    Il va de son cabinet au petit pont, il marche dans les allées. Parfois il sort malgré la pluie et le vent. Il fait de longues chevauchées.
    Peut-il fonder une dynastie sur le corps d’un Bourbon ? Si la mort d’un prince donne naissance à un monarque, si une famille succède à une autre, alors la blessure

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