Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le souffle du jasmin

Le souffle du jasmin

Titel: Le souffle du jasmin Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gilbert Sinoué
Vom Netzwerk:
revenu
clandestinement en Palestine, ramenant dans ses bagages une centaine de
volontaires.
    – Où comptes-tu aller ?
questionna Mourad
    – En Irak. J’y serai en sécurité et
l’on m’y attend les bras ouverts.
    – Qui donc ?
    – Rachid el-Keylani. C'est lui,
l'avenir de l'Irak.
    – Rachid ? Le neveu de feu Abdel
Rahman ?
    – Lui-même.
    – En quoi pourra-t-il te venir en aide ? Que je sache, depuis qu'il
a été évincé par ce scorpion de Nouri el-Saïd, il ne fait plus grand-chose.
    Abd el-Kader esquissa un sourire énigmatique.
    – Tu as raison. Mais si ne rien faire est une chose, ne rien pouvoir
faire en est une autre.
    Un bruit de moteur retentit, suivi d'un crissement de freins sur le gravier.
    – L’heure est venue, mes amis.
    Abd el-Kader donna l'accolade à ses deux beaux-frères et leur
recommanda :
    – Je vous confie ma femme et mon fils. Ils sont ce qui me reste de plus
sacré.
    – Bien sûr. Ne t'inquiète pas. Au péril de nos vies, nous les garderons
sous notre protection.
    Le chef palestinien embrassa Samia tendrement.
    – Je vais revenir, ma chérie. Je vais revenir...
    Et il posa ses lèvres sur le front de Hussein.
    —                   Sois fort, mon lion.
     
     
    *
     
     
    Damas, 1 er octobre 1938
     
     
    Les domestiques avaient allumé les braseros sur ordre du maître de
maison, Hachem el-Atassi, premier président de la République syrienne, et
ranimé les brûle-parfums dans le salon réservé aux hôtes de marque. Du maassal , un tabac aromatisé au miel et à la pomme, était posé dans une coupe près d'un narguilé. On avait
disposé une dizaine de cigarettes Mourad à bout doré dans un plateau en argent
ciselé. Rien ne manquait. L'ex-Premier ministre de Fayçal connaissait depuis
longtemps les habitudes de chacun de ses invités.
    Le docteur Abdel Rahman Shahbandar, qui avait été son ministre des
Affaires étrangères, craignait les courants d'air.
    Shukri el-Kuwatli ne fumait que du maassal .
      Le seul pour qui le président n'avait
rien prévu, c’était le Français, Jean-François Levent. Il avait une excuse :
il ne l’avait c roisé qu’une
seule fois, vingt ans plus tôt, et leur entrevue avait été aussi brève que
houleuse. À l’époque, Levent occupait la fonction de premier secrétaire aux
Affaires orientales et défendait bec et ongles, avec une redoutable mauvaise
foi, la présence française. Aujourd'hui, sa position avait quelque peu changé.
Levent avait abandonné son rôle de porte-étendard du colonialisme et semblait
disposé à jouer un rôle de médiateur entre la France et la Syrie. D'où la
raison de sa venue.
    Confortablement installé dans un fauteuil, Hachem
allongea ses jambes et se renversa légèrement en arrière, fixant le plafond,
songeur. Devait-il, oui ou non, démissionner ? Voilà plusieurs semaines
que la question le tourmentait. Il apparaissait de plus en plus évident que la
Chambre des députés ne comptait pas ratifier le traité d'indépendance que Paris
s'était pourtant engagé à signer. Alors ? À quoi servait d'être un
président privé des pouvoirs essentiels ?
    – Monsieur Levent est arrivé, Excellence.
    – Faites-le entrer.
    Après avoir échangé une poignée de main chaleureuse avec
l'élu des Hauts-de-Seine, le Syrien l'invita à s'asseoir.
    – Figurez-vous que je pensais précisément à vous, dit-il
avec un sourire.
    – Et vous, vous posiez la question de savoir si vous
deviez rester président ou vous retirer.
    – Seriez-vous médium ?
    – Non, monsieur le président, je lis dans vos yeux. Ce qui n'est
pas pareil.
    – Parfait, dans ce cas...
    Le secrétaire qui avait annoncé Jean-François réapparut.
    – Docteur Abdel Rahman Shahbandar. Monsieur Shukri el-Kuwatli.
    El-Atassi avança à la rencontre des deux hommes, leur donna l 'accolade et les présenta au Français.
    Une fois tout le monde assis, le président ordonna d'allumer le narguilé destiné à El-Kuwatli. Un sourire lumineux
éclaira aussitôt la figure longiligne de ce dernier.
    – Hachem, s'exclama-t-il. Quel
charmeur tu fais ! Je n'aurais pas aimé être ton adversaire politique.
    – J'aime faire plaisir à mes amis, c'est tout.
    El-Kuwatli ne parut que partiellement convaincu. Site
président syrien était connu pour son hospitalité et sa très grande générosité,
on savait aussi que ces qualités lui permettaient souvent d'amadouer ses rivaux pour les
rallier à ses points de

Weitere Kostenlose Bücher