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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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érables.
    Elle dominait une bande de terres affaissées, un chaos fait d’une succession de fossés, de cavités et de tranchées à moitié emplis de décombres. L’eau d’une fontaine s’y déversait et cheminait en sous-sol, entretenant une abondance d’églantines, de cytises, d’ajoncs, de genêts, d’argousiers et autres épineux qui semblaient interdire l’accès de ce séjour mystérieux.
    Doremus désigna, à cent pas de l’endroit où il se tenait, l’amorce d’un sentier qui descendait vers la zone effondrée. Il s’en approcha et constata qu’il avait été dégagé et conduisait, entre deux haies de buissons récemment taillés, jusqu’à une ouverture qui donnait, semblait-il, sur un souterrain. Erwin confia les chevaux à Sauvat et aux deux gardes, chargés de veiller en surface. Accompagné par ses assistants, glaive en main, il s’engagea sur ce chemin. A droite, avant d’arriver à la porte, il permettait d’accéder à un espace dallé où subsistaient des tas de cendres prouvant que plusieurs feux avaient été allumés et entretenus à cet endroit. Des fagots et des bûches étaient amoncelés à l’un des angles de cette place. Le frère Antoine désigna l’un des foyers où des braises rougeoyaient encore.
    — Nos fuyards ont bien passé la nuit ici, constata-t-il.
    Les quatre hommes firent encore quelques pas pour arriver sur le seuil d’une salle creusée ou aménagée sous terre. Timothée et Doremus allumèrent deux torches et, sans s’avancer, en projetèrent la clarté sur ce lieu obscur. Ayant pu observer qu’il n’était plus occupé, ils y pénétrèrent, suivis par le missus et le frère Antoine, tout prêt à utiliser ses couteaux de jet à la moindre alerte.
    La salle dans laquelle ils entrèrent était traversée par une canalisation qui alimentait un bassin assez profond avec plusieurs marches pour descendre dans l’eau et qui devait servir à des ablutions. Sur les côtés étaient étendues des couches recouvertes de peaux de bêtes. Aux murs étaient accrochés des candélabres et des torchères. Plusieurs tables basses entourées de coussins avaient été installées au milieu de la pièce. Sur un trépied, dans une coupe en céramique, des feuilles et des graines achevaient de se consumer. L’attention d’Erwin et de ses assistants fut attirée par une statuette de trois pieds de haut placée dans une niche. Elle représentait un être à tête de bouc avec un torse d’homme sur un bassin et des jambes de satyre chèvre-pied, au sexe érigé et démesuré. Dans des vasques, devant ce monstre, étaient disposées des offrandes, fruits et fleurs, mais aussi dépouilles sanglantes. Au mur avaient été tracés des signes énigmatiques.
    Dans une salle plus petite qui donnait sur la précédente étaient rangés des récipients, des écuelles et des gobelets, des flacons remplis de vin ou de boissons inconnues, des pots, des parfums et des fards, ainsi que des cierges et des torches.
    L’air, en ces lieux, paraissait comme raréfié, avec une odeur bizarre, à la fois douce et angoissante, de plus en plus entêtante et troublante. Erwin se sentit gagné par une sorte de somnolence peuplée de visions sinistres. Doremus, qui titubait, s’approcha de lui et le prit par le bras ; il désigna la fumée légère qui s’élevait de la coupe posée sur un trépied.
    — Seigneur, je t’en supplie, vite, il faut quitter cet endroit. La folie et la mort y rôdent, murmura-t-il.
    Il réussit à l’entraîner jusqu’à la porte que Timothée et le frère Antoine étaient parvenus à franchir. Les quatre hommes qui avaient retrouvé l’air pur gagnèrent la place dallée où ils demeurèrent un long moment sans parler, s’efforçant de reprendre tous leurs esprits. Puis l’ancien rebelle montra à Erwin un morceau de parchemin.
    — Je l’ai trouvé, expliqua-t-il, sur un guéridon, maintenu par quatre tablettes de cire sur lesquelles étaient tracées des lettres étranges. Ce que j’ai lu m’a d’autant plus alerté que je commençais à ressentir moi aussi les effets de ce poison subtil que nous respirions.
    L’abbé s’en saisit et l’examina avec attention.
    « Oh ! Saxon, était-il écrit en latin sur le document, quitte au plus vite ce pays où tu n’as rien à faire ! Il y va de ta vie ! »
    — Il était accompagné par ceci, dit Doremus qui tendit à Erwin une figurine d’argile grossièrement modelée.
    — Une effigie pour

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