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Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
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envoûtement, à l’évidence, constata celui-ci. Tel est donc leur défi ?
    Il s’en empara et d’un geste large, tout en prononçant des exorcismes, il la fracassa sur une dalle et en dispersa les débris.
    — Soit ! Nous le relevons !
    Puis il reprit en main le message de menaces.
    — Voilà qui ne manque pas d’intérêt, estima-t-il. Pour qu’il ait pu être rédigé à mon intention et placé, si l’on peut dire, bien en évidence dans cette salle souterraine, à côté de cette figurine, pour qu’on ait fait brûler ces poudres, feuilles et graines maléfiques afin de nous faire subir de graves atteintes, il a bien fallu que l’on ait été averti de notre arrivée. Par qui ? Comment ? A Longoret nous n’avons tenu personne au courant de notre décision de nous rendre à Paulnay.
    — Si, fit observer Timothée, le moine qui devait nous servir d’interprète.
    — Oui, mais au dernier moment et, dès lors, nous ne l’avons jamais perdu de vue. En outre, en gagnant Paulnay, nous ne savions pas nous-mêmes comment se poursuivraient nos investigations. Ce sont les renseignements recueillis dans cette localité qui nous ont incités à venir examiner sur place cette « villa du Romain » où se déroulent de si étranges bacchanales.
    Erwin réfléchit un instant.
    — Combien de temps a duré notre enquête à Paulnay ? demanda-t-il.
    — Entre une demi-heure et une heure, répondit le frère Antoine.
    — Avec la recherche d’un guide plus près d’une heure que d’une demi-heure, estima le Goupil.
    — Et, dès le début de notre enquête, nous avons manifesté l’intention de nous rendre à cette villa, me semble-t-il, indiqua Erwin.
    — Assurément, seigneur, approuva Doremus.
    — La conclusion coule de source ; ces bandits disposent sans nul doute d’intelligences à Paulnay même. Tandis que nous y poursuivions nos démarches, un complice a eu largement le temps d’aller les prévenir. Cela seul peut expliquer qu’ils aient chargé un guetteur de les alerter, qu’ils aient préparé leur fuite et laissé derrière eux, dans ce souterrain que nous ne manquerions pas d’explorer, un piège subtil et mortel et un message menaçant. Quant à cette figurine… je gage qu’au cours des cérémonies qui se tiennent sans doute en ce lieu infâme, des envoûtements, entre autres, doivent être pratiqués et qu’il existe des effigies toutes prêtes pour cela. L’une d’elles a simplement été jointe à ce morceau de parchemin pour tenter d’en accroître les effets ! Quant à l’écriture…
    Le missus se tourna vers le frère Antoine qui l’examina.
    — Assurément, elle ne vaut pas notre écriture caroline, estima celui-ci. Elle se rapproche de l’onciale qui est encore utilisée dans les scriptoria du Sud, en Narbonnaise et en Aquitaine. Il faut tenir compte de ce que ce détestable message a été rédigé à la hâte. Ce texte a été écrit par un clerc qui non seulement sait lire et écrire le latin, mais encore le parle couramment comme c’est assez souvent le cas pour des moines qui s’expriment dans la vie courante en un dialecte proche du latin.
    — Tu veux dire dans les pays du Sud, fit préciser Erwin.
    — C’est ce que je veux dire, en effet.
    Le Saxon s’accorda de nouveau un long moment de réflexion. Puis, après avoir regardé l’un après l’autre ses assistants, il leur demanda :
    — Croyez-vous que cet endroit si déplaisant, ces souterrains si dangereux… et si détestablement aménagés, puissent constituer le siège de cette bande ? Croyez-vous qu’elle se compose en tout et pour tout de ces quelques cavaliers que nous avons vus fuir ?
    — Je ne le crois pas, seigneur, répondit l’ancien rebelle. Étant donné les complicités sur lesquelles les bandits semblent pouvoir compter en Brenne, la peur qu’ils inspirent, bref, tout ce que nous avons appris à leur sujet, je pense que ces fuyards ne constituaient qu’un détachement d’une troupe plus nombreuse. C’est dire aussi qu’ils doivent disposer d’un repaire plus important ailleurs, mieux placé que ces trous à rats et fossés à vipères, moins facilement décelable.
    — Et croyez-vous que les orgies dont nous avons de multiples preuves se déroulent uniquement ou principalement en ce lieu ?
    — Ces installations souterraines sont malgré tout de dimension réduite, fit remarquer Timothée. Qu’elles abritent des « tapages diaboliques », comme le disent les gens d’ici, c’est

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