Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Le spectre de la nouvelle lune

Le spectre de la nouvelle lune

Titel: Le spectre de la nouvelle lune Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marc Paillet
Vom Netzwerk:
retour, seule, aux écuries, de la jument que montait le moine, suivie bientôt par le cheval dont s’était emparé le fuyard, en augmentant leurs alarmes, les décidèrent à mettre en œuvre le dispositif qu’ils avaient prévu. Ils en délibérèrent avec le viguier Guntran qu’ils avaient convoqué et mis au courant. Ils avaient également envoyé un messager auprès de l’archiprêtre Nodon. Ce dernier n’avait pu être joint car il avait quitté Mézières la veille, en compagnie de son vicaire et de quelques serviteurs pour inspecter les paroisses qui dépendaient de lui.
    Les assistants des missi durent constater qu’ils ne pouvaient compter, pour l’heure, que sur deux gardes, à quoi s’ajouteraient trois serviteurs armés. Le viguier, lui, était à la tête de quatre miliciens « dont deux, dit-il, ne valent pas grand-chose ». Avec une douzaine d’hommes, il allait être difficile de mener des investigations satisfaisantes dans un pays aussi vaste et aussi complexe que la Brenne. Fallait-il alerter Erwin, ainsi que le comte Childebrand et le reste de la mission à Bourges ? Le Saxon, pour sa part, avait indiqué que son séjour à Tours serait bref. Le temps qu’un messager arrive à cette ville et déjà le missus dominicus en serait reparti. Quant à Childebrand, avant une démarche qui l’inciterait sans doute à gagner précipitamment la Brenne, ne valait-il pas mieux attendre une journée, en espérant que les recherches entreprises permettraient de retrouver le frère Antoine, voire qu’il aurait regagné le monastère par ses propres moyens ? C’est ce qu’ils décidèrent non sans hésitations.
    Ils en étaient là de leur délibération quand le frère tourier vint leur annoncer l’arrivée du vicomte Farald et de son adjoint, accompagnés par une petite escorte. Ils étaient partis la veille de Châteauroux et avaient établi en cours de route un camp de fortune pour la nuit. Le vicomte rejoignit les assistants des missi et le viguier. Il expliqua que, selon des bruits persistants qui circulaient dans sa ville, la situation en Brenne s’était aggravée. Aussi venait-il se mettre à la disposition de l’envoyé du souverain, comme c’était son devoir, d’autant que le pays dépendait de son vicomté.
    Avec ce renfort bienvenu, Doremus et Timothée purent constituer quatre patrouilles qui se lancèrent sans tarder à la recherche du disparu, l’une vers Vendœuvres et Méobecq à l’est, la deuxième vers Migné au sud-est, la troisième en direction de Douadic au sud, la quatrième vers Lingé et Martizay à l’ouest, respectivement sous les commandements du viguier Guntran, de Timothée, de Doremus et du vicomte Farald. Après qu’elles eurent, pendant toute la journée, ratissé le terrain, les quatre patrouilles regagnèrent l’abbaye vers la neuvième heure du jour sans avoir obtenu le moindre résultat. Comme, à nouveau, les enquêteurs tenaient conseil, un homme, un maître forestier, se présenta à l’entrée du couvent sur un cheval couvert de sueur. Immédiatement reçu, il annonça que, travaillant avec ses compagnons près de l’Yoson en bordure de la forêt de Lancosme, il avait découvert le frère Antoine qui gisait, inanimé, mais vivant.
    — Vivant, crièrent presque en même temps Doremus et Timothée.
    — Vivant, seigneur, à coup sûr ! Mais pour le reste…
    — Comment se fait-il que tu saches de qui il s’agit ? s’enquit le Grec, soupçonneux.
    — Je me nomme Estève. C’est moi que votre ami a interrogé, près de la chaumière de Fabienne, sur la mort de celle-ci. Je l’ai reconnu sans peine.
    — Et comment est-il, où est-il présentement ?
    — Comment il est ? Sans connaissance, inerte, je vous l’ai dit. J’ai ordonné qu’on le laisse sur place avec deux des nôtres pour le garder. Ils ont allumé un feu. On pourra donc les repérer, même de nuit. D’ailleurs, je sais évidemment où ils se trouvent.
    — Tu as bien agi ! ponctua Doremus. Sans perdre un instant conduis-nous là-bas !
    Les deux assistants d’Erwin, le vicomte Farald et le viguier Guntran partirent sur-le-champ pour la forêt de Lancosme en emmenant avec eux un cheval sellé, ainsi qu’une rhéda, voiture rapide pour transporter éventuellement leur ami. Ils traversèrent Mézières au crépuscule entre deux haies de curieux qui, sans doute, étaient déjà au courant de la découverte qu’avait faite Estève. Après plus de deux heures de chevauchée,

Weitere Kostenlose Bücher